Ÿnsect est ce qu’on appelle une pépite. La startup française, spécialisée dans l’élevage d’insectes et la fabrication de farine destinée à nourrir les animaux, fait régulièrement l’actualité depuis sa création en 2011. D’abord parce que son coeur de métier – qui consiste à élever des insectes pour fournir une source de protéines aux animaux d’élevage – est intriguant, futuriste et parfaitement nécessaire.
L’actualité récente autour des mégabassines, destinées en partie à l’irrigation de champs de maïs dans les Deux-Sèvres, nous rappelle en effet qu’une grande majorité des terres arables en France est destinée à l’alimentation des animaux d’élevage. Outre la consommation de terres agricoles, ces cultures sont également consommatrices d’eau et d’intrants de synthèse. Un triple sujet environnemental auquel l’élevage d’insectes apporte une solution : grâce à des fermes verticales, on utilise moins de terres pour produire autant de protéines ; qui sont garanties sans pesticides et qui consomment beaucoup moins d’eau.
C’est le pari effectué par Ÿnsect il y a 12 ans à grand renfort de levées de fonds pour se développer rapidement et devenir le leader mondial du secteur. Cette semaine, l’entreprise française a encore clôturé un tour de financement de 160M€, ce qui porte le montant total levé par la startup jusqu’à aujourd’hui à environ 570M€. Ses investisseurs historiques comprennent les fonds Demeter, Astanor Ventures, Bpifrance ou encore l’acteur américain Robert Downey Jr.
[Mapping] – Ces entreprises qui développent les protéines d’insectes en France
Un pivot vers l’alimentation des animaux domestiques
Le développement de la startup sur le marché des nouvelles protéines a donc été fulgurant ces dernières années. L’entreprise exploite désormais des fermes en France, aux Pays-Bas et aux États-Unis. Elle se développe également au Mexique, tout en envisageant une éventuelle entrée en Asie. Son usine d’Amiens, dans le nord de la France, est présentée par la marque comme la plus grande ferme verticale du monde. Elle doit pouvoir produire 160 000 tonnes de protéines par an.
Mais alors qu’elle vient d’annoncer sa dernière levée de fonds, la société française en profite pour opérer également un pivot stratégique qui vise à se concentrer davantage sur les aliments pour animaux de compagnie ; des produits à marge élevée qui seront plus profitables dans un contexte de flambée des prix de l’énergie et des matières premières. Un marché encore naissant en France où existent déjà quelques structures à l’image des startups Reglo et Tomojo.
“L’alimentation animale est un bon marché, mais il faut plus de temps pour avoir un impact financier et économique positif. Nous nous concentrons aujourd’hui sur les produits qui où les revenus sont les plus élevés et où l’empreinte environnementale est meilleure » explique Antoine Hubert, CEO de la startup, dans des propos rapportés par Bloomberg.
De fait, ce changement de stratégie entraînera une réduction de l’effectif mondial de 360 personnes, soit environ 20% des effectifs du groupe. Ces licenciements concernent principalement l’activité de la marque aux Pays-Bas, où Ÿnsect devrait progressivement cesser la production d’ingrédients alimentaires afin de la convertir en centre R&D.