Chaque jour, nous consommons environ 150 litres d’eau pour nos usages domestiques : alimentation, hygiène, douche, lessive ou encore toilettes. Or, une chasse d’eau classique consomme entre 9 et 12 litres par utilisation : à rapporter au nombre de fois que nous utilisons les toilettes en moyenne, cela représente environ 36 litres d’eau par personne et par jour.
Consciente de cette quantité astronomique d’eau potable consommée par nos chasses d’eau, la startup Etteliot s’est lancée le défi de « renverser le monde des toilettes », slogan d’où elle tire d’ailleurs son nom. Les créateurs d’Etteliot ont ainsi mis en place une solution pour traiter les urines par évaporation.
Une solution destinée aux utilisateurs de vans et fourgons
Concrètement, ce dispositif de traitement des urines, destiné aux utilisateurs de toilettes sèches, comprend trois étapes :
Dans un premier temps, la filtration permet de séparer les corps solides des matières liquides afin qu’ils n’entrent pas dans le processus de désinfection et d’évacuation. Ensuite, la désinfection de l’urine s’effectue par électrolyse afin d’obtenir une solution stable et inodore. Enfin, un brumisateur d’ultrason est utilisé pour vaporiser le liquide et l’évacuer sous forme de brouillard, permettant ainsi une évacuation dans l’air sans vidange.
Le dispositif ainsi constitué peut être installé sur toutes les toilettes sèches existantes, grâce à un boîtier de petite taille, qui s’installe dans l’habitacle de la toilette. Selon Alexandre Evrard, co-fondateur de l’entreprise, « l’intérêt de cette installation réside dans le fait que nous n’avons plus besoin de nous occuper des urines une fois qu’on a été aux toilettes : le boîtier traite l’urine et la rejette sous forme de brouillard dans l’air. Donc, on n’utilise plus de produits chimiques et la seule nécessité est d’avoir de l’électricité ».
Grâce à ce boitier de traitement qui permet aux utilisateurs de se déplacer sans avoir besoin de vider le réservoir d’urine des toilettes, la startup Etteliot vise dans un premier temps le secteur du tourisme, notamment pour les véhicules de loisirs comme les vans ou les fourgons, qui sont équipés d’une toilette sèche avec un séparateur. Le produit s’adresse également au monde du nautisme, du BTP et des tiny-houses, univers dans lequel les entrepreneurs constatent une forte demande. « Nous leur apportons du confort, avec un produit qui permet de ne plus utiliser ni toilettes chimiques, ni eau, ni station d’épuration. C’est un marché qui est demandeur, ce qui nous a permis de pré-vendre une petite cinquantaine de nos produits en 3 mois » ajoute l’entrepreneur.
Démocratiser l’accès aux toilettes
Cette solution est une première étape, mais les dirigeants d’Etteliot souhaitent à terme aller plus loin afin de proposer une solution aux nombreux pays ne possédant pas un accès garanti à l’eau et à l’assainissement « L’idée, c’est de pouvoir proposer des toilettes à tout le monde, et notamment aux personnes qui n’ont pas de toilettes dans les pays en développement ».
La startup, créée en août 2020 et basée à Nantes, a été lauréate du programme Manufacturing Factory proposé par le pôle de compétitivité Antlanpole, et a également été incubée à l’école IMT Atlantique. Elle travaille sur une levée de fonds qui leur permettra de développer un deuxième produit concernant le traitement des matières fécales d’ici 1 ou 2 ans. « Nous avons d’autres idées de développement de produits par la suite, avec les mêmes technologies qu’on utilise aujourd’hui, pour continuer à revaloriser de plus en plus nos déchets », poursuit Alexandre Evrard.
