C’est quoi la Transition écologique ?
Cette expression définit la période dans laquelle notre Humanité est entrée depuis les années 2004/2006, date à laquelle le pic pétrolier (Global Peak Oil) a été atteint et où une prise de conscience sur le rôle des activités humaines dans le réchauffement climatique a été acté. La Transition écologique correspond ainsi à la mise en place à toutes les échelles de nouveaux modes de consommation, de production et d’échanges qui sont en accord avec les objectifs de développement durable.
La transition écologique est donc une période. Cette période vise à renouveler nos modèles économiques et sociaux. Elle a pour but la mise en place de modèles durables afin de nous permettre de faire face aux enjeux climatiques.
Pour aller plus loin
La transition écologique trouve sa source d’abord dans le concept de transition énergétique. C’est à dire la nécessité de trouver une alternative aux énergies fossiles pour le chauffage et l’électricité. D’abord parce que ces énergies sont extrêmement polluantes et participent massivement au réchauffement de la planète. Mais la première prise de conscience réelle qu’il fallait s’orienter sur des énergies renouvelables, cela remonte aux chocs pétroliers dans les années 70. Un moment où l’on a véritablement compris que la production de pétrole pourrait s’arrêter un jour, avec des conséquences majeures sur nos sociétés.
En effet, les énergies fossiles comme le pétrole ne sont pas infinies. La production peut grimper en flèche pendant des années mais, un jour, on atteint un pic particulier à partir duquel la production, quoi qu’on fasse, va nécessairement baisser. Cela marque ce qu’on appelle, le début de la fin.
La prise de conscience de cet aspect est né en 1974 au lendemain du premier choc pétrolier (en octobre 1973, les principaux membres de l’Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole – OPEP – ont multiplié brutalement le prix du baril de pétrole par 4, provoquant ainsi un choc économique dans toutes les économies occidentales). Les Etats-Unis ont alors contribué à mettre en place l’Agence Internationale de l’Energie (AIE, qui siège à Paris) dont le rôle est d’accompagner les politiques économiques des pays industrialisés en anticipant les quantités d’énergies produites à travers le monde.
Le Peak Oil (le sommet de la courbe de la production et le moment à partir duquel la production de pétrole va se mettre à baisser) a été une première fois défini par le Géophysicien américain Marion Hubbert en 1950. Ce Professeur des Université de Stanford puis de Berkeley avait ainsi annoncé pour la fin du XXème siècle l’inéluctable fin du cycle pétrolier et gazier. L’Agence Internationale de l’Energie (AIE) estime que le Peak Oil a été franchi en 2006. À partir de là, nous savons que la production va irrémédiablement baisser.
Depuis cette date, la forte demande liée au dynamisme de certaines économies (Chine) ou l’augmentation générale des niveaux de vie en Asie (Inde) comme en Afrique Subsaharienne, ne peut plus être couverte par la mise en service de nouveaux champs pétroliers. L’offre en pétrole/gaz va diminuer alors que la population et la demande augmentent. Cette surexploitation d’énergies non renouvelables aggrave par ailleurs la production nocive de Gaz à Effet de Serre (GES), ce qui entraine une augmentation du réchauffement climatique.
Comme les extractions de Pétrole/Gaz non conventionnels de type Schiste, seront à l’avenir probablement hors de prix mais surtout encore plus dévastateurs pour l’environnement, et que la production de pétrole et gaz ne peut suivre la demande de manière infinie : il faut anticiper une autre manière de produire de l’énergie. C’est la raison pour laquelle la notion de transition énergétique (vers les énergies renouvelables) est née.
De la transition énergétique à la transition écologique
Cependant, l’énergie n’est pas la seule solution pour répondre aujourd’hui aux enjeux climatiques. Le réchauffement du climat – et la lutte pour maintenir ce réchauffement en dessous des +2°C – sont intimement liés à d’innombrables aspects de nos sociétés. Cela touche à nos manières de nous déplacer sur terre, mer et dans les airs. Cela touche à notre manière de produire et de nous approvisionner en nourriture. Cela touche à nos manières de concevoir nos maisons et bâtiments. Cela touche à notre manière de consommer. En fait, cela touche à absolument tous les aspects de notre vie. C’est là qu’on arrive de la transition énergétique à définir le concept de la transition écologique.
C’est le Britannique Rob Hopkins (Professeur de permaculture) qui, en 2005/2007 initie à Totnes (petite ville de 8 000 habitants en Angleterre) la première expérimentation citoyenne au service d’une transition écologique. Pour cela, Hopkins a développé/adapté le concept de « résilience » à sa réflexion. Pour lui, notre avenir réside avant tout dans notre capacité à accepter d’être les acteurs de notre transition écologique. Ce qui revient à ne plus suivre aveuglément le modèle actuel : celui de la « croissance » à tout prix.
La quête de la croissance a crée des externalités négatives : produire toujours plus à une toujours plus grande échelle pour abaisser les coûts de production et les coûts de transport a comme conséquence l’épuisement des ressources naturelles, le réchauffement du climat, l’effondrement de la biodiversité. Des phénomènes qui mettent en péril la survie à long-terme de l’espèce humaine.
Pour Rob Hopkins, la transition écologique, c’est de laisser place à une vision différente de la société, avec une chaîne logistique qui soit davantage régionale que mondiale, et surtout moins consommatrice en énergies non renouvelables. Donc moins polluante. C’est aussi accepter l’idée que nous pouvons retrouver à l’échelle locale des équilibres économiques, du lien social, de la démocratie directe et une solidarité qui vient à manquer cruellement aujourd’hui. C’est aussi être moins individualistes et plus à même d’anticiper nos besoins réels.
La transition à l’échelle d’un pays comme d’une ville
On pourrait croire que cette transition est une révolution. Mais ses fondations sont présentes depuis déjà longtemps et l’adaptation est possible à tous les niveaux.
Par exemple, la Suède, sans faire grand bruit, a en grande partie réussi sa transition écologique ces 15 dernières années. Ce pays scandinave produit 55% de ses besoins primaires à partir d’énergies renouvelables. Sa production d’électricité et sa couverture en chauffage ésont désormais neutre en termes d’émission de GES. La Suède comme la Finlande ont imposé une taxe carbone dès 1991, utilisant l’argent ainsi prélevé pour réduire de 10% les GES tout en maintenant un taux de croissance (2.66% en moyenne ) supérieur par exemple à celui de la France.
Aujourd’hui la Suède n’utilise plus que 2% d’énergies fossiles pour se chauffer contre 60% en 1980. En misant sur les énergies renouvelables, la Suède a atteint en 2018 les objectifs prévus pour 2030 par le Programme des Nations Unis pour le Développement. Et en 2030, la Suède n’utilisera plus d’énergies fossiles pour son chauffage et son électricité.
Une volonté gouvernementale qui a rencontré l’adhésion de ses citoyens. C’est une condition nécessaire à la réussite de ce changement. Ce qu’on observe d’ailleurs à l’échelle des villes qui ont entrepris ces changements. Prenons par exemple la commune française de Loos en Gohelle, dans les Hauts de France. Cet ancien pays minier dont il restait les terrils (des montagnes de déchets issus des puits et des fosses), datant de la première industrialisation au XIXème, mais aussi un fort niveau de pauvreté lié à un chômage de masse, a su trouver dans la transition écologique les ressorts pour mobiliser sa population et tous les acteurs locaux au service d’un nouveau modèle de société.
On pourra savourer l’extraordinaire réflexion du Maire Jean-Louis Caron qui explique comment le tissu associatif a été le moteur d’une recomposition économique faite en douceur par et pour les citoyens. Au cœur du dispositif, le recours à une économie circulaire qui privilégie les circuits courts. D’ailleurs, signe de réussite, Loos en Gohelle a été labélisée par l’ADEME (Agence pour le Développement et la maîtrise de l’Energie) « premier démonstrateur sociétal de la durabilité appliquée » en France. Un modèle basé sur les énergies renouvelables, mais aussi l’agriculture de proximité, les circuits-courts et le développement de nouvelles solidarités. Une confiance et une dignité retrouvées qui se traduisent aussi par un nouvel élan démocratique basé sur les échanges et les prises de décision à l’échelle locale.
Une mise en ouvre concrète des réflexions de Rob Hopkins, dont on trouvera l’essentiel en Librairie (Manuel de Transition : de la dépendance au pétrole à la résilience locale, Éditions Écosociété , 2010, 216 p) qui se décline sur d’autres exemples de villes ayant amorcé leur transition. Il y a La Rochelle en France, ou encore Pontevedra en Espagne par exemple.
Alors c’est quoi la Transition écologique ? C’est un mouvement dont nous sommes tous acteurs aujourd’hui, qu’on le veuille ou non, pour réinventer notre monde. Et la réussite de cette transition, c’est le résultat de ce que chaque citoyen est prêt à faire maintenant, avec ses voisins, pour modeler une société durable.