Le marché du vélo à assistance électrique (VAE) est en plein essor, avec une augmentation de 30% chaque année, tendance qui prévoit de se poursuivre sur les 5 prochaines années. Le VAE représente plus d’un milliard d’euros sur le marché français. 515 000 vélos à assistance électrique ont été vendus en 2020 (soit une augmentation de +29% par rapport à 2019) et il devrait s’en vendre plus d’un million par an d’ici 2025.

Si le marché est aujourd’hui très largement dépendant de l’Asie, de plus en plus de fabricants cherchent aujourd’hui à relocaliser la production et à réinventer notre manière de concevoir les vélos. Un virage qu’illustre parfaitement la startup Cyclik. Installée du côté de Lyon, cette jeune entreprise a fait le pari de lancer, en France, une production industrielle de vélos conçus à partir de bambou et de lin. Deux matières biosourcées qui ont l’avantage d’être produites en France.

Une manière de répondre au défi climatique en travaillant avec des matières renouvelables mais aussi de sortir d’une dépendance à certains matériaux comme l’aluminium, qui ne sont pas produits en France. “Le bambou est une plante à la croissance très rapide qui ne nécessite aucun engrais et consomme très peu d’eau. Cela en fait un des matériaux les plus renouvelables et les moins énergivores qui existent. Il possède également des propriétés mécaniques exceptionnelles, puisque sa capacité de résistance est largement supérieure à celle de l’acier » précise ainsi Félix Hébert, entrepreneur fondateur de Cyclick

Ces bicyclettes, baptisées Relief, sont le fruit de trois années de R&D de la part de la startup. D’après une ACV réalisée par l’entreprise en 2021, le cadre de ces vélos émet 35 fois moins de CO2 qu’un cadre classique en carbone, dont 99% de la production mondiale est réalisée en Asie. L’entreprise est en train de finaliser une levée de fonds de 1,5M€ pour accélérer le développement puis la commercialisation de ces vélos.

Elle espère en écouler au moins 500 d’ici la fin de l’année via leur site web mais aussi les marketplaces d’enseignes comme Décathlon. Une distribution en magasin spécialisé est également à l’étude.

Lire aussi : Quelles sont les régions françaises les mieux équipées en pistes cyclables ?


Transmission, batteries, retrofit : des innovations variées

Entre autres entreprises françaises innovantes dans le domaine du vélo électrique, on WhaTT est une autre marque française, d’abord positionnée comme fabriquant de vélo, qui propose une technologie innovante reposant sur le concept breveté de la « double transmission » qui permet d’utiliser alternativement une propulsion mécanique (avec les jambes) ou couplée à de l’électrique batterie pour faciliter l’effort.

Basée à Viviers du lac en Savoie, l’entreprise a vendu plus de 100 vélos pour un chiffre d’affaires supérieur à 250k€ lors de sa première année de commercialisation via des plateformes comme Alltricks et Décathlon ainsi que dans une quinzaine de magasins spécialisés. Fort de ces premiers succès, la startup opère désormais un virage B2B en devenant fournisseur de technologie afin d’équiper d’autres acteurs de la mobilité douce de son savoir-faire.

D’autres entreprises, comme Teebike ou Virvolt se concentrent, elles, sur ce qu’on appelle le retrofit. C’est-à-dire la manière de convertir un véhicule à l’électrique sans pour autant devoir en fabriquer de nouveaux. Un sujet qui améliore encore l’aspect écologique de la pratique puisqu’il lisse l’empreinte carbone du vélo et évite un gâchis de matières premières supplémentaires.

De son côté, la startup bordelaise Gouach innove avec un autre sujet : construire des batteries de vélos électriques qui soient 100% réparables afin de réduire le volume des déchets électroniques et abaisser de 70% le bilan carbone des batteries. « Dans les batteries standard, les cellules lithium-ion sont soudées entre elles, ce qui fait que la durée de vie du pack est limitée à celle de la cellule la moins durable. Quand la batterie est épuisée, on jette une batterie avec encore de nombreuses cellules en état de marche », explique Alexandre Valette, fondateur de la startup qui teste son modèle en partenariat avec Pony, un opérateur de VAE en libre-service installé à Angers et Bordeaux.

Lire aussi : la Ruche à Vélos, une solution pour améliorer le stationnement cyclable


100 000 emplois d’ici 2050

Ces innovations, qui vont dans le bon sens pour atteindre l’objectif fixé par l’État de passer la part modale du vélo de 3% à 9% d’ici 2024, puis à 12% en 2030, illustrent aussi toute la diversité d’un écosystème qui, selon différentes estimations, pourrait créer plus de 100 000 emplois d’ici à 2050. Car l’économie du vélo est en effet variée, et représente un atout tant sur le plan écologique que sur celui de la santé. Elle possède aussi un rôle social avec, par exemple, des activités nouvelles liées à la maintenance et la réparation des véhicules mais aussi tout ce qui est lié au vélotourisme. Un secteur sur lequel la France possède de superbes atouts.

Le marché du vélotourisme se chiffre ainsi aujourd’hui à 5,1 milliards d’euros par an en France, ce qui fait de l’hexagone le second marché européen, après l’Allemagne, en matière de tourisme à vélo. À noter que l’essor du vélo et des mobilités douces intéresse aussi les fabricants de voitures et de motos. C’est par exemple le cas des marques Harley-Davidson et Triumph, qui proposent désormais des VAE, tout comme la famille Agnelli (Ferrari) avec la marque Cowboy.

À lire également sur le sujet