TOLV est une startup française spécialisée dans la conversion de véhicules thermiques en véhicules électriques. C’est en 2019 que l’entreprise a été créée, par cinq associés (Wadie Maaninou, Filip Gardler, Sylvain Deplace, Raphaël Heches, Antoine Desferet), sous le nom Phoenix Mobility. Un nom de marque explicite sur la promesse de l’entreprise, à savoir donner une seconde vie aux véhicules grâce au retrofit.

Rebaptisée TOLV en 2022, la startup compte aujourd’hui 35 personnes à Paris et Grenoble. Sur un marché français investi pour le moment par une vingtaine d’entreprises, elle s’adresse principalement aux flottes de véhicules d’entreprises et de collectivités. Plus concrètement, la startup conçoit des chaînes de traction électriques pour des véhicules utilitaires légers et pour des fourgons. Un marché conséquent puisqu’on estime qu’il y a aujourd’hui 6 millions de véhicules utilitaires en France. Un marché qui pourrait également bénéficier du développement des ZFE sur le territoire puisque de nombreux professionnels vont devoir s’équiper de véhicules non-polluants pour continuer d’exercer leur activité.

Sur ce marché, TOLV a été la première à obtenir l’homologation complète d’un kit de retrofit pour un véhicule dit « mass market » avec le Renault Trafic. Une stratégie sur laquelle la startup capitalise puisqu’elle est devenue partenaire du groupe Renault en juillet 2022 pour le co-développement et l’assemblage d’un kit d’électrification dédié au Renault Master.

Grâce à ce partenariat, la startup va pouvoir entrer dans une nouvelle phase, après avoir livré ses premiers modèles cette année. Pour cela, après un tour de table de 2M€ réalisé auprès de Amundi et EDF en 2021, TOLV souhaite aujourd’hui lever près de 7M€, dont 1,5 M€ via la plateforme de financement citoyen Lita.co. Ce financement lui permettra notamment d’accélérer son développement commercial et d’investir dans des infrastructures de production et des projets de R&D. Au total, elle vise un objectif cumulé de plus de 15 000 véhicules utilitaires convertis d’ici 2027 et compte également développer une gamme de services autour du retrofit des véhicules.


Le retrofit, moins polluant qu’un véhicule neuf ?

En France, le secteur du transport est responsable de 30% des émissions de gaz à effet de serre et l’usage de la voiture individuelle représente environ la moitié de ces émissions, suivis par le fret et la livraison. L’électrification des véhicules utilitaires est donc importante pour réduire la pollution atmosphérique. D’ailleurs, d’après le CITEPA, ce sont 20% des émissions de GES liées à la circulation routière en France qui sont générées par les véhicules utilitaires légers.

Pour rappel, le retrofit est une pratique qui consiste à convertir un véhicule thermique en électrique grâce à l’installation d’une chaîne de traction électrique sur l’existant. Elle permet ainsi d’éviter la production d’une voiture neuve. C’est un peu l’équivalent, pour une voiture, de ce qu’est le reconditionné pour un smartphone. Une solution moins polluante que le remplacement d’une voiture thermique par un véhicule électrique neuf équivalent. En 2021, l’Ademe estimait ainsi que le retrofit permet d’éviter 66 % d’émissions de CO2eq par rapport à un véhicule diesel et 47 % d’émissions de CO2eq par rapport à l’achat d’un véhicule électrique neuf.

Dans un contexte où les véhicules thermiques vont être progressivement interdits et où les véhicules électriques sont encore très onéreux, le recours au retrofit pourrait être une tendance à suivre dans les prochaines années. Pour le moment, peu de véhicules sont homologués et le coût du retrofit est encore prohibitif pour les particuliers. Cependant, la donne pourrait changer rapidement au fur et à mesure que le marché va se structurer. D’ailleurs, les pouvoirs publics ne sont pas insensibles au sujet. En octobre 2022, le gouvernement à par exemple annoncé la création d’une enveloppe de 20 millions d’euros pour aider la filière à financer des solutions industrielles qui permettront de passer cette technologie à l’échelle et d’en faire baisser le coût unitaire.

À lire également