Le numérique peut aider la transition écologique en électrifiant les déplacements, en développant les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique. Il est utile dans l’agriculture de précision et dans de nombreux autres secteurs d’activité. En cela, il est un allié pour la transition écologique.

Mais, toutes les inventions modernes, y compris les technologies numériques, ont besoin de ressources abondantes pour leur fabrication et leur utilisation. Certaines de ces ressources sont rares et leur extraction est une source de pollution. En outre, ces technologies nécessitent des infrastructures de réseau et de stockage pour fonctionner, à l’image des data centers. Tout cela contribue à une empreinte environnementale considérable, qu’il est essentiel de maintenir à un niveau raisonnable. Sans quoi, le numérique risque de devenir un fardeau plutôt qu’un atout dans les années à venir.

C’est la conclusion d’un rapport remis cette semaine aux ministres de l’écologie et de la transition énergétique par l’Arcep et l’Ademe, suite à une mission commandée par le gouvernement en 2020 sur l’évaluation de l’impact environnemental du numérique en France. Cette étude permet notamment d’estimer l’empreinte environnementale du numérique en France, à horizon 2030 et 2050, en fonction des différents scénarios de l’Ademe.

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Source : Ademe / Arcep – 2023


Une empreinte carbone qui pourrait tripler d’ici 2050

Aujourd’hui, 79 % de l’empreinte carbone du numérique provient de nos équipements, environ 16 % des centres de données et 5 % des réseaux. Mais les deux agences soulignent qu’en l’absence de mesures pour réduire l’impact environnemental du numérique d’ici 2030, le trafic de données augmenterait considérablement et le nombre d’appareils connectés exploserait, ce qui entraînerait une augmentation de l’empreinte carbone du numérique de 45%, pour s’élever à 25 Mt CO2eq.

Dans le même temps, la consommation d’électricité augmenterait de 5% pour atteindre 54 TWh par an. En outre, la consommation de ressources abiotiques augmenterait de 14%. À l’horizon 2050, sans aucune action corrective, l’empreinte carbone du numérique pourrait tripler par rapport à 2020.

Le rapport met également en lumière un enjeu crucial dans la fabrication des terminaux numériques, tels que les téléviseurs, les ordinateurs, les box internet et les smartphones : la disponibilité des métaux stratégiques et des autres ressources nécessaires à leur production. Ce problème est d’autant plus pressant compte tenu de la prolifération des objets connectés.

Les deux agences responsables du rapport insistent alors sur l’importance de l’écoconception et de la sobriété pour maintenir et réduire l’empreinte environnementale du numérique.

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Quels leviers d’action ?

Si on veut éviter l’explosion de l’empreinte environnementale du numérique, il faut alors se poser des questions sur l’expansion constante de nouveaux produits et services numériques et cesser d’accumuler des appareils au sein des ménages et des entreprises. En France, on compte déjà 800 millions de terminaux pour une population de 65 millions d’habitants.

Par ailleurs, il faut absolument rallonger leur durée de vie. Pour cela, il existe différents moyens : la lutte contre l’obsolescence programmée et le développement de la réparabilité et du reconditionnement. En France, la loi AGEC a par exemple mis en place l’indice de réparabilité et le fonds réparation pour aider sur ces sujets. Il faut également sensibiliser les consommateurs à ces enjeux.

On parle surtout de trois types de terminaux – les télévisions, les smartphones et les ordinateurs – qui représentent 51% de nos équipements numériques, mais 85% de leur empreinte carbone. La sobriété numérique développée selon ces axes permettrait de réduire l’empreinte carbone du secteur de 16 % (soit 14 Mt CO2eq), la consommation de ressources abiotiques de 30 %, et la consommation électrique de 52 % (soit 25 TWh) par rapport à 2020.

D’autre part, l’empreinte environnementale de nos équipements numériques est surtout due à leur fabrication, qui représente 80% de cette empreinte. Pour y remédier, l’écoconception doit être une priorité. Ça vaut pour les terminaux, mais aussi pour tout l’équipement nécessaire aux réseaux et centres de données, ainsi que pour le déploiement des réseaux et des services numériques.

D’après l’Arcep et l’Ademe, en optant pour des scénarios d’écoconception modérée ou généralisée, on pourrait limiter l’augmentation de l’empreinte carbone du numérique de 5% à 20% par rapport à 2020, réduire la consommation de ressources abiotiques de 4% à 15%, et diminuer la consommation électrique finale de 23% à 42%.

Source : Ademe / Arcep – 2023

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