Le secteur du transport est en première ligne dans la lutte contre le dérèglement du climat. On parle beaucoup des enjeux des véhicules électriques pour remplacer les carburants à forte émission de CO2. Le transport aéronautique est lui aussi entrain de chercher des solutions pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Mais cette problématique est particulièrement importante pour le secteur du transport maritime. En effet, aujourd’hui, ce sont 80% des échanges mondiaux qui sont réalisés par voie maritime.

Par voie de conséquence, ce secteur consomme à lui seul 7% du pétrole mondial. Par ailleurs, les carburants utilisés à ce jour par les navires de transports sont très polluants en raison de leur forte teneur en dioxyde de soufre (SOX).

En réaction, les acteurs internationaux du transport Maritime Conventionnel se sont engagés à réduire les émissions CO2 du secteur de 50% à l’horizon 2050. Dès le 1er janvier 2020, ils devront notamment réduire la teneur en soufre dans les carburants (qui passera de 3.5% à 0.5%). D’autres pistes sont explorées comme le gaz naturel liquide où encore la réduction de la vitesse des navires. Des mesures imparfaites quant aux enjeux de réduction de la pollution. Face à cela, une innovation française commence à émerger : réutiliser la voile – énergie 100% propre et renouvelable – pour assurer le futur du transport maritime.

À Nantes, les chantiers navals qui ont fait jadis la grandeur de la ville renaissent pour donner vie à ces projets d’avenir sous l’impulsion des entreprises Zephyr et Borée, Airseas ou encore Neoline.

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neoliner, cargo à voile
Le Neoliner est un cargo à voile pour améliorer l’empreinte environnementale du transport maritime


Une ligne de Saint-Nazaire aux Etats-Unis dès 2021

La solution proposée par Neoline est vieille comme le monde. Il s’agit d’équiper les cargos de gigantesques voiles comme c’était le cas auparavant. Historiquement, l’abandon des voiles s’est faite pour laisser la place au charbon puis au pétrole, qui permettaient aux navires de se déplacer plus rapidement. Mais depuis, les techniques ont fortement évoluées et le retour à la propulsion vélique à désormais toute sa place.

Ainsi, pour répondre aux enjeux environnementaux du transport maritime, Neoline développe une solution à dimension industrielle de transport de fret dont la voile est la propulsion principale. Ce qui signifie que certaines opérations (pour assurer les manoeuvres portuaires par exemple), restent traditionnelles. Propre, sur-mesure et compétitive, cette solution est conçue pour répondre aux besoins logistiques des chargeurs. Leur prototype, un navire-roulier de 136 m de long et de 4 200 m2 de voilure, combine de façon innovante des solutions techniques issues du transport maritime… mais également de la voile sportive ! Ce navire, appelé Neoliner, permet de réduire jusqu’à 90% les émissions de CO2 par rapport à un cargo traditionnel sur un trajet équivalent.

L’entreprise prévoit la construction de ces deux premiers navires sur ce modèle, sur une ligne-pilote qui reliera St-Nazaire, la côte Est des Etats-Unis et Saint-Pierre & Miquelon.
Et après un appel d’offre international – pas moins de 17 chantiers navals interrogés – qui aura duré 1 an, c’est finalement l’entreprise Neopolia et son important réseaux d’adhérents qui rafle la mise. « L’offre portée par Neopolia et ses adhérents est la meilleure techniquement et économiquement » explique Michel Pery, Président de Neoline. Une partie du premier cargo sera construite à Saint-Nazaire.

La coque sera elle sous-traitée à l’étranger car les Chantiers de l’Atlantique de Saint-Nazaire sont pleins. Un projet salué par François de Rugy, ministre de la Transition Écologique et Solidaire, lors de sa visite à l’exposition « La Mer XXL » à Nantes en juillet 2019.

prototype du neoliner


Diviser par deux l’énergie nécessaire pour parcourir 1 mile nautique

La réduction des émissions de CO2 du transport maritime n’est pas une affaire qui ne concerne que les armateurs. Ce sont les industriels qui s’y intéressent en priorité. Cette solution leur permet en effet de réduire leur empreinte environnementale sur un point essentiel du cycle de vie de leurs produits. Parmi ses premiers clients, Neoline compte par exemple le groupe Manitou. Une entreprise qui prévoit de transporter par bateau plus de 1 000 machines depuis l’Europe vers les USA en 2019. Une autre de ses références est le groupe Renault. Près de 60% du transport de pièces et véhicules du groupe automobile sont effectués par voie maritime. Récemment, c’est le leader mondial de l’industrie nautique, le groupe Beneteau, qui a signé un partenariat avec Neoline pour acheminer ses bateaux sur une ligne transatlantique.

Alors que le fret maritime traditionnel représente près de 3% des émissions de CO2 en Europe, Neoline a vocation, avec ses partenaires, à constituer une réponse française innovante à un défi environnemental universel tout en restant dans un cadre industriel et compétitif

Ce mode de propulsion, associé à une réduction de la vitesse d’exploitation à 11 nœuds permet de diviser par deux l’énergie nécessaire pour parcourir un mile nautique. Quant au recours à la propulsion mécanique et aux énergies conventionnelles complémentaires pour sécuriser la vitesse commerciale et produire l’électricité du bord, Neoline prévoit de leur substituer à terme des énergies renouvelables. Ce qui permettrait ainsi de tendre vers un transport maritime zéro-émission.

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