L’apprentissage passe par la répétition a-t-on coutume de dire, et la devise de l’association Zero Waste  » le meilleur déchet, c’est celui qu’on ne produit pas « , fait partie des adages qu’il convient de répéter. Cependant, s’il est vrai que la réduction du nombre de déchets passe en grande partie par une évolution profonde de nos modes de consommation et le développement de l’écoconception, la situation actuelle nécessite que l’on se saisisse de la question du tri, de la gestion et de la valorisation des déchets. Parce qu’à l’heure actuelle, le secteur du recyclage nécessite de nombreuses optimisations.

Dans le monde, 2 milliards de tonnes d’ordures ménagères sont produites annuellement. Si nos comportements ne changent pas, ce chiffre, pourrait être multiplié par 1,5 d’ici 30 ans. En France, les déchets ménagers ne représentent que 8 à 10% du total des ordures, mais ce sont les moins bien gérés en termes de traitement et de valorisation. C’est sur ce créneau là que se positionne l’entreprise originaire de Haute-Loire, 3Wayste. La jeune pousse fait partie des nombreuses engagées pour la valorisation des déchets, au même titre que des startups comme Upcycle ou Moulinot.

L’histoire de la société 3wayste est fortement liée à celle du groupe Vacher, un groupe familial historiquement implanté en Haute-Loire depuis les années 1960, et investit dans le traitement des déchets depuis les années 1980. En 2010, le groupe remporte l’appel d’offre de l’agglomération du Puy-en-Velay pour le traitement des déchets ménagers. En 2014, l’usine de tri du groupe, baptisée Altriom, ouvre ses portes.

Cette usine se base sur une technologie innovante, la technologie 3wayste. Pour comprendre ce qu’est cette technologie, il faut suivre le parcours du déchet une fois entré dans l’usine. Cela va de l’ouverture du sac poubelle à la transformation en matière commercialisable. 

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Réduire l’élimination des déchets

Les déchets collectés arrivent dans le centre de récolte des déchets de l’usine. Les sacs poubelles sont ouverts par un outil, breveté par 3wayste, qui permet de ne pas dégrader le contenant. Ensuite, ils sont triés en trois catégories : la matière organique, les matières recyclables et les déchets résiduels. À ce moment, le processus de valorisation des déchets se divise en 3 trois. 

  • La matière organique est transformée en compost, à l’aide notamment de l’eau qu’elle contient, celle-ci ayant été récupérée par la technologie 3wayste en amont et représentant 20% des déchets entrants. Le compost représente lui aussi 20% de la masse totale de déchets récupérés.

  • Les recyclables, triés grâce des robots 3wayste (capteurs optiques, aimants) sont mis de côté pour être envoyés à des centres de recyclage. Ils représentent 15% des déchets triés. Ces déchets seront valorisés en matière première : papier, métal, verre et plastique. 

  • La dernière catégorie de déchets, les résiduels, sont des produits issus du pétrole. Ils retiennent donc un potentiel énergétique. La philosophie 3wayste vise, là aussi, à valoriser ces déchets.  » Comme on ne peut pas les recycler, on les transforme en combustible solide de récupération «  explique Fabien Charreyre, Président de 3wayste. Ce combustible, destiné à alimenter des fours de cimenterie ou des chaudières émet 7 mois d’émission que la combustion du charbon. La production de CSR représente 35% des déchets entrants. 

La technologie 3wayste permet de réduire l’enfouissement à hauteur de 90% des déchets entrant dans le processus de tri. Grâce à ce rendement 3Wayste montre qu’il est possible de valoriser les déchets. L’entreprise a raison de le faire d’autant plus que « c’est exactement l’objectif qui a été fixé par l’Union Européenne à horizon 2035. À partir de là, les collectivités devront enfouir moins de 10% de leurs déchets ménagers «  ajoute le Président de l’entreprise. 

3wayste a donc un temps d’avance sur la législation, ce qui, à certains égards, peut desservir l’entreprise. En effet, en France, à l’inverse de l’Allemagne, la consommation de CSR n’est que faiblement encouragée et accompagnée. Cela a pour effet que 3wasyte a du mal à trouver des acheteurs pour sa production de carburant. Changer cette situation « nécessite une politique publique sur l’utilisation des CSR qui soit ambitieuse et qui tienne ses promesses «  ajoute-t-il.

La chaine de tri de l'usine Altriom
La chaine de tri de l’usine Altriom utilise la technologie 3wayste


À la recherche du modèle économique idéal

Les performances de l’usine Altriom et de sa technologie ont tout de même amené le groupe Vacher à créer la société 3wayste en 2016. 3Wayste devient alors la maison mère d’Altriom. C’est également la société qui détient la technologie dont elle porte le nom. 

La société structure alors son activité autour de deux modèles économiques. Le premier, un modèle B to A s’inspire de la création d’Altriom. Il s’agit de devenir titulaire d’un marché, non pas de vendre la technologie 3wayste à la collectivité mais de financer l’usine de tri puis de toucher les redevances dans le temps. Ce modèle est présenté comme étant « moyen termiste » par Fabien Charreyre. 

Le second modèle est un modèle B to B. Il consiste à vendre une prestation globale de conception, construction et mise en service d’une usine à des opérateurs d’usine type Suez ou Véolia. Ce modèle « court termiste » a déjà fait ses preuves puisqu’il permet à Suez de traiter, avec la technologie 3wasyte, 170 000 tonnes de déchets ménagers par an sur l’île de la Réunion depuis 2020. 

Cette proposition séduit au-delà des frontières françaises et 3wayste compte bien en profiter pour implanter sa technologie dans tous les « marchés familiers, qui ont un écosystème assez proche du système français » détaille Fabien Charreyre. L’entreprise se sert ainsi de son usine Altriom comme d’une « vitrine, un showroom » pour présenter la technologie à des acteurs internationaux. La start-up revendique avoir reçu plus d’une trentaine de nationalités sur le site de son usine basée à Polignac. 3wayste n’a pas encore de projet signé mais affirme avoir des contacts avancés, notamment au Danemark ou au Canada.


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