C’est quoi la géoingénierie ?

La géoingénierie est l’ensemble des techniques visant à utiliser des moyens technologiques pour influencer le climat et l’environnement de la Terre, dans le but de contrer les effets néfastes des activités humaines sur l’atmosphère et le climat.

Ces techniques peuvent prendre différentes formes, allant des méthodes de capture et de stockage du carbone dans les océans ou les sols, aux interventions plus radicales telles que la modification de la couverture nuageuse pour refléter une partie de la lumière solaire, ou encore la manipulation de la circulation atmosphérique pour atténuer les phénomènes climatiques extrêmes. L’ensemencement des nuages pour favoriser l’apparition de la pluie fait également partie de ces procédés.

Ces méthodes ne font cependant pas consensus au sein de la communauté scientifique. La capture et le stockage du carbone figure parmi les solutions mises en avant par le Giec pour lutter contre le changement climatique. À noter cependant que le Giec ne fait pas de recommandations en la matière et s’en tient simplement à lister les options existantes. En outre, aucun consensus scientifique n’existe pour dire que la géo-ingénierie pourrait constituer seule une alternative suffisante pour réduire les risques lié aux changements climatiques.

Très prisée des approches techno-solutionistes, la géoingénierie est un sujet controversé car elle peut présenter des avantages potentiels pour lutter contre les changements climatiques, mais aussi des risques pour l’environnement et la biodiversité. De nombreuses questions éthiques se posent également sur l’usage de ces techniques à grande échelle.


Des solutions pour lutter contre l’environnement ?

La géoingénierie climatique peut offrir des solutions potentielles pour lutter contre les changements climatiques, en utilisant des techniques pour influencer le climat et l’environnement de la Terre. Certaines de ces techniques visent à réduire les émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, en capturant et en stockant le dioxyde de carbone (CO2) produit par les activités humaines.

Certains chercheurs se sont par exemple penchés sur l’idée de stimuler la création de phytoplanctons en déversant du sulfate de fer dans les océans afin d’augmenter leur potentiel en matière de capture du CO2. Le principe fonctionne et des expérimentations ont eu lieu sur le sujet. Cependant, des études soulignent que cela pourrait avoir aussi des conséquences négatives : appauvrir en oxygène de vastes zones ou encore faire émerger des algues toxiques. À tel point que la communauté internationale a préféré interdire ce type d’opération à grande échelle en 2008. En 2020, une simulation réalisée par des chercheurs du Massachusetts Institute of Technology (MIT) a d’ailleurs montré qu’augmenter la teneur en sulfate de fer à un endroit pourrait déséquilibrer d’autres zones. « La quantité totale de fer dont les micro-organismes ont besoin est déjà dans un état de parfait équilibre » résumait Jonathan Lauderdale, l’un des chercheurs ayant participé à cette étude.

Philosophiquement, les solutions de géoingénierie ne sont pas très éloignées de ce que représente la restauration des puits de carbone – notamment les zones humides et la reforestation – qui vise à booster la capture naturel du CO2 par la nature. Mais leurs applications se basent souvent sur des approches qui peuvent bouleverser les équilibres naturels.

Parmi ces approches, il y a le fait de modifier l’énergie solaire reçue par la Terre, en utilisant des moyens tels que la modification de la couverture nuageuse ou l’ajout de particules dans l’atmosphère afin de « renvoyer » vers l’espace une partie de la lumière solaire. D’autres interventions en géoingénierie peuvent viser à atténuer les phénomènes climatiques extrêmes, en modifiant la circulation atmosphérique ou en utilisant des moyens pour absorber ou dissiper l’énergie de tempêtes ou de typhons. Certains pays, comme la Chine ou les Émirats Arabes Unis tentent également d’ensemencer les nuages avec des particules de sel afin de provoquer la pluie.

Bien que ces techniques puissent avoir des avantages potentiels pour lutter contre les changements climatiques, elles soulèvent également des questions éthiques et des risques pour l’environnement, qui doivent être pris en compte avant de les mettre en œuvre à grande échelle.


Quels risques pour l’environnement ?

Les risques liés à l’utilisation de la géoingénierie peuvent être variés et dépendent de la technique utilisée. Toutefois, certains risques courants peuvent être les suivants :

  • Le risque d’inefficacité : certaines techniques en géoingénierie peuvent ne pas avoir l’effet escompté, ou ne pas avoir un impact suffisant pour contrer les changements climatiques.
  • Le risque d’effets secondaires non désirés : les interventions en géoingénierie peuvent avoir des effets secondaires imprévus, qui peuvent être néfastes pour l’environnement ou la société. Par exemple, la modification de la couverture nuageuse peut affecter la répartition des précipitations, ou la circulation atmosphérique peut causer des phénomènes météorologiques extrêmes à des endroits inattendus.
  • Le risque de dépendance : l’utilisation de la géoingénierie peut entraîner une dépendance vis-à-vis de ces techniques, en lieu et place de la réduction des émissions de gaz à effet de serre par des moyens plus durables.
  • Le risque de dommages collatéraux : les interventions en géoingénierie peuvent avoir des conséquences non désirées pour la biodiversité ou les écosystèmes, qui peuvent avoir des répercussions sur les populations humaines ou l’environnement global.


La géoingénierie climatique : une question éthique

Il existe aussi des questions éthiques soulevées par l’utilisation de ces techniques à grande échelle. Certaines de ces questions peuvent être les suivantes :

  • Qui devrait décider de l’utilisation de la géoingénierie ? Quels critères devraient être utilisés pour évaluer si une intervention est justifiée ou non ?

  • Comment garantir que les interventions en géoingénierie seront effectuées de manière responsable, en prenant en compte les effets potentiels à court et à long terme sur l’environnement et la société ?

  • Quels sont les risques liés à l’utilisation de la géoingénierie, et comment les gérer ? Par exemple, comment éviter que des interventions ne se retournent contre nous, ou ne causent des dommages inattendus pour l’environnement ?

  • Quelle sera l’influence de la géoingénierie sur les relations internationales ? Comment éviter que certains pays ne l’utilisent pour leur propre bénéfice, au détriment d’autres pays ou de l’environnement global ?

Ces questions montrent que l’utilisation de la géoingénierie pose des défis éthiques importants, qui doivent être pris en compte lorsque ces techniques sont considérées comme une option pour lutter contre les changements climatiques.

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