Le Vélocar est le nom donné à un drôle de véhicule inventé en France dans les années 1930 par Charles Mochet et sa société Mochet et Cⁱᵉ. Installée à Puteaux, l’entreprise y fabriquait des tricycles ou quadricycles à deux places. Ces véhicules avaient la forme d’une petite voiture mais fonctionnaient avec propulsion mécanique basée sur celle d’un vélo. Une invention ingénieuse qui a malheureusement été très vite oubliée face à l’essor de l’automobile classique telle qu’on la connaît aujourd’hui.

Mais depuis quelques années, dans un contexte de lutte contre le réchauffement climatique, ce projet retrouve tout son sens dans la mesure où nous avons besoin de réinventer notre rapport à la voiture. En France, le secteur des transports est ainsi responsable de 30% de nos émissions de gaz à effet de serre, et la moitié de ces émissions provient de l’usage de la voiture individuelle.

Or, la grande majorité de nos déplacements en voiture pourraient s’effectuer autrement qu’en voiture. On sait par exemple que 33% des déplacements domicile-travail en France se font sur des trajets inférieurs à 5km. Cela concerne 8 millions de personnes qui pourraient effectuer ces trajets via la marche, le vélo où les transports en commun. Récemment, une étude de l’Observatoire des territoires, relayée par le journal Le Monde, démontrait également que dans les aires urbaines, « 9 % des déplacements motorisés pourraient être faits à pied et un peu moins de la moitié (43 %) à vélo« . En zones péri-urbaines, hors Île-de-France, « 36 % des trajets effectués en voiture pourraient l’être à vélo et 8,8 % à pied« .

Ainsi, un grand nombre de nos déplacements ne nécessitent pas l’usage de la voiture, et encore moins l’usage d’un SUV de 2 tonnes à propulsion thermique, qui représente encore aujourd’hui 46% de part de marché dans les ventes de voitures neuves. C’est la raison pour laquelle des constructeurs travaillent aujourd’hui à proposer un autre paradigme aux consommateurs : de petites voitures, légères, conçues pour les trajets du quotidien, à propulsion électrique où mécanique afin de ne pas émettre de gaz à effet de serre à l’usage.

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Pourquoi des petites voitures ?

Avec un poids généralement inférieur à 500 kilos et une vitesse qui peut aller jusqu’à 50km/h, les véhicules légers représentent l’avenir de la mobilité. De nombreux experts de la mobilité plaident d’ailleurs en ce sens depuis quelques années. C’est le cas du chercheur Aurélien Bigo, qui réalisé sa thèse sur le sujet «Les transports face au défi de la transition énergétique» et qui expliquait récemment à nos confrères de Libération que la voiture électrique aura du mal à se démocratiser « si on ne s’oriente pas vers des véhicules plus légers ». C’est aussi l’avis de l’ADEME, qui explique que le véhicule électrique est plus intéressant que le véhicule thermique à condition d’être plus petit et plus léger. Un discours qu’on retrouve aussi dans les prises de paroles de Jean-Marc Jancovici (ainsi que dans la célèbre bande dessinée dont il est co-auteur).

Il y a d’abord une question de coût qui est primordiale sur ce sujet. « Une voiture électrique d’une tonne est vendue aux alentours des 20 000 euros quand une autre de deux tonnes est vendue 50 000 euros » explique ainsi Aurélien Bigo. La « petite voiture » est également moins consommatrice en ressources et en énergie. Par ailleurs, elle peut être produite localement (une question de souveraineté non-négligeable) et est plus facilement réparable, donc son cycle de vie global est plus intéressant sur le long-terme.

Enfin, ces véhicules permettent de faire plus de choses que le vélo et trouvent donc un intérêt pour les déplacements de la vie quotidienne : aller au travail, faire ses courses, transporter du matériel, accompagner des enfants ou des personnes âgées, etc. En fait, pour tout trajet de moins de 10 kilomètres, ces véhicules sont parfaits. En France, on compte déjà plusieurs constructeurs engagés sur le sujet.


3 entreprises françaises qui fabriquent des petites voitures

Wello
« Ça ne sert à rien de déplacer un véhicule de 1,5 tonne pour transporter un individu de 80kg, surtout sur des trajets urbains qui font en moyenne entre 3 et 5 kilomètres » nous expliquait il y a quelques mois Arnaud Chéreau, entrepreneur français à l’origine de la startup Wello. C’est sur cette base que l’entreprise développe depuis quelques années un vélo-cargo à assistance électrique équipé d’une carrosserie. « L’objectif initial de Wello, ça a été de créer le véhicule qui pourrait remplacer la seconde voiture d’un couple. On a donc voulu créer un véhicule urbain compact, solaire et connecté » précise l’ingénieur, qui a lancé la commercialisation de ses véhicules en 2019 auprès d’entreprises comme EDF ou La Poste.
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Midipile Mobility
Dans la même veine, Midipile développe un quadricycle à assistance électrique pouvant supporter une charge de 250 kg et capable de rouler jusqu’à 45 km, conçu pour avoir entre 80 km et 250 km d’autonomie. L’entreprise lancée en 2020 souhaite s’adresser dans un premier temps au marché de la logistique urbaine, puis s’étendre par la suite au secteur du tourisme et du secteur agricole et, enfin, aux particuliers avec des véhicules plus familiaux.
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Gazelle Tech
Basée en Gironde, Gazelle Tech produit des petites voitures en matériaux composites. Plus légère qu’une voiture classique, elle nécessite également deux fois moins de batterie selon l’entreprise, et permet une autonomie de 180km. Le constructeur se positionne essentiellement sur le marché des trajets urbains et péri-urbains.
Lire notre article sur Gazelle Tech


À l’étranger aussi, on retrouve des constructeurs qui se lancent sur cette vague des petits véhicules. C’est le cas en Allemagne avec la société Bayk, en Suisse avec l’entreprise Twike ou encore en Belgique avec le projet Quadvelo. À noter que certains constructeurs comme Renault, Seat ou Citroën travaillent également sur des concept-car plus petits et plus légers. C’est le cas de la Twizzy pour Renault, de l’AMI pour Citroën ou de la Minimo pour Seat.

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