La loi d’orientation des mobilités votée en 2019 avait donné un élan et un cadre au développement des nouvelles mobilités en France. 2022 aura connu une série d’ajustements et de précisions de ce cadre, accompagnés de plans de financement selon des objectifs et des secteurs ciblés. Par exemple, afin d’accélérer sur le sujet du covoiturage, une enveloppe de 150 millions d’euros a été débloquée avec pour objectif d’atteindre 3 millions de trajets covoiturés par jour. Ce plan s’inscrit dans la continuité de la loi LOM et d’un premier plan qui en avait découlé.

De la même manière, un nouveau plan vélo, doté de 250 millions d’euros, a été lancé en septembre. Il a pour objectif de développer les infrastructures cyclables et le stationnement sécurisé des vélos. Ce plan vient compléter un précédent plan établi pour la période 2018-2025. Enfin, le secteur naissant du retrofit a également reçu un petit coup de pouce l’année dernière, avec une enveloppe de 20 millions d’euros débloquée pour les professionnels du secteur afin d’accompagner la structuration de la filière.

À noter que deux fonds d’investissement ont vu le jour en 2022. Tout d’abord le Shift4good – nous en parlions dans l’article sur l’actualité 2022 de l’économie circulaire – doté à terme de 300 millions d’euros, porté par Matthieu de Chanville, Sébastien Guillaud, Yann Marteil et Thierry de Panafieu, et dont ambition est d’investir dans des startups de la mobilité durable mais également de financer l’économie circulaire du secteur. De son côté le venture capital londonien, Vektor Partners, vient d’annoncer le lancement d’un nouveau fonds de 125 millions d’euros entièrement dédié au marché florissant de l’innovation du secteur des mobilités.

En parallèle, plusieurs startups françaises ont réussi à attirer des investisseurs et à lever des fonds en 2022. Covoiturage, bornes de recharge pour véhicules électriques, retrofit de véhicules où encore nouveaux modes de propulsion pour voitures et navires : petit tour d’horizons de ces opérations marquantes.

Lire aussi : 2022, une année faste en Europe pour les investissements dans les startups de la mobilité


Covoiturage et autopartage

Blablacar : Le leader du covoiturage a annoncé avoir levé 15 millions d’euros en juin dernier auprès d’IFC, la structure de la Banque Mondiale consacrée au secteur privé. L’objectif est de poursuivre son développement au Brésil afin d’en faire son premier marché mondial d’ici quelques années. Avec la guerre en Ukraine, la licorne française avait annoncé en mars dernier l’arrêt de ses activités en Russie, un coup dur après plusieurs acquisitions dans ces 2 pays ces dernières années. 

Troopy : le service de scooters électriques partagés du groupe Chapat a annoncé une levée de 10 millions en fait entrer Motul dans son capital. La start up souhaite à présent se déployer en France et en Europe via un programme de franchise, et vise les villes de taille intermédiaire.

A noter dans le secteur du covoiturage, le rachat de l’allemand goFLUX Mobility par le français Karos spécialiste du covoiturage domicile-travail. Un temps précieux gagné pour pénétrer le marché allemand, avec en vue 4 nouveaux pays attaqués d’ici 2024.
👉 Lire notre interview d’Olivier Binet


Mobilités douces

Zenride : la startup parisienne a levé 8 millions d’euros début 2022 auprès notamment d’Alter Equity et de de RATP Capital Innovation, et souhaite ainsi accélérer le développement de son offre de vélos de fonction en entreprise. Saint Gobain, Accor ou Veolia travaillent déjà avec la start up.

Eovolt : la jeune entreprise lyonnaise fabrique des vélos électriques pliables et a pour ambition de tripler sa production d’ici 2025 pour atteindre 27 000 unités par an. Pour cela, elle a bouclé un tour de table de 16 millions d’euros auprès de Raise Impact et de la Financière Arbevel.


Transport ferroviaire

Le Train : l’entreprise souhaite concurrencer la SNCF et le TGV sur les lignes entre Arcachon, Bordeaux, Angoulême et Poitiers, et de rêver comme premier opérateur privé sur la grande vitesse. Elle continue de se structurer avec un financement à boucler estimé à 100 millions d’euros afin de lancer. Le Crédit Mutuel Arkéa et le Crédit Agricole Charente-Périgord font notamment partie des financeurs qui entrent au capital. 

Cargo Beamer : le spécialiste allemand du ferroviaire multimodal vient de lever 33,5 millions d’euros auprès de family offices américains et suisses ainsi que Duisport en tant qu’investisseur stratégique. La valorisation de l’entreprise s’élève à présent à 245 millions d’euros. L’entreprise compte développer ses parts en France, où elle se présente déjà comme “le seul opérateur étranger significatif dans l’Hexagone sur le transport combiné rail-route”
👉 Lire notre article sur CargoBeamer


Transport maritime

Spinergie : la start up développe des solutions de suivi des émissions des navires et d’optimisation des opérations maritimes en vue de réduire l’empreinte environnementale du transport maritime. Afin d’accélérer en triplant notamment ses effectifs, l’entreprise a levé 11 millions d’euros auprès entre autres d’Iris Capital et du fonds Blue Ocean (Swen Capital Partners).

Neoline : la startup nantaise propose des solutions qui s’appuient sur la propulsion à la voile – la construction de son cargo à voile Neoliner vient de débuter – et œuvre ainsi pour une mobilité maritime décarbonée. 3,3 millions d’euros ont été levés en 2022, dont 1 million via la plateforme de crowdfunding Wiseed. Le bouclage financier total annoncé est de l’ordre de 60 millions d’euros.
👉 Lire notre article sur Neoline

Windcoop : Toujours dans l’univers du transport maritime à la voile, la coopérative Windcoop – première société coopérative liée au transport de marchandises à la voile a réussi à lever près de 3M€ depuis le mois de juin 2022 sur la plateforme Lita.co.
👉 Lire notre article sur Windcoop


Transport routier

Zeplug : la startup fondée en 2014 est un des pionniers en France de l’installation de solutions de recharge dans les copropriétés et dans les lieux où des entreprises partagent des bureaux. Elle a annoncé en septembre dernier un tour de table spectaculaire de 240 millions d’euros auprès du fonds d’infrastructure ICG. L’entreprise a tout de suite mis à profit ce financement en faisant l’acquisition de Bornes Solutions, qui avait également IVG parmi ses actionnaires.

Electra : Après une première levée de 15 millions d’euros, la startup fondée en 2021 et spécialisée dans les bornes de recharge rapides vient d’annoncer un tour de table de 160 millions d’euros auprès notamment d’Eurazeo, RGREEN Invest, RIVE Private Investment, Serena, le Groupe Chopard, la SNCF et RATP Group. Objectif : installer 8 000 points de charge d’ici 2030 et se déployer en Europe.
👉 Lire notre article sur Electra

Bump : la startup a suivi le même mouvement de levées de fonds très importantes dans le domaine de la recharge, avec 180 millions récoltés en série A auprès de DIF Capital Partners. Bump cible de son côté les sociétés, les parkings publics, supermarchés, centres commerciaux, retailers et restaurants pour installer ses bornes.


Retrofit

Noil : l’entreprise s’est spécialisée dans le rétrofit des scooters. Elle propose ainsi des kits d’électrification pour décarboner ce moyen de locomotion et ainsi prolonger leur durée de vie. Installée à Montreuil, Noil a annoncé début 2022 un tour de table d’1,5 million d’euros afin de développer la démocratisation de son kit.
👉 Lire notre article sur Noil

Green Korp Konnection : le groupe composé de huit sociétés industrielles et spécialiste de la décarbonation grâce au rétrofit de véhicules lourds, entame une nouvelle étape de sa croissance et finalise sa phase de R&D avec cette levée de 15 millions d’euros. Un nouveau site industriel en vue, et un objectif de 500 commandes pour un chiffre d’affaires de 50 millions d’euros cette année.


Enfin, impossible de ne pas mentionner la levée de fonds de l’entreprise Flying Whales, et son projet de son projet de transport décarboné de charges lourdes grâce à des ballons dirigeables, qui a bouclé en juillet 2022 un tour de table de 122M€. On retrouve parmi les investisseurs Bpifrance via le fonds « French Tech Souveraineté » , mais aussi la Principauté de Monaco, le gouvernement du Québec, les fonds d’investissements du Groupe Air Liquide et du Groupe ADP, gestionnaire des aéroports de Paris ou encore Société Générale Assurances.
👉 Lire notre article sur Flying Whales

À lire sur le même sujet