La perspective d’obtenir de l’hydrogène grâce à de l’électricité renouvelable afin d’accélérer la décarbonation du secteur des transports séduit de plus en plus les collectivités françaises. Un nouvel exemple de cet attrait pour ce vecteur énergétique prometteur nous vient de Bretagne, où un consortium d’acteurs planche actuellement sur la mise en service d’un navire à propulsion hydrogène pour assurer le transport de passagers dans le Golfe du Morbihan.

Ce projet, baptisé Hylias (pour Hydrogen for Land, Integrated renewables And Sea), pourrait ouvrir la voie au transport maritime à hydrogène en France. Un secteur qui peine à trouver la voie de sa décarbonation, hésitant entre le recours à des biocarburants, l’optimisation du routage ou encore le retour à la propulsion vélique. Ce ne serait pourtant pas le premier navire à hydrogène en France. Le bateau Energy Observer fonctionne déjà en partie grâce à de l’hydrogène depuis 2017, ce qui a permis de démontrer la faisabilité du sujet. Mais ce prototype, un catamaran, peine à séduire les industriels du transport maritime de miser sur la propulsion hydrogène pour le transport de passagers ou le fret.

Avec Hylias, le port de Vannes et ses partenaires pourraient donc se positionner en précurseurs d’une filière intéressante, au moins pour le tourisme entre la métropole et ses îles proches : Ré, Yeu, Houat, Arz, Hoëdic, Groix, Oléron, Batz, les Glénans, les îles anglo-normandes ou encore les îles de la Méditerranée.

Un démonstrateur prévu pour 2024

Concrètement, le projet Hylias – issu du programme Smile Smart Grids porté par les régions Bretagne et Pays de la Loire – vise à concevoir à la fois le navire et sa station d’avitaillement. Il s’agirait d’un navire de 24 mètres, capable d’accueillir à son bord entre 150 et 200 personnes, afin d’assurer la liaison entre Vannes et l’île d’Arz. Ce démonstrateur – qui est actuellement en phase d’études – devrait être mis en service à l’horizon 2024.

Il serait ainsi le premier d’une série d’au moins 4 navires qui seraient déployés dans le Golfe du Morbihan pour assurer des liaisons bas-carbone tout au long de l’année au sein d’une zone qui attire chaque année près de 5 millions de touristes et qui est l’un des plus importants pôle nautique de France.

À date, l’étude co-portée par la Région Bretagne, l’Ademe et des partenaires locaux estime que la mise en service de ce premier navire « représente un engagement financier de l’ordre de 2,5 à 3 fois le prix d’un navire conventionnel diesel, hors taxation des GES pour le diesel ou évolutions réglementaires ». Cependant, avec la mise en service d’une série, les auteurs de l’étude estiment que le delta serait de 20 à 25% supplémentaire par rapport à un navire diesel classique, en prenant en compte les coûts de construction et d’exploitation.

Pour s’assurer de la faisabilité du projet, les auteurs de l’étude estiment également que le port de Vannes est en capacité d’accueillir une station d’avitaillement à quai, qui sera dimensionnée pour avitailler en hydrogène vert à minima deux navires, puis quatre sans grande modification, à l’avenir. Concernant la production d’électricité d’origine renouvelable pour produire l’hydrogène, les acteurs de cet ambitieux projet tablent sur 2 hectares de panneaux photovoltaïques, couplés à terme avec des hydroliennes, dans le but de fournir 350 à 400 kg d’hydrogène par jour pour le fonctionnement du bateau.


Des collectivités de plus en plus intéressées

Ce projet s’inscrit notamment dans le cadre de la feuille de route bretonne de déploiement de l’hydrogène renouvelable, adoptée en session en 2020 par la Région Bretagne. Une feuille de route qui repose sur deux axes. D’abord, augmenter l’usage des énergies renouvelables, grâce au vecteur hydrogène, pour décarboner notamment le transport maritime. Ensuite, favoriser la transition écologique de la Région en adaptant progressivement sa flotte de véhicules, cars et navires vers des solutions et technologies utilisant des modes de propulsion « propres ».

Au-delà du projet Hylias, qui par son dimensionnement, représente une première sur le territoire, il existe déjà quelques navettes fluviales et portuaires à propulsion hydrogène en France. C’est notamment le cas à Nantes avec la navette fluviale Jules Verne 2, lancée en août 2019 sur les bords de l’Erdre. La ville de La Rochelle, de son côté, a aussi lancé en 2017 le service Yélo H2, la première expérimentation nationale d’un bus de mer propulsé à l’hydrogène en milieu marin.

Ailleurs en France, l’hydrogène possède surtout un potentiel pour les véhicules des collectivités. La ville de Dijon, par exemple, a lancé un projet de production d’hydrogène vert qui devrait rapidement alimenter huit bennes à ordures ménagères et six véhicules utilitaires légers. À Pau, la collectivité à mis en service, en 2019, huit bus à hydrogène. En Vendée, la ville de La-Roche-sur-Yon travaille également en partenariat avec l’entreprise Lhyfe pour exploiter une station qui alimentera une  ligne de bus ainsi que des véhicules de la collectivité (à priori des bennes à ordures).

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