Minéka est une association de l’économie sociale et solidaire fondée par des architectes, qui a pour but de démocratiser la pratique du réemploi de matériaux dans la construction. Elle collecte des matériaux destinés à être jetés et les redistribue à des prix solidaires pour leur donner une seconde-vie. Cette initiative créée par Joanne Boachon vise à apporter davantage de circularité dans le domaine de la construction, du bricolage et du BTP.

Une initiative intéressante qui répond à un enjeu majeur. En 2020, le secteur du BTP, en France, a produit 213 millions de tonnes de déchets : principalement du béton, de la terre cuite, de la terre de chantiers et des pierres. Des matériaux qui sont très peu réutilisés pour la construction. Les autres types de déchets produits par le BTP, tels que le verre plat, les moquettes, les laines minérales, le plâtre et les plastiques, sont généralement éliminés, avec des taux de recyclage allant de 74% à 99%.

Une sorte de « tiers-lieu » dédié au réemploi des matériaux

Concrètement, l’association Minéka collecte des matériaux auprès des professionnels du bâtiment. En règle générale, ils proviennent de fins de chantiers, d’erreurs de commande où de chantiers de déconstruction de bâtiments. Ces matériaux sont ensuite triés et stockés dans l’entrepôt de l’association, surnommé le « Minestock ». Ils sont ensuite revendus à des prix solidaires directement au grand public où à des professionnels

Pour déposer ou venir chercher des matériaux chez Mineka, il est nécessaire d’adhérer à l’association, selon une grille tarifaire qui est évolutive en fonction de la taille de l’organisme (pour les entreprises) et qui se chiffre à 10€ pour les particuliers.

Plus qu’une simple matériauthèque, Minéka se positionne également comme une sorte de tiers-lieu autour de la construction et du bricolage, où chacun peut venir échanger et trouver des conseils où encore participer à des ateliers autour du réemploi.

Des initiatives qui se développent

Les autorités publiques sont conscientes de l’ampleur de la production de déchets dans le secteur du BTP et du manque de solutions autour de cette problématique. Pour y remédier, la loi AGEC du 10 février 2020, relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire, impose la mise en place une filière REP (Responsabilité élargie des producteurs) pour gérer les déchets du secteur de la construction. Une manière d’imposer une meilleure collecte et une meilleure valorisation des déchets de chantiers.

En parallèle, de nombreuses initiatives se montent autour du réemploi et de la valorisation des déchets de chantiers, à l’instar de ce que propose Minéka. C’est par exemple le cas de Terra Innova, une jeune entreprise qui valorise les terres de chantier auprès d’agriculteurs qui souhaitent régénérer leurs champs ou créer des haies bocagères. Dans une logique de conseil, on peut également citer R-Use, un bureau d’études qui aide les professionnels du bâtiment à revaloriser les matériaux issus de la déconstruction. Il existe également des startups comme Les RipeursHesus, qui proposent des solutions plus globales pour gérer à la fois la logistique, la valorisation et la traçabilité des opérations de gestion des déchets du BTP.

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