Lorsqu’il est produit à partir de sources d’énergies renouvelables, l’hydrogène représente une alternative intéressante pour décarboner certains types de transports. C’est en particulier le cas des bus, des bennes à ordure ou des poids lourds qui, en raison de leur poids, ne sont pas adaptés aux batteries lithium-ion. En matière de transport maritime, l’hydrogène fait également partie des pistes explorées pour remplacer le fioul utilisé aujourd’hui. Il existe déjà plusieurs essais de navettes fluviales ou portuaires qui fonctionnent à l’hydrogène, comme à Nantes ou à La Rochelle, par exemple. En Bretagne, un navire à propulsion hydrogène devrait également être mis à l’eau dans le golfe du Morbihan en 2024 afin d’assurer certaines liaisons côtières.
Suivant cette même logique expérimentale, l’État a commandé cet été un nouveau navire baliseur océanique qui intégrera la flotte de l’Armement des Phares et Balises (APB). Il devrait lui aussi être mis à l’eau en 2024 afin d’assurer la pose et l’entretien du grand balisage flottant sur un large secteur allant du littoral du Morbihan jusqu’aux Pyrénées Atlantiques.
Concrètement, ce navire baliseur sera équipé d’une propulsion électrique par batteries dont l’autonomie est prolongée par une pile à combustible alimentée en hydrogène vert. D’après les services du secrétariat d’Etat chargé de la Mer, cela devrait permettre de réduire de 80% les émissions d’oxydes d’azote (NOx). À noter que des panneaux photovoltaïques ont également été installés sur le bateau. Commandé au groupement SOCARENAM – LMG Marin, il mesurera 54 mètres de longueur et disposera d’un pont de travail de 310m², d’une capacité de levage de 15 tonnes et d’une autonomie de 12 jours pour la réalisation de ses campagnes.
À lire aussi : Searoutes, une solution pour comparer l’empreinte carbone des navires
Des projets qui fleurissent à travers le monde
Les projets de bateaux à propulsion hydrogène fleurissent actuellement à travers le monde. La France est évidemment moteur sur le sujet, tout comme elle l’est sur les technologies de propulsion à la voile, mais d’autres nations proposent aussi des idées intéressantes. C’est par exemple le cas des Pays-Bas qui viennent d’accueillir, à Rotterdam, un premier taxi-bateau à hydrogène. Capable de transporter 12 passagers et de naviguer à 25 km/h, il possède une autonomie suffisante pour qu’un plein lui permette de naviguer durant une journée entière.
L’entreprise Suisse SeaBubbles, qui travaille également sur un projet de taxi fluvial, conçoit lui aussi ses embarcations pour qu’elles fonctionnent à l’hydrogène. Ici aussi, l’idée est d’avoir une double propulsion avec une batterie d’un côté, et de l’autre, une pile à combustible alimentée par des réservoirs stockant de l’hydrogène.
Aujourd’hui, ces projets restent néanmoins cantonnés à de la navigation fluviale où côtière mais restent hors du périmètre de la navigation au long cours. Il y a donc assez peu de chances de voir apparaître des cargos ou porte-conteneurs à hydrogène dans un futur proche. Ces navires devraient cependant bénéficier eux-aussi d’innovations dans les années qui viennent, particulièrement autour de la propulsion vélique.
Les solutions de propulsion par le vent apportent en effet une puissance importante aux navires de commerce, pouvant dans certains cas couvrir jusqu’à 90% des besoins pour les nouveaux navires, et déjà 5% à 30% pour les navires existants. C’est ce qui représente à l’heure actuelle le meilleur levier pour réduire les émissions de CO2 d’un secteur essentiel au commerce mondial puisque 90% du transport de marchandises au niveau mondial passe par les voies maritimes.