Le bilan carbone moyen d’un français est de 12 tonnes de CO2/an et, pour maîtriser le réchauffement climatique à des niveaux acceptables, il faudrait le diviser par 4. Pour cela, les 3 secteurs les plus émetteurs sont : l’alimentation, la consommation d’énergie des logements, et les transports. Et côté transport, le train représente un levier essentiel pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre.

En effet, augmenter d’un point le pourcentage de voyageurs transportés en train permettrait de baisser d’environ 10% l’empreinte CO2 globale du secteur des transports, qui représente 30% des émissions de gaz à effet de serre proviennent de ce secteur. Ces chiffres s’expliquent par le fait que le rail est le moyen de transport longue distance le moins émetteur de CO2 (1,2%). Ainsi, voyager en TGV c’est émettre 50 fois moins de CO2 qu’en voiture et 80 fois moins qu’en avion.

Relativement silencieuse sur le sujet écologique ces derniers temps, alors même que l’avion est fortement décrié pour son empreinte environnementale, la SNCF se décide enfin à proposer un programme de reconquête des usagers avec le programme « PLANÈTE voyages ». Un programme qui s’articule autour de deux axes de développement : sensibiliser les voyageurs à utiliser le train pour préserver l’environnement tout en en faisant davantage pour protéger ce dernier.

Le groupe ambitionne donc d’attirer plus de 15 millions de passagers par an d’ici 2025 en en détournant 10 millions d’usagers de la voiture individuelle et 5 millions de l’aérien. Cela permettrait d’éviter l’émission de 640 tonnes de CO2 dans l’air, ce qui représente les émissions de 640 A/R Paris-New-York en avion. La SNCF vise également une réduction de 20% des consommations d’énergie de traction de ses trains d’ici 2025.

D’après une étude IFOP, 34% des français prennent en compte l’impact environnemental pour choisir leur mode de transport


Choisir le train, c’est s’engager pour l’environnement

De par son activité de 15 000 trains par jour, son réseau de 32 000 km de voies ferrées, son implantation nationale et son poids économique, la SNCF se positionne aujourd’hui comme un acteur essentiel de la Stratégie Nationale Bas-Carbone proposée par le Gouvernement, dont l’objectif est de réduire les émissions de gaz à effet de serre d’au moins 55% en 2030 par rapport à 1990.

Étant donné que le train est le mode de transport longue distance le plus respectueux de l’environnement, cette transition vers une économie bas-carbone va donc prendre appui sur ce mode de transport. Mais comment convaincre les utilisateurs de se tourner vers le train plutôt que la voiture ou l’avion ? D’autant que les tarifs de la SNCF, en dehors des trains low-cost, ne sont pas spécialement compétitifs, que le groupe peine à remettre en service les trains de nuit et que la majorité des petites lignes a disparu ces dernières années ?

Quant à l’argument écologique, une étude IFOP de juin 2020 nous apprend que 66% des français déclarent ne pas tenir compte de l’impact environnemental pour choisir leur mode de transport. Ce qui nous fait toujours 1/3 de concernés.

Alstom Coradia


« Parler Green sans Rougir »

La stratégie de la SNCF passe donc par une phase de sensibilisation, mais aussi par la conception de trains plus « écolos » et sur une réduction des consommations. D’un point de vue sensibilisation, le groupe bénéficie d’un terrain favorable puisque les enjeux écologiques du transport sont de plus en plus présents dans les schémas de pensées, en témoigne le débat sur le transport aérien et le « flygskam », autrement dit la honte de prendre l’avion.

Un débat qui pèse notamment sur l’avenir des vols intérieurs et moyenne distance. Sans être trop contraignant, le projet de loi issue de la Convention citoyenne pour le climat propose notamment d’interdire les vols domestiques quand une alternative de moins de 2h30 en train est possible. C’est aussi le cas de certaines liaisons internationales comme les vols Bruxelles-Amsterdam, par exemple.

Et pour tenter de capter des usagers écolos, la SNCF va donc se lancer dans une campagne de sensibilisation des voyageurs aux bienfaits du train, ainsi que par une sensibilisation des agents, premiers ambassadeurs de ce programme « PLANETE Voyages ». Ainsi le groupe ferroviaire les accompagne via un dispositif pédagogique interne « Parler Green Sans Rougir » ainsi que des conférences et des ateliers participatifs sur les enjeux de la transition écologique.

L’hydrogène, la solution pour un transport ferroviaire bas-carbone ? 

 

La SNCF devrait mettre en service une quinzaine de trains TER à Hydrogène d’ici 2025. Ils viendront remplacer les locomotives qui circulent au diesel sur les portions non-électrifiées du réseau. En Allemagne, une trentaine de ces trains circulent déjà.

 

Mais l’hydrogène n’est pas la seule solution pour décarboner les trains. Outre-Rhin, des trains électriques à batterie lithium seront également mis en service en 2022. En Angleterre, il existe même un prototype de train à traction solaire.


Vers des trains encore plus respectueux de l’environnement

Derrière cette ambition d’augmenter le trafic ferroviaire grâce à la sensibilisation, le groupe prévoit également de réduire d’un tiers sa consommation d’énergie en France en misant sur plusieurs leviers :

  • L’écoconduite assistée par un logiciel : pour un même TGV, il peut y avoir des disparités de consommation d’énergie de 10% en moyenne qui reposent uniquement sur la manière de conduire. Ainsi, tous les conducteurs SNCF sont formés à l’éco-conduite afin de limiter l’énergie utilisée en freinant ou en accélérant. Les conducteurs sont aidés par un outil appelé Opti-conduite qui leur indique à quelle vitesse ils doivent rouler, quand est-ce qu’ils doivent couper la traction ou reprendre l’accélération du train.

  • L’éco-stationnement : grâce à une évolution logicielle du Système Informatique Embarqué du train, le but est de permettre aux portes de se fermer automatiquement au bout de 30 minutes après la mise en maintien de service du train afin de réduire de 7% la consommation globale du système de climatisation d’une rame.

  • La mise en service en 2024 du TGV M : ce futur TGV permettra de réduire la consommation d’énergie de 20% en la renvoyant vers la caténaire lors du freinage et de baisser de 32% les émissions de CO2 par voyageur. Il sera plus léger, fabriqué à partir de composants plus respectueux de l’environnement et techniquement optimisé jusque dans son aérodynamisme. De plus, le nombre de voitures pourra être ajustable (7, 8 ou 9) et un espace de 1ère classe pourra être transformé en 2nd classe en une journée et inversement. Enfin, il permettra d’embarquer 740 voyageurs, soit 20% de plus que dans les rames Duplex.

  • L’économie circulaire : depuis des années déjà, la SNCF récupère toutes les pièces qui ont un potentiel d’utilisation (moteurs, réducteurs, transformateurs…) pour les réviser et les remettre en circulation. Ainsi, chaque année ce sont 55 000 tonnes de matière qui sont recyclées afin d’être réutilisées sur d’autres trains ou réemployées en fonderie pour la fabrication du matériel de construction. Aujourd’hui, les rames TGV sont recyclables à hauteur de 92% et le TGV M sera quant à lui recyclable à hauteur de 98%.

  • Projet zéro déchet non valorisé à l’horizon 2030 : Voyages SNCF se fixe pour objectif de baisser de 3% la consommation de gobelets, de sacs et couverts en proposant une remise tarifaire aux clients venant avec leur propre matériel. Le but est aussi de proposer un service de tri sélectif à bord des trains.


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