Comerso est un acteur phare de l’anti gaspi en France. La start up fondée en 2014 par Pierre-Yves Pasquier propose des solutions pour accompagner les entreprises dans la valorisation de leurs invendus et déchets. Et ce, en fonction du besoin et de la typologie de l’invendu à traiter, alimentaire ou non : déstockage, promotion, dons aux associations, recyclage déchets, valorisation seconde main, etc. L’entreprise compte plus de 1500 clients en France, parmi lesquels Décathlon, Carrefour, Darty ou L’Oréal. 

Au-delà de la bonne volonté de certains metteurs sur le marché à viser l’objectif zéro déchet depuis plusieurs années maintenant, Comerso s’appuie aussi maintenant sur la loi AGEC. Ce texte, promulgué en 2020 a vu l’une de ses mesures phares entrer en vigueur en 2022 : l’interdiction pour les producteurs, importateurs et distributeurs de produits non alimentaires de détruire leurs invendus (habillement, produits électriques et électroniques, produits d’hygiène, puériculture, livres, fournitures scolaires, bricolage, etc.). 


Une loi pour réduire le gaspillage et la production de déchets

Cette mesure vise à encourager le don en faveur des associations de lutte contre la précarité et des structures de l’économie sociale et solidaire. À défaut, le recyclage est encouragé. Les industriels sont donc par ailleurs censés mieux gérer leurs stocks afin d’éviter le surplus de production depuis l’année dernière.

Comerso a commandé une étude auprès du cabinet Dynata afin de dresser un état des lieux de la première année du volet antigaspi de la loi AGEC concernant ces invendus non alimentaires. Cette étude a été réalisée auprès de 234 professionnels du secteur non alimentaire, travaillant dans des entreprises de toutes tailles (Groupes Groupes, ETI, PME, TPE).

Et deux chiffres interpellent d’emblée lorsque l’on regarde les résultats : 70% des répondants n’ont pas connaissance de l’entrée en vigueur de cette nouvelle obligation. Et seulement 2% des entreprises déclarent réussir à valoriser la totalité de leurs invendus non alimentaires neufs (et 17% plus de la moitié). Premier enseignement, malgré l’interdiction légale en vigueur depuis un an, la destruction d’invendus non alimentaires dans les entreprises existe toujours dans les grandes largeurs.


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invendus non alimentaires


Mais une loi méconnue des entreprises

Confrontées à de réelles difficultés pour valoriser les invendus non alimentaires, c’est dans la mise en place de process de revalorisation que les entreprises ont l’air de rencontrer des difficultés. Les circuits et solutions semblent difficilement identifiables, et les invendus ne concernant qu’un faible % du CA (entre 1 et 3%), ces enjeux ne sont que rarement priorisés en interne. 

Les entreprises paraissent démunies face à ces enjeux. 42% d’entre elles déclarent qu’il est impossible ou difficile de valoriser leurs invendus neufs. Sur le volet du réemploi et des dons aux associations, 71% déclarent rencontrer des difficultés à faire du don aux associations (soit pour des raisons de complexité d’identification des filières, par manque de temps ou par manque de fiabilité des collectes), et 57% déclarent la valorisation impossible ou difficile lorsqu’il s’agit d’invendus défectueux mais fonctionnels.

La loi AGEC couvre des thématiques très larges et les différents volets de la loi sont mis en application de façon progressive. Les entreprises ont du mal à s’y retrouver, que ce soit sur les échéances ou les périmètres d’application” avance Pierre-Yves Pasquier. Selon lui, le timing lié au covid n’a rien arrangé non plus. Les entreprises avaient en effet de nombreuses contraintes à gérer pendant et après la crise, avant de pouvoir s’occuper du sujet des invendus.

Un problème plus global de formation et d’information aux enjeux ressort également de l’étude. 79% ne connaissent pas la hiérarchie de valorisation des invendus : en premier le réemploi, puis la réutilisation, en dernier le recyclage lorsque les deux premières étapes ne sont pas possibles. C’est pourtant une base de l’économie circulaire à laquelle ces entreprises devraient être parties prenantes aujourd’hui.

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Impliquer les entreprises

Alors quelles actions mettre en place pour que ces indicateurs aillent dans le bon sens ? Tout d’abord les mentalités semblent évoluer peu à peu, la valorisation des invendus va dans le sens de l’histoire. Les sujets RSE, dont l’économie circulaire est un des socles, infusent de plus en plus en entreprise.

Ensuite, dans un contexte d’inflation et de tensions sur les marges, les entreprises semblent avoir conscience que la valorisation des invendus est un levier d’optimisation économique. L’Ademe chiffre la valeur marchande des invendus non alimentaires à 4 milliards d’euros chaque année. Et que de son côté Comerso a annoncé avoir généré 57 millions d’euros d’économie pour ses clients en 2022. Si ça n’est pas pour la planète, les entreprises trouveront un intérêt économique dans ces logiques circulaires.

Ainsi, 58% d’entre elles déclarent que la valorisation des invendus est importante dans le contexte actuel d’inflation et d’enjeu de sauvegarde des marges, et la moitié déclarent avoir inscrit ce sujet comme action prioritaire dans leur stratégie 2023 (contre 20% qui déclarent qu’il ne s’agit pas d’un enjeu stratégique). Il faut donc davantage flécher et orienter les stratégies d’entreprises vers ces logiques de valorisation. C’est d’ailleurs une des missions de Comerso et d’autres acteurs comme Phénix.

“Il reste du chemin à parcourir sur la prise de conscience du gaspillage non alimentaire dans les entreprises ainsi que dans la sphère publique. Si le modèle des entreprises a, depuis toujours, été d’être très bien organisé sur la vente de produits neufs, le volet antigaspi de la loi AGEC les engage maintenant à gérer de nouveaux flux. La mise en place de ces nouvelles pratiques de gestion et de ces nouveaux processus s’avère parfois complexe et chronophage” conclut ainsi Pierre-Yves Pasquier.