C’est quoi l’agriculture urbaine ?

L’agriculture urbaine, c’est la production de fruits, de légumes, de plantes ou de tout type d’aliments en ville. Cette pratique agricole est reconnue par l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) comme une nécessité afin de permettre le développement durable. 

Elle apporte en effet de nombreux avantages : production d’une alimentation locale et bio en ville, mais aussi réintroduction de la biodiversité dans les espaces urbains. Enfin, cette pratique pourrait s’inscrire comme une alternative face à la raréfaction des terres cultivables et l’artificialisation des sols.

L’agriculture urbaine est pratiquée par 800 millions de personnes dans le monde et de nombreuses villes y investissent via plusieurs méthodes : création de jardins partagés, mise en place de potagers sur les toits, dans les parkings souterrains, création de ceintures maraîchères en zones péri-urbaines, éco-pâturage ou encore cultures dans des containers.

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Comment fonctionne l’agriculture urbaine ?

Alors, faire pousser des fruits et légumes en ville : comment ça marche ? Où est-ce pratiqué ? Pour quel résultat ?


1- l’agriculture urbaine permet de cultiver partout où il y a de la place

Tout type de surface est utilisable pour le développement de l’agriculture urbaine, d’un simple balcon à une friche industrielle en passant par des parkings et des toitures. Il n’y a pas de champs dans les villes mais elles possèdent toutes de grands espaces qui peuvent être aménagés.

Les toits des bâtiments, les terrasses, les cours de récréation dans les écoles, les caves, les parcs et les jardins sont les plus prisés. Mais en vérité, n’importe quel trottoir pourrait même faire l’affaire. Quelques entreprises l’ont bien compris : Cycloponics, par exemple, cultive des champignons et des endives dans des parkings souterrains. Agricool installe des fermes de containers pour y faire pousser des herbes aromatiques et des fraises. Bien élevées ou encore Aeromate utilisent les toitures. Merci Raymond travaille dans les écoles et les pieds d’immeubles….


2- Un mix de pratiques basiques et d’innovation

Ensuite, le fonctionnement de l’agriculture urbaine est un mélange de pratiques basiques et d’autres plus techniques. La partie simple, c’est la culture en pleine terre qu’on peut retrouver dans des jardins partagés, les toits et les terrasses, les cours de récréation par exemple.

La partie technique se scinde en deux éléments : Il y a d’abord l’hydroponie. C’est une culture hors-sol qui permet de faire pousser des végétaux dans un circuit fermé où circule un mélange d’eau et de nutriments liquides. Généralement, ce circuit fermé prend l’apparence d’une tour. C’est ce qui permet de créer des “fermes verticales”. On peut aussi aller plus loin avec l’aquaponie, qui utilise aussi un circuit fermé basé sur l’eau mais dans lequel les nutriments sont fournis par les déjections de poissons.

L’autre pratique consiste en l’utilisation des LED comme alternative à la lumière du soleil. Elle est utilisée pour faire pousser les plantes dans des endroits sombres comme les caves, les parking où les containers. Des combinaisons entre ces différentes technologies sont également possibles.


3- Des rendements assurés pour des produits de qualité

Quels résultats peut-on espérer avec cette pratique ? Vous serez heureux d’apprendre qu’une surface d’un mètre carré correctement cultivée peut fournir 20 kg de nourriture par an. Il en faut donc peut pour obtenir une réelle productivité. Par ailleurs, les risques de pollution sont finalement assez faibles puisqu’elle intègre la plante via les racines qui sont protégées dans la grande partie des cas (caves, containers, hydroponie).

A paris, la plus grande ferme urbaine qui ouvrira bientôt est ainsi censée produire 50 tonnes d’aliments par an pour 7 000 m2 de surface. Ailleurs, à Cuba, on estime que l’agriculture urbaine a permis de produire 1,2 millions de tonnes de légumes et herbes aromatiques en 2013, soit environ 50% de la consommation de ces aliments en zone urbaine.

ville végétale
Potager urbain sur une terrasse parisienne, proposé par la startup Merci Raymond


Quels sont les avantages de l’agriculture urbaine ? 

Les avantages de l’agriculture urbaine sont multiples. Ils concernent à la fois la qualité nutritive des aliments que la lutte pour endiguer le réchauffement climatique et l’étalement urbain.


1- Cultures sans pesticides et vente en circuit-court

Mais le premier avantage de cette pratique agricole, c’est bien entendu la qualité du produit et ses bienfaits pour la santé. Chaque année un français ingère environ 1,5 kg de pesticides via son alimentation. Or, l’utilisation des pesticides dans les espaces publics est interdite. Les productions issues de l’agriculture urbaine sont donc garanties sans pesticides.

Toutes n’ont pas l’appellation bio puisque cette appellation ne concerne que les cultures en pleine terre et excluent donc l’aquaponie. L’autre avantage de l’agriculture urbaine, c’est la réduction de l’empreinte carbone par la mise en place d’une vente en circuit-court (en amap, dans les épiceries de quartier, grâce à la livraison à vélo, etc.). C’est aussi ce qui permet aux villes de renforcer leur autonomie alimentaire.


2- Réguler le climat et préserver la biodiversité

Pour le climat, l’agriculture urbaine représente aussi un avantage concret. La végétalisation des espaces urbains permet une meilleure régulation thermique des villes. Comprendre : faire en sorte qu’elles soient viables en période de canicule. En effet, l’évaporation des plantes permet de réduire la chaleur et d’humidifier l’air.

Cela permet aussi de mieux gérer les eaux de pluie car la terre utilisée pour faire pousser les cultures va retenir 75% des eaux qui lui tombent dessus. Cela permet d’éviter les inondations de certaines zones bétonnées. Enfin, ces ilots de végétations permettent aussi de ramener et préserver la biodiversité en zones urbaines. Notamment pour les insectes pollinisateurs.


Un complément plutôt qu’une alternative ?

« Le secteur est en plein boom depuis 2015. Les technologies permettent de produire toute l’année des récoltes de qualité, sans pesticides« , analysait pour le journal Le Monde, Grégoire Bleu, le président de l’Association française d’agriculture urbaine professionnelle. Pour autant la pratique de l’agriculture urbaine peut-elle remplacer le modèle rural ? La réponse est négative, et d’abord d’un point de vue économique. « Très peu de projets sont aujourd’hui rentables et 80 % meurent la première année« , reconnaît ainsi Grégoire Bleu.

Le modèle économique n’est pas encore viable et mettra du temps à se construire. Certaines start-up qui y travaillent intéressent pourtant les investisseurs. Agricool, la société qui fait pousser des fraises dans des containers a ainsi levé un peu plus de 38 millions d’euros depuis sa création. Faute de trouver la rentabilité, la startup a mis fin à son activité début 2022. D’autres entreprises spécialisées sur le sujet – Jungle, par exemple – mise également sur de fortes levées de fonds pour se développer, mais leurs modèles économiques ne sont pas encore viables.

Enfin, il y a la question du rendement. L’agriculture urbaine peut-elle se substituer à l’agriculture en zone rurale ? C’est très compliqué en raison de la surface disponible mais aussi du type de culture qui est possible. D’après l’APUR qui accompagne  et documente les politiques urbaines parisiennes, il faudrait par exemple 16 000 hectares de cultures pour assurer l’autosuffisance des Parisiens en fruits et légumes uniquement. Ce qui représente 1,5 fois la surface de la ville.

Ensuite, la production de fruits, légumes, oeufs ou herbes aromatiques ne saurait assurer une alimentation équilibrée à une population. Et tant qu’on ne saura pas faire pousser de blé en ville, l’agriculture urbaine sera toujours limitée. Mais cela représente un complément très intéressant car la demande en fruits et légumes frais dans les zones urbaines est très importante. Il y a donc un équilibre à trouver et un modèle économique à affiner. 

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