C’est quoi le label national anti-gaspillage alimentaire ?
En 2020, la France a fixé dans la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (la loi AGEC), l’objectif de réduire de moitié le gaspillage alimentaire d’ici 2025 pour les secteurs de la distribution et de la restauration collective, et de le réduire de moitié d’ici 2030 pour le reste des acteurs de l’agro-alimentaire.
C’est notamment pour mobiliser ces secteurs (restauration commerciale, grande distribution) que le gouvernement a décidé de mettre en place le label national « anti-gaspillage alimentaire ». Lancé le 1er mars 2023, ce label a pour objectif de d’accompagner et de distinguer les acteurs de la chaîne alimentaire qui luttent de manière efficace contre le gaspillage alimentaire.
Pour aller plus loin
Chaque année en France, ce sont plus de 9 millions de tonnes de produits alimentaires qui sont gaspillés à tous les niveaux de la chaîne alimentaire : chez les producteurs, lors des différentes étapes de transformation, chez les distributeurs et, enfin, chez les particuliers. Rien que les fruits et légumes représentent 42% du volume gaspillé.
Le gaspillage alimentaire représente évidemment un prélèvement inutile de ressources naturelles, notamment d’eau, ainsi que des émissions de gaz à effet de serre qui pourraient donc être évitées. Ce serait un gain formidable pour la planète. À l’échelle mondiale, on estime ainsi que si le gaspillage alimentaire était un pays, il serait le troisième plus gros pollueur après les Etats-Unis et la Chine.
Pour lutter contre cette pratique de manière efficace, ce nouveau label national a été élaboré par de nombreux acteurs. On y retrouve le ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, mais aussi l’ADEME et l’AFNOR Normalisation. Il a pour but « d’encourager et de distinguer les acteurs de la chaine alimentaire qui, par leurs efforts de sensibilisation et de formation du personnel, parviennent à réduire sensiblement leur gaspillage alimentaire ». De nombreuses startups de l’antigaspi (Phenix, Too Good To Go, Comerso, etc.) ont également pris part à l’élaboration du label.
Ce dernier valorisera notamment les actions des distributeurs mais permettra surtout aux consommateurs d’y voir plus clair pour choisir, en connaissance de cause, un magasin qui agit concrètement au quotidien contre le gaspillage et pour l’environnement. « Avec une certification à trois niveaux, il vise non seulement à mettre en avant les acteurs les plus engagés dans la démarche antigaspi tout en proposant un plan d’amélioration continue aux entreprises se lançant dans la démarche.” explique Pierre-Yves Pasquier, Fondateur de la startup Comerso.
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À qui s’adresse t’il ?
Le premier secteur concerné par ce nouveau label est le secteur de la distribution, et en particulier les grandes et moyennes surfaces, mais aussi les grossistes et les petits commerçants (boucherie, boulangerie, primeur, etc.). Ces derniers ont notamment un travail important à réaliser pour réduire le gaspillage lié aux dates de péremption et pour améliorer leurs pratiques en matière de dons aux associations.
Dans un deuxième temps, un référentiel anti-gaspillage devrait également être mis en place pour les secteurs de la restauration collective et commerciale. Enfin, il y aura une troisième étape pour les industries agroalimentaires. Un choix graduel qui va permettre de mettre en place individuellement ce label au fur et à mesure et de permettre à ces acteurs d’améliorer leur rapport au gaspillage alimentaire.
« L’arrivée de ce label va permettre aux magasins de mieux comprendre les sources du gaspillage alimentaire et de pouvoir adopter des stratégies adaptées et ambitieuses de réduction » précise ainsi Sarah Chouraqui, Directrice Générale France de Too Good To Go, qui fut également un membre actif du groupe ayant contribué à l’élaboration de la grille d’audit aux côtés d’acteurs de la grande distribution, d’entreprises, d’associations et d’organismes certificateurs.
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Comment fonctionne ce label ?
Concrètement, les magasins et établissements du secteur de la distribution qui sont intéressés pourront être labellisés grâce à des critères allant de l’achat à la commercialisation des denrées alimentaires, mais aussi de leurs pratiques en matière de don, la destruction des invendus n’étant plus tolérable. Le label valorise notamment les actions de prévention du gaspillage (gestion des achats et des stocks) ainsi que les actions de valorisation des produits alimentaires (gestion des invendus).
Ce label sera décerné par un organisme certificateur agréé sur la base d’un audit qui comprend 17 critères répartis en 4 grandes catégories :
- Des critères transversaux, qui évaluent la performance globale du point de vente en matière de lutte contre le gaspillage alimentaire ;
- Des critères portant sur l’approvisionnement, l’achat et la fabrication des denrées alimentaires ;
- Des critères concernant la commercialisation des denrées alimentaires ;
- Des critères ayant trait à la gestion des invendus ;
À noter que ce label national anti-gaspi ne pourra pas être accordé aux magasins qui ne respecteront pas au moins deux critères incontournables : d’abord, que le taux de casse du magasin ne dépasse pas un certain seuil : et que le don aux associations caritatives soit priorisé dans la gestion des invendus du magasin.
Par ailleurs, afin de privilégier les démarches d’amélioration continue, le renouvellement du label anti-gaspillage aura lieu tous les 3 ans. Il y aura trois types de certification, allant de 1 à 3 étoiles en fonction de la pertinence des actions menées.