Avec un chiffre d’affaires de 4,4 milliards d’euros en 2022 (et 3,7 milliards d’euros en 2021), les ventes de jeux et jouets en France se portent bien, malgré un contexte tendu depuis la crise sanitaire, notamment au niveau des approvisionnements. Mais si le secteur se porte bien, son empreinte environnementale, elle, laisse encore à désirer. La majorité des jeux sont en plastique où contiennent des matières plastiques pour leurs emballages. La production de jeux participe également à l’exploitation des forêts. Il y a aussi le transport. Par exemple, en France, les jouets proviennent à 80 % de Chine et d’autres pays asiatiques. Et puis il y a leur cycle de vie.

L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) estime ainsi que chaque année, 157 000 tonnes de jeux et jouets sont mis sur le marché pour 100 000 tonnes qui sont jetées. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la loi AGEC de 2020 impose la création d’une filière REP pour les jouets et jeux afin d’améliorer leur collecte et leur recyclage. Cependant, ce recyclage n’est pas assuré étant donné la composition de la plupart des produits.

Ainsi, sur le gisement potentiel de 100 000 tonnes de jeux et jouets à recycler chaque année, l’Ademe estime qu’on y retrouve 71 000 tonnes de plastiques dont seulement 16% sont recyclables. En parallèle, les jeux en bois, papier/carton ou métal sont recyclables au moins à 90%. Ils ne représentent cependant que 30% du volume à récupérer.

Une tendance qui pourrait évoluer à l’avenir au fur et à mesure que les jeunes parents s’intéressent à l’écoresponsabilité des jeux et jouets. Mais l’offre est-elle adaptée à la demande ? Un sondage daté de 2021 indique par exemple que 52% des Français estiment que les jouets éco-responsables plaisent moins aux enfants que les jouets traditionnels et 37% d’entre-eux considèrent que l’offre de jouets écoresponsables est encore trop rare. Il existe pourtant sur ce marché de plus en plus de jeunes startups qui cherchent à réinventer notre rapport au jouet.

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Ces startups françaises engagées pour des jouets éco-responsables

En France, plusieurs entreprises adressent justement ce secteur du jouet responsable, avec différents modèles, allant de la fabrication de jeux en matières recyclées à la location de jeux sur abonnement, tout en passant par le réflexe de la seconde main.


Des labels et marketplaces pour faire les bons choix

Il existe de nombreux fabricants de jeux et jouets écoresponsables qui mettent l’accent sur le choix des matériaux, l’absence de produits controversés, la réparabilité ou la recyclabilité du jeu, mais aussi sur des critères sociaux comme le travail des enfants et l’intérêt pédagogique du jeu. Il est difficile de tous les référencer mais ils sont généralement reconnus par certains labels. On peut citer par exemple le label environnemental conseillé par l’Ademe, qui s’appelle Nordic Swan Label ; ou encore le label allemand Spiel Gut.

Pour aider les jeunes parents à s’y retrouver, il existe aussi des marketplaces qui référencent les jeux éthiques. C’est le cas du site Pierre et Léon. Le site créé par Pauline Lhermitte propose une gamme de jeux et jouets responsables et Made in France, pour enfants de 0 à 12 ans, fabriqués en bois issus de forêts gérées durablement, en coton biologique où en en papier et carton recyclé. Dans la même veine, le site jeujouéthique propose une vaste gamme de jeux et jouets répertoriés en fonction de leurs labels où de leur zone de production (made in France, made in Europe).


Les jeux et jouets en plastique recyclés

Il existe déjà plusieurs marques qui se sont fait un nom sur le créneau des jeux et jouets made in France en plastique recyclé. C’est le cas de la startup Les Mini-Mondes, créee à Nantes au sein du startup studio à impact Imagination Machine. L’entreprise propose une gamme de jouets fabriqués à partir du recyclage des déchets industriels de l’agroalimentaire et qu’elle fabrique à 100% en France dans un rayon de 300 km autour de Nantes.

Un modèle qu’on retrouve également porté par la marque Le jouet simple, qui propose des jeux d’éveil fabriqués en France, avec du plastique recyclé et recyclable (plastique mono-matière, sans colle, sans vis ni autocollants). La startup propose également un service de consigne afin de récupérer les jouets usés afin de les recycler où de les vendre d’occasion.


La location comme alternative à la surconsommation

Née en 2019, Petite Marelle propose un concept innovant basé sur un modèle d’abonnement. L’idée est d’utiliser la location comme alternative à la surconsommation et pour répondre à un sujet qui touche toutes les familles : la lassitude vis-à-vis d’un jeu. L’entreprise propose un catalogue de plus de 8 000 jeux pour enfants de 0 à 10 ans avec un forfait mensuel à moins de 20€. Premier acteur sur le marché avec cette proposition de valeur, la startup se donne pour ambition, d’ici 2026, de convertir plus de 30 000 clients à l’économie circulaire du jouet afin de prouver la pertinence de son modèle.


Le jouet de seconde-main à la côte

Toujours d’après l’Ademe, les jouets inutilisés ont souvent une seconde ou une troisième vie avant d’être jetés. Ainsi, dans la majorité des cas, l’agence estime qu’entre 45% et 70% des jouets sont d’abord donnés à des proches (famille, amis) où vendus d’occasion. L’ademe estime qu’environ 50 000 tonnes de jouets sont facilement réemployables chaque année.

Une tendance qui s’intensifie, notamment avec l’aide des plateformes comme Leboncoin ou Vinted. Sur ce créneau, on peut notamment mettre en avant le travail solidaire réalisé par l’association Rejoué, qui récupère des jeux, les remet en état et les vend sur le marché de l’occasion. Créée il y a plus de 10 ans, l’association en profite pour accompagner vers l’emploi des personnes qui rencontrent des difficultés sociales ou professionnelles. En 2021, l’association a remis en circulation plus de 66 000 jouets en France.

D’autres études pointent d’ailleurs du doigt le fait que les marques mais aussi certaines enseignes de grande distribution seront amenées à développer des offres de jeux d’occasion dans les années à venir.

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