Le retrofit, c’est la conversion d’un véhicule thermique en un véhicule électrique. Une filière d’avenir pour verdir notre parc automobile, portée par de plus en plus acteurs, à l’image de Carwatt pour les voitures, de Virvolt pour les vélos et de Noil pour les scooters et mobylettes. Que ce soit pour les particuliers, les entreprises ou encore les collectivités territoriales, il s’agit d’une aubaine pour éviter l’achat d’un véhicule neuf.
Une aubaine récemment validée sur le plan législatif par l’arrêté du 13 mars 2020 « relatif aux conditions de transformation des véhicules à motorisation thermique en motorisation électrique à batterie ou à pile à combustible » qui permet ainsi le développement d’une véritable filière sur ce sujet. Une filière qui a son importance puisque le retrofit offre de belles perspectives d’un point de vue écologique.
En effet, une récente étude de l’ADEME indique que la conversion d’un véhicule thermique en électrique est bien plus écologique que l’achat d’un véhicule électrique neuf. L’heureux propriétaire d’un véhicule diesel retrofité en véhicule électrique va, de fait, allonger la durée de vie de son véhicule, ce qui lisse son empreinte carbone, mais aussi éviter la fabrication d’un nouveau véhicule et toutes les émissions de gaz à effet de serre qui vont avec.
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Près de 50% d’émissions de CO2 en moins grâce au retrofit
D’après l’ADEME, on évite ainsi 66 % d’émissions de CO2eq en rétrofitant un véhicule diesel, par rapport à son maintien et on évite 47 % d’émissions de CO2eq par rapport à l’achat d’un véhicule électrique neuf. Pour les véhicules lourds, comme les bus, l’ordre de grandeur est assez similaire, puisqu’on réduit les émissions de CO2 de 37% avec le retrofit par rapport à la construction de bus électriques. L’intérêt écologique est donc réel pour cette pratique. En particulier pour les véhicules des particuliers, puisque 49% du parc automobile français est composé de citadines et de berlines.
Au 1er janvier 2018, le parc automobile en circulation en France est estimé par le Comité des constructeurs français d’automobiles (CCFA) à plus de 39 millions de véhicules. À population constante, l’objectif d’électrifier l’ensemble de notre parc nécessitera donc la fabrication d’autant de voitures, et toutes les émissions de CO2 qui vont avec et qui pourraient être évitées par la conversion de certains véhicules.
Un objectif commence d’ailleurs à être chiffré par les pouvoirs publics. Dans le cadre de l’examen du projet de loi Climat et résilience, les sénateurs ont voté en première lecture un amendement du député PS Olivier Jacquin selon lequel « la France se fixe comme objectif d’atteindre d’ici à 2030 un million de véhicules à moteur thermique transformés« . Un chiffre symbolique à mettre en face des 2 millions de véhicules vendus chaque année en France mais qui prouve tout de même le potentiel de ce secteur émergeant.
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Vers le développement d’une filière à grande échelle ?
Aujourd’hui, le retrofit est une pratique peu répandue, largement cantonnée à la transformation de véhicules de collection et qui peine à se démocratiser, même si des offres se multiplient, notamment en ce qui concerne les véhicules utilitaires pour entreprises et collectivités. Mais dans le cas d’une citadine, le retrofit coûte presque aussi cher que l’achat d’un véhicule électrique neuf. Un prix (environ 15 000 euros aujourd’hui) qui pourrait cependant diminuer au fur et à mesure que le coût des batteries diminue et que la filière se structure.
D’autres facteurs expliquent ce coût important : il y a encore très peu de compétences sur le sujet et pas encore de possibilités de réaliser des économies d’échelle. Par ailleurs, l’homologation des kits de conversion des véhicules représente aussi un coût non-négligeable. « Dans la majorité des cas, il s’agit de trouver environ 500.000 euros, soit 350.000 euros pour l’ingénierie et le développement du kit, puis 150.000 euros pour les tests eux-mêmes », détaillait récemment le fondateur de la startup Retrofuture, Arnaud Pigounides, dans Les Échos. Les acteurs de la filière, réunis au sein de l’association AIRe, réclament notamment au gouvernement un plan d’aide ambitieux pour faire décoller la filière. Ils estiment que 3% du parc automobile français pourrait être retrofité dans les 10 ans, créant au passage 42 000 emplois pour un marché estimé à 24 milliards d’euros.
En dévoilant son bouquet de mesures pour atteindre la neutralité climatique à l’horizon 2050, l’Union Européenne propose une réduction des émissions de CO2 des véhicules neufs de 100% en 2035 qui entérine la fin des ventes des voitures thermiques d’ici 15 ans au plus tard. « En conséquence, toutes les voitures neuves immatriculées à partir de 2035 seront des véhicules à émissions nulles » précise ainsi la Commission. Mais en parallèle, il y aura toujours des millions de véhicules essence et diesel en circulation dans 15 ans. Or, pour atteindre nos objectifs de réduction d’émission de gaz à effet de serre, le retrofit est un levier très important pour électrifier le parc automobile. Un levier qui mérite d’être regardé de plus près.
D’ailleurs, en octobre 2022, à l’occasion de leur visite au Mondial de l’automobile, les ministres Bruno Le Maire et Roland Lescure ont annoncé leur soutien au développement du rétrofit de véhicules en France grâce à une enveloppe de 20 millions d’euros pour aider la filière à financer des solutions industrielles qui permettront de passer cette technologie à l’échelle et d’en faire baisser le coût unitaire.