Aujourd’hui, on estime que 75% des émissions de gaz à effet de serre du numérique en France sont liées aux équipements numériques (téléphones, ordinateurs, télévisions, etc.). Ce n’est d’ailleurs pas tant leur usage qui est problématique mais surtout leur fabrication : 80% de cet impact carbone est ainsi lié à leur production.

Pour faire face à cela, l’éco-conception, la réparation, le réemploi et le reconditionnement des appareils numériques représentent les secteurs et actions à développer pour tendre vers un numérique responsable. Un enjeu pour les entreprises mais aussi pour les collectivités locales, puisque la loi Réduction de l’Empreinte Environnementale du Numérique (REEN) adoptée en 2021 leur impose de mettre en oeuvre une stratégie de numérique responsable au plus tard en 2025.

« Une société du tout-numérique sans réemploi de matériel, c’est une impasse environnementale et sociale. Avec ce nouveau décret, les collectivités peuvent saisir cette opportunité pour accélérer le réemploi solidaire partout en France » précise à ce sujet Marie Cohen-Skalli, co-directrice d’Emmaüs Connect, qui vient de dévoiler une plateforme pour faciliter le réemploi des appareils numériques inutilisés.

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L’inclusion numérique au coeur du sujet

C’est donc via sa plateforme LaCollecte.tech qu’Emmaüs Connect lance un appel aux collectivités, mais aussi aux entreprises, à faire don des appareils numériques qu’ils n’utilisent pas. Concrètement, ce projet fonctionne par la mise en relation de 3 acteurs : des structures donatrices, des structures d’insertion spécialisées dans le reconditionnement et des structures de l’action sociale qui organisent la distribution solidaire.

Car outre le gain environnemental lié au réemploi et au reconditionnement, cette solution vise aussi à lutter contre l’exclusion numérique des ménages les plus précaires. « 8 millions de personnes sont encore privées d’équipement à domicile et éloignées de services essentiels toujours plus dématérialisés. Un ordinateur bas de gamme, indispensable pour la plupart des démarches, coûte en moyenne l’équivalent d’un mois de RSA » précise ainsi Emmaüs Connect

Les équipements numériques récupérés et reconditionnés via cette plateforme pourront ensuite être distribués à prix solidaire pour des personnes en situation de précarité, pour qui l’exclusion numérique est un frein majeur à la recherche d’emploi, à l’accès aux droits, à la santé et à l’ensemble des démarches du quotidien. Déjà 20 000 appareils sont passés dans ce circuit afin d’équiper près de 3 000 familles, d’après la plateforme qui est opérationnelle dans 6 nouvelles régions : Auvergne-Rhône-Alpes, Nouvelle-Aquitaine, Grand Est, Île-de-France, Centre-Val de Loire et PACA.

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Le reconditionné, un marché en plein essor

Une récente étude menée par l’Institut Allemand Fraunhofer et le fabricant de smartphones, Fairphone, fait ressortir le fait qu’allonger la durée d’utilisation des téléphones mobiles à 5 ans contre 3 ans aujourd’hui, permettrait de réduire leur empreinte carbone de 31%. Dans cette optique, il existe d’ailleurs un collectif d’acteurs du numérique et de la téléphonie qui se sont regroupés récemment sous la marque FairTec, dont l’ambition est justement de proposer aux un écosystème « smartphone » totalement écoresponsable et respectueux de la vie privée. On y retrouve la marque Fairphone mais aussi les entreprises /e/OS, TeleCoop, Your Co-op Mobile, WEtell et Commown.

En parallèle, le reconditionné s’affirme de plus en plus comme un secteur d’activité en croissance. Une récente étude valide ainsi que 31 % des Français ont un jour acheté un produit électronique reconditionné. En 2020, ce sont 2,8 millions de téléphones reconditionnés qui ont été vendus par la filière, qui se structure notamment autour de jeunes entreprises pleines de promesses comme Back Market, Zack, Certideal ou Recommerce.

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