Hesus, fondée en 2008 par Emmanuel Cazeneuve, accompagne les professionnels du BTP dans la gestion, l’évacuation et la revalorisation de leurs déchets de chantier. Elle propose à ses clients une solution pour assurer la logistique de ce traitement ainsi qu’une technologie de suivi et de traçabilité.

Le secteur du BTP est celui qui produit le plus de déchets en France : plus de 200 millions de tonnes chaque année, soit 5 fois plus que les déchets des ménages. La loi anti-gaspillage pour l’économie circulaire, adoptée en 2020, vise à rendre obligatoire la gestion des déchets du BTP via la mise en place d’une filière REP. Pour les constructeurs, la démarche est cependant coûteuse, d’autant plus lorsque l’on rajoute le transport et la location des bennes.

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Un taux de valorisation des déchets de 84%

Hesus offre alors une alternative économique et circulaire à cette problématique en optimisant la logistique, la valorisation des déchets de chantiers et l’approvisionnement de matériaux de construction à l’aide de ses partenariats avec plus de 900 centres de traitement et de dépollution, de carrières et de centres de stockage.

Ainsi, la PME prend en charge tous types de déchets : dangereux, non dangereux, terres inertes et polluées. Parmi les traitements des terres, l’entreprise privilégie dans l’ordre le réemploi, le recyclage puis l’élimination. Elle peut donc faire d’une pierre deux coups en allant, par exemple, récupérer les déchets d’un chantier pour les acheminer vers un autre chantier qui utilisera ces terres pour son propre remblaiement. Une logique circulaire qui permet aux professionnels du secteur de réaliser des économies.

Un avitaillement que la startup effectue aussi en double fret : en échange des déchets qu’elle vient chercher, elle peut livrer des matériaux naturels ou recyclés (cailloux, sable …) dont le chantier a besoin. En 2020, la startup a obtenu un taux de valorisation des déchets dont elle s’est occupée de l’ordre de 84%.

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Une benne équipée d'un capteur de traçabilité Hesus
Une benne équipée d’un capteur de traçabilité Hesus


Un service numérique de traçabilité et de suivi

Cette démarche implique cependant le déploiement de beaucoup de convois. Hesus fait donc en sorte d’optimiser son trafic afin de réduire le nombre de trajets entre les sites. Pour ce faire, elle dispose de 400 camions issus d’un réseau de 50 transporteurs qui opèrent les extractions d’un chantier à un autre ou en direction des installations de stockage ou des carrières les plus proches.

Au moyen d’une interface digitale, les opérateurs de chantier ont la possibilité d’organiser l’évacuation de leurs déchets eux-mêmes. Ces derniers passent leur commande d’acheminement pour bénéficier des moyens de transport nécessaires à l’évacuation de leurs déchets. Un algorithme donne alors les solutions les plus optimales en termes de transport et de traitement. L’objectif est à la fois d’organiser des flux efficacement et de revaloriser les déchets le mieux possible. A terme, cette démarche d’optimisation devrait permettre de générer 72% d’émissions de CO2 en moins.

Enfin, les constructeurs peuvent s’assurer que leurs terres sont correctement prises en charge à l’aide d’un système de traçabilité mis au point par la startup. Des capteurs sont en effet placés sur les 800 bennes de 15 transporteurs partenaires de ce concept. Sur un service numérique, l’opérateur de chantier est à même de suivre ses déchets en temps réel, de leur départ du site de construction jusqu’à leur arrivée au point final. Ce dernier est prévenu lorsque l’objectif est atteint ou en cas d’erreur de vidage et reçoit quotidiennement un récapitulatif de la journée.

Aujourd’hui, Hesus est sollicitée par près de 600 entreprises qui souhaitent mettre en pratique cette économie circulaire pour la gestion de leurs terres de chantiers. Soutenue par Suez Ventures, Construction Venture de Bouygues Construction et Paris Fond Vert, la startup a levé 10 millions d’euros en 2019 afin de se développer à l’international. Basée en Val-de-Marne, elle est aujourd’hui déployée en France, mais également en Angleterre, en Pologne, et plus récemment en Suisse depuis novembre dernier. En 2020, elle a vu son chiffre d’affaires croître de 10% à environ 30 millions d’euros.

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