Les Alchimistes est une entreprise fondée en 2016 par Alexandre Guilluy, Cyrielle Callot et Fabien-Kenzo Sato. Leur objectif ? Transformer les biodéchets en compost et participer ainsi à la régénération des sols péri-urbains ainsi qu’à la végétalisation des villes.

Concrètement, la startup récolte les biodéchets des entreprises ou des particuliers via des collectes réalisées en circuit court dans les grandes agglomérations. Paris, Lyon, Nantes, Lille, Toulouse, Angers ou Aix-en-provence font notamment partie des métropoles dans lesquelles la startup opère via son réseau décentralisé. Ces déchets sont ensuite traités et transformés par l’entreprise en compost, lui-même revendu à des enseignes (comme Biocoop par exemple) lorsqu’il s’agit de petites quantités, où directement à des collectivités ou des agriculteurs lorsqu’il s’agit de commandes supérieures à 20 litres.

L’entreprise, agréée Esus, ne s’arrête évidemment pas là et propose également ses services aux collectivités sous forme de bureau d’études : études préalables à la mise en place du tri à la source des déchets alimentaires ; études de faisabilité sur l’installation de plateformes de compostage ou encore accompagnement à la conception et au suivi d’expérimentations sur ces sujets.

Et pour accélérer son développement, dans un cadre où le tri à la source des déchets sera bientôt obligatoire pour les ménages, la startup vient d’annoncer une levée de fonds de 10M€ réalisée auprès du fonds Amundi FINANCE & SOLIDARITÉS, de SWEN Capital Partners, et des investisseurs historiques Investir&+ et Phitrust, ainsi que de nombreux business angels. Un tour de table qui devrait permettre à l’entreprise de financer de nouvelles plateformes de compostage et d’augmenter ses effectifs. Elle vise ainsi 800 recrutements dans toute la France afin de se déployer dans de nouveaux territoires.

À terme, l’ambition de la startup fondée sera de valoriser au moins 10% des déchets alimentaires des villes françaises à horizon 2027 et de développer des solutions de compostage sur 30 territoires de plus de 200 000 habitants.

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La valorisation des biodéchets en plein essor

Les Alchimistes fait donc partie de ces nombreuses entreprises engagées dans le tri des biodéchets en France. Un secteur d’activité en plein essor, porté par des évolutions législatives récentes, afin que les déchets alimentaires puissent être valorisés dans une logique propre à l’économie circulaire.

C’est d’abord la loi du 12 juillet 2010, dite « loi Grenelle II », qui rend obligatoire la mise en place d’un tri à la source en vue d’une valorisation de type organique pour les gros producteurs ou détenteurs de biodéchets. Depuis 2016, cette obligation touche les producteurs non-ménagers de plus de 10 tonnes de biodéchets par an. Un seuil qui est passé à 5 tonnes par an au 1er janvier 2023 conformément à la Loi AGEC.

Beaucoup d’entreprises se sont ainsi créées pour accompagner la valorisation de ces biodéchets en compost ou en gaz vert, entraînés par la startup Moulinot, qui fait figure de pionnier sur le sujet avec une activité démarrée en 2013. Depuis sa création, elle revendique déjà la valorisation de près de 45 000 tonnes de biodéchets. La startup a également levé 18M€ en 2022 pour se développer. Mais ces 45 000 tonnes sont encore une goutte d’eau par rapport à l’intégralité du gisement des biodéchets en France. Car à partir du premier janvier 2024, ce sont 12 millions de tonnes de biodéchets qu’il faudra valoriser chaque année lorsque le tri à la source des déchets alimentaires sera obligatoire pour tous les ménages et toutes les entreprises.

Beaucoup d’efforts et d’innovations sont donc encore à mettre en oeuvre pour y arriver et pour créer des infrastructures et des boucles circulaires efficaces sur ce sujet. À Nantes, Les Alchimistes travaille déjà à anticiper ces évolutions. Par exemple, la startup travaille avec GRDF et l’organisme de l’Assiette au Champs pour expérimenter un concept innovant de valorisation des biodéchets issus des cantines des lycées dont l’objectif est de créer une boucle vertueuse entre les établissements scolaires et les filières de méthanisation et de compostage qui vont travailler ensemble et se répartir le gisement en deux. Un exemple parmi d’autres qui illustre bien le potentiel de l’économie circulaire et la manière dont la gestion de nos déchets représente un vivier d’opportunités à l’avenir.

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