Alors que le développement des villes durables passe nécessairement par une réduction de l’usage de la voiture individuelle, les solutions de micromobilité émanant des start up comme Lime ou Uber enregistrent depuis quelques années une adhésion spectaculaire dans les grandes métropoles. Un marché sur lequel les constructeurs automobiles commencent à se positionner, à l’image de ce que propose désormais Seat.

Avec Seat Urban Mobility, le constructeur automobile espagnol se lance ainsi dans une nouvelle stratégie qui passe notamment par le développement de services et de véhicules dédiées à la mobilité urbaine. Autopartage, scooters électriques et même trottinettes viennent donc renforcer l’offre de l’entreprise Barcelonaise. Une transition amorcée pour répondre aux enjeux environnementaux mais qui a également vocation à séduire les jeunes urbains, de moins en moins intéressés par la voiture.


Les « solutions de mobilités » remplacent la voiture

Ainsi, la promesse de la marque Seat évolue. Elle parle désormais de « solutions de mobilité » (et non plus uniquement de voitures), avec « de nouvelles énergies », afin de répondre à une « consommation différente » (de la mobilité). Une stratégie qui passe donc par la conception de nouveaux produits, à l’image par exemple de la Seat Minimo, un concept-car électrique qui viendra concurrencer la Renault Twizy.

Déjà, au début de l’année 2018, le constructeur avait racheté la start up madrilène Respiro, spécialiste dans l’autopartage. Une première étape dans cette stratégie émanant d’un double constat : d’une part, être propriétaire d’une voiture n’est plus aussi sexy qu’auparavant. D’autre part, dans l’esprit des consommateurs, les marques de services – comme Uber – deviennent plus connues que les marques automobiles. Et particulièrement auprès des plus jeunes. D’autant que ces marques sont présentes sur tous les sujets, comme en témoigne par exemple le partenariat récent entre Uber et le français Cityscoot.

Or, dans le groupe Volkswagen (VW, Seat, Audi, Bugatti, Porsche, Lamborghini…), Seat est justement la « porte d’entrée » pour cibler les jeunes conducteurs. Problème : sur les 10 dernières années, la volonté des moins de 35 ans à acheter une voiture neuve, ainsi que la volonté de ces derniers à passer le permis de conduire a diminué de 50%. Pour toucher ce segment, il faut savoir se réinventer.

L’objectif du groupe est donc de diversifier ses produits autour de 3 axes : être électriques ; être proposés à un prix accessible ; et surtout être compatibles avec le développement de l’économie de la fonctionnalité, c’est à dire pour la location et le partage via des services faciles à utiliser. Elle s’appuie pour cela sur son savoir-faire en ce qui concerne les voitures, mais aussi sur des partenariats, comme c’est le cas avec l’entreprise Silence pour son e-Scooter ou encore avec Segway pour ses trottinettes électriques.

seat minimo
La Seat Minimo, un véhicule électrique pour la mobilité urbaine


Seat veut concurrencer les opérateurs de trottinettes électriques

L’exemple emblématique de cette nouvelle stratégie se situe en France, du côté d’Orléans. C’est là que l’entreprise espagnole à ouvert cette année son premier « city store », une boutique en plein centre-ville où il est possible d’acheter et de louer des véhicules. L’entreprise y est ainsi devenue le premier loueur de trottinettes électriques, puisque les opérateurs connus – Lime, Bolt et consorts – n’y sont pas présents.

Et à en croire Lucas Casanovas, Directeur de la Mobilité Urbaine du groupe Seat, il s’agit d’une expérience qui devrait être étendue à l’avenir à d’autres villes de taille intermédiaires qui sont exemptes de ce genre de service à l’heure actuelle. Des villes choisies en fonction de caractéristiques démographiques (taille, âge moyen, nombre d’étudiants par exemple) afin de concurrencer les opérateurs connus… mais aussi d’aller cibler les jeunes qui n’ont pas (encore ?) besoin d’une voiture.

Si cette stratégie n’en est qu’à ses prémices, il s’agit cependant d’un pivot intéressant pour un constructeur automobile et une manière de redorer l’image d’une industrie qui souffre de la transition écologique. Car rappelons-le, la principale source d’émission de CO2 en France, aujourd’hui, c’est le trafic automobile.

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