C’est quoi l’artificialisation des sols ?

L’artificialisation des sols, c’est le fait de transformer un sol naturel (agricole, forestier, prairie) par des aménagements qui vont entraîner son imperméabilisation totale ou partielle. L’étalement urbain est évidemment le premier facteur d’artificialisation des sols en France autant pour l’habitat que pour la création de zones industrielles et commerciales.

Mais toute transformation d’un sol naturel est par définition responsable d’une artificialisation du milieu. C’est aussi le cas, par exemple, des réseaux routiers, des parcs de loisirs ou encore des aéroports.

La plupart du temps, cette artificialisation du sol est permanente et participe ainsi à détruire des écosystèmes naturels (80% de la biomasse est contenue dans les sols), à réduire la surface agricole utile du pays et à restreindre les zones de biodiversité.

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Pour aller plus loin

Entre 1960 et 2015, la France a perdu 25% de sa superficie agricole par artificialisation des sols. Car l’étalement urbain – qu’on appelle aussi périurbanisation – se fait principalement au détriment des terres cultivables. Ce processus a été largement entamé par nos métropoles mais touche aussi les moyennes et petites agglomérations qui luttent entre elles pour être attractives, et donc pour attirer des entreprises et de nouveaux habitants.

Rien que sur les 10 dernières années, la superficie des terres artificialisées a augmenté de 15%. Sur la même période, la croissance démographique est d’environ 5%. Cela s’explique par le fait que la croissance démographique ne se compte pas seulement en individus mais plutôt en foyers. Et les foyers privilégient la construction de maisons individuelles avec jardin (61% des logements construits entre 2000 et 2007 étaient des maisons individuelles, contre 50% à la fin des années 1990).

Pour satisfaire ces besoins, les promoteurs achètent donc à bas prix des terres agricoles (dont le prix à l’hectare est parmi les moins chers en Europe) pour y construire des lotissements qui réclament leur lot d’infrastructures bétonnées et goudronnées. Et qui augmentent furieusement les migrations pendulaires vers les centres urbains pourvoyeurs d’emplois et de services. La conséquence étant la démultiplication des gaz à effet de serre. Un double-inconvénient pour ce modèle urbanistique français.

Actuellement les 9.5% de terres artificialisées en France représentent donc une surface égale à l’Ile-de-France et la région Centre-Val de Loire réunies. Au rythme actuel il faudra, d’ici 2030, y « ajouter » la Bretagne en totalité. Et pour calculer cela autrement : toutes les 5 minutes se trouve artificialisé l’équivalent d’un terrain de football. Soit 12 terrains à l’heure, 288 terrains par jour et presque 105 000 terrains de football chaque année.

Au point que les pouvoirs publics ont décidé, en 2016, d’un plan de stabilisation de l’artificialisation à hauteur de 9.3% de la superficie de la France métropolitaine, via une politique dite de « zéro artificialisation nette ».

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artificialisation des sols


Des pistes pour contenir l’artificialisation

Il est très difficile de contenir le phénomène d’artificialisation des terres agricoles. L’initiative individuelle d’une part ; les besoins en infrastructures de transport d’autre part ; mais aussi la construction de Parc d’Activités accueillant des entreprises et de nouvelles zones commerciales sont autant de raisons d’artificialiser. Ainsi sur un trend long (1992-2008) le taux d’artificialisation en France s’élevait à 1.3% par an (soit 7 100 km² – l’équivalent du Département de la Vendée chaque année). Depuis 2008 la tendance est proche de 0.8% par an.

Pour éviter cette déperdition environnementale majeure, le Commissariat Général au Développement Durable (CGDD) préconise une politique d’urbanisme volontariste et contraignante : limiter les superficies construites en accélérant le taux de renouvellement urbain, notamment le renouvellement des maisons individuelles par des immeubles de taille moyenne pouvant accueillir plusieurs foyers.

Ce scénario permettrait de porter l’artificialisation de 20 000 hectares par an à 5 500. À charge pour l’État et les autres Collectivités Territoriales de « renaturer » chaque année l’équivalent pour atteindre le Zéro Artificialisation Nette en 2030.

Les autres leviers à disposition : changer les mentalités pour diminuer le taux de vacances des logements (8% des logements en France sont des logements vides) ; modifier l’usage des locaux inoccupés la nuit ou inhabités le jour ; faciliter la reconversion des bâtiments via un urbanisme circulaire, réhabiliter les friches industrielles et commerciales ou encore… construire dans les jardins !

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