Créée en janvier 2019 par Nicolas Cruaud, Clément Bénassy et William Cruaud, Néolithe est une entreprise française dont l’objectif est de mettre fin à l’enfouissement et à l’incinération des déchets. Pour cela, elle développe un « fossilisateur de déchets » qui doit permettre de transformer des déchets non-recyclables, non-inertes et non-dangereux en un matériau proche du calcaire qui peut être utilisé par les professionnels du BTP.

Concrètement, l’entreprise a développé une technologie brevetée qui peut être résumée en 3 actions : d’abord, elle broie les déchets afin de les transformer en poudre. Cette poudre est ensuite mélangée à de l’eau et à un liant que l’entreprise a créé pour en faire ce qu’elle appelle un « pâté de pierre ». Celui-ci passe enfin dans une machine qui transforme cette matière en granulats, baptisés Anthropocite par l’entreprise.

Ces granulats peuvent ensuite être utilisés par les professionnels du BTP dans la conception de sous-couches routières ou de bétons non-structurels. Elle a ainsi reçu un premier agrément du CSTB (Centre Scientifique et Technique du Bâtiment) pour que sa solution puisse être utilisée à hauteur de 10%, au sein de bétons non-structurels en tant que substitut aux granulats traditionnels. Un marché porteur puisque plus de 400 millions de tonnes de granulats sont consommés chaque année en France.

« L’acceptation de nouvelles matières innovantes nécessite des évolutions réglementaires permettant aux acteurs de l’industrie minière de faire appel à ces alternatives écologiques. Notre objectif est de multiplier les usages de l’Anthropocite afin de faciliter leur utilisation par les acteurs du secteur et, dans le même temps, améliorer significativement l’impact sur leur bilan carbone » déclarait ainsi Nicolas Cruaud, Président de Néolithe, en fin d’année dans un communiqué.

Photo : @neolithe


Une solution nouvelle pour les centres de tri et les collectivités

En France, 30 millions de tonnes de déchets non-recyclables sont enfouis ou incinérés chaque année. Un volume colossal que souhaite réduire Néolithe en proposant aux opérateurs de traitement des déchets et aux collectivités locales une solution innovante et clé-en-main.

L’entreprise se positionne en effet comme équipementier pour les professionnels des déchets et ambitionne de produire, dès 2023, au moins 24 unités de fossilisations dotée chacune d’une capacité de traitement de 20 tonnes de déchets par jour.

Passée par le programme d’accélération de l’incubateur X-Up de l’école Polytechnique, Néolithe emploie aujourd’hui plus d’une centaine de salariés à Chalonnes-sur-Loire, près d’Angers. Depuis sa création, elle a levé 875K€ en mars 2020 auprès de l’Ademe et d’investisseurs privés ; puis 3M€ en avril 2021 et enfin 20M€ en juillet 2022. Cette troisième levée de fonds doit lui permettre d’industrialiser la production de ses fossilisateurs, mais aussi d’investir en R&D.

En effet, pour le moment, la technologie développée par la startup ne s’applique qu’aux déchets industriels banals (DIB) ainsi qu’aux refus de tri de tout-venant des déchetteries et les refus de tri des combustibles solides de récupération. À terme, ses fondateurs souhaitent qu’elle puisse traiter tous les déchets non-recyclables, non-inertes et non-dangereux.

Une innovation qui s’inscrit donc pleinement dans l’économie circulaire et qui vient répondre à deux sujets : d’abord, l’amélioration de la valorisation des déchets ; et ensuite le besoin des acteurs du BTP de se tourner vers des solutions écologiques puisque le béton possède une empreinte environnementale élevée.

À lire également sur le sujet