C’est quoi le cabotage ?
Le cabotage est le terme qui désigne le transport de marchandises sur de courtes distances. C’est un terme d’abord lié au transport par voie maritime. Aux origines de la navigation, le cabotage est le moyen le plus sécurisant pour les marins de l’Antiquité d’aller de port en port sans perdre de vue la côte (par opposition aux traversées transocéaniques qui sont synonymes de Grandes Découvertes à partir du 15ème siècle).
De nos jours, le cabotage est un terme qui s’emploie à la fois dans le domaine maritime mais aussi pour les transports routier et aérien. Le cabotage maritime est toujours synonyme de transport à courte distance (Short Sea Shipping). Le cabotage terrestre et aérien est une extension de cette philosophie qui ne répond pas tout à fait aux mêmes règles.
Le cabotage maritime
L’UE définit le cabotage maritime comme l’acheminement de passagers et/ou de marchandises entre des ports européens, membre ou non de l’Union Européenne mais aussi avec des ports hors de l’UE ayant une façade maritime ouverte sur la Méditerranée et/ou la Mer Noire. En clair de la Norvège à l’île de Malte, de la France à la Géorgie.
Pour les pouvoirs publics, le Short Sea Shipping est une alternative raisonnée, voire écologique, au transport routier. Notamment en raison de la taille et du tirant d’eau des caboteurs et par le fait que ce transport exclut les gros navires comme les pétroliers et les porte-conteneurs. Depuis 2014, le cabotage maritime, par la volonté des acteurs publics et privés, concurrence le transport routier. En tonnes/km, la part du maritime est proche des 40% du total contre 45% pour le routier. Le reste est partagé entre les transports ferroviaires et aériens.
L’un des principaux freins au développement du cabotage maritime réside dans la capacité d’accueil des ports, mais surtout de la fluidité des opérations de chargement/déchargement et le passage portuaire. C’est notamment pour cette raison que les navires utilisés pour le cabotage sont essentiellement ce qu’on appelle des navires « Ro-Ro » (Roll-on/Roll-off) : le chargement, plus rapide, se fait par des rampes et non par des portiques ou des grues.
Le saviez-vous ?
1967 et l’invention du conteneur
C’est en 1956 que Malcolm MacLean, entrepreneur logistique aux Etats-Unis, a l’idée de supprimer les roues, la cabine et le plateau de ses camions pour ne garder que le conteneur. Le 26 Avril 1956, il en expédie une cargaison – remplie de bières – de New-York à Houston (par cabotage maritime). À l’arrivée, cette opération lui aura coûté 37 fois moins cher qu’une livraison par la route.
Dix ans plus tard, pendant la Guerre du Viêt-Nam, l’armée américaine à du mal à se ravitailler car le port de Saïgon est facilement saturé. MacLean convainc l’Etat-major américain de construire un port artificiel plus au large, dans la Baie de Cam Can, qu’il ravitaille durant le reste de la guerre avec seulement 7 porte-conteneurs. Ce succès phénoménal amène l’industrie à se saisir du concept.
Aujourd’hui, le conteneur est ainsi devenu le standard absolu en matière de transport de marchandises. À tel point que les navires commerciaux réalisent 90% des échanges de marchandises dans le monde.
Le cabotage routier dans l’Espace Schengen
La Convention de Schengen permet aux citoyens de 26 Etats européens (22 membres de l’UE et 4 associés) de circuler librement sans aucune restriction douanière et encore moins tarifaire à l’intérieur des frontières des Etats concernés. Il s’agit d’une libre circulation des personnes mais aussi des biens, des marchandises et des services… y compris des services de transports et logistiques. La règlementation en la matière est cependant rigoureusement stricte.
Ainsi, le cabotage routier de marchandises se définit comme un chargement/déchargement réalisé entre deux points du territoire national français -par une entreprise de logistique non résidente en France – à condition que ces opérations se fassent dans le prolongement d’une livraison dite internationale. Et ce dans un délai de 7 jours à l’issue du premier déchargement complet opéré dans le cadre de la première livraison internationale.
Pour illustrer cet exemple : un camion en provenance de Belgique décharge complètement sa cargaison à Amiens. Il réalise de fait son premier trajet international le jour 1. À partir de ce moment-là, ce poids lourd peut caboter en France pendant 6 jours entiers en allant de point en point effectuer des chargements/déchargements avant de faire un ultime plein qui le conduira dans un autre pays de la Zone Schengen. L’Espagne par exemple. La loi fixe cependant à trois en sept jours le nombre de ces opérations. Et si le camion entre à vide sur le territoire français, son entreprise n’a alors droit qu’à une seule opération de cabotage sur le territoire national avant de passer une frontière.
D’un point de vue environnemental, la livraison par camion est aujourd’hui dominante sur le marché. Cependant, les instances européennes tentent d’encourager l’usage du ferroviaire pour limiter les émissions de CO2 de ce cabotage terrestre. D’ailleurs, l’objectif est de réduire en moyenne les émissions de dioxyde de carbone des nouveaux poids lourds de 15 % à partir de 2025 et de 30 % à partir de 2030, par rapport aux niveaux de 2019.