C’est quoi le biocontrôle ?

Le biocontrôle, c’est l’utilisation de méthodes douces et alternatives pour supprimer de nos champs et de nos jardins les produits phytosanitaires ou phytopharmaceutiques (pesticides, insecticides, engrais azotés chimiques, etc.). Une étape pour tendre vers une agriculture raisonnée et plus respectueuse à la fois de l’environnement et de la santé humaine. Le biocontrôle consiste donc à utiliser des organismes vivants ou des substances naturelles pour prévenir ou réduire les dommages causés dans les cultures par des ravageurs, plantes adventices et pathogènes… C’est à dire utiliser la nature pour encadrer la nature.

Le Ministère de l’Agriculture rappelle que l’article L. 253-6 du code rural (et de la pêche maritime) définit le biocontrôle comme l’ensemble « des agents et produits utilisant des mécanismes naturels dans le cadre de la lutte intégrée contre les ennemis des cultures ». Il s’agit donc de contrôler l’action négative des bioagresseurs  sans chercher à les détruire ou les éradiquer.

Les techniques du biocontrôle sont classées en quatre familles :

  • Macro-organismes (insectes, acariens ou nématodes)
  • Micro-organismes (virus, bactéries ou champignons)
  • Médiateurs chimiques (phéromones)
  • Substances naturelles d’origine minérale, végétale ou animale.

  • Une alternative aux intrants de synthèse

    Le biocontrôle fait ainsi partie des multiples facettes de ce qu’on appelle l’agroécologie, qui vise à se baser sur les écosystèmes pour maintenir ou optimiser les rendements des cultures. Un exemple du biocontrôle est ce qu’on appelle la lutte biologique, une pratique qui consiste à introduire dans les cultures les ennemis naturels des ravageurs appelés « auxiliaires biologiques ». C’est le principe de l’utilisation des coccinelles pour lutter contre les pucerons. La lutte biologique se fait soit par acclimatation (on introduit un auxiliaire biologique exogène), soit par augmentation (on introduit massivement un auxiliaire biologique) pour réduire une population de ravageurs, soit par conservation (on protège l’environnement des plantes et des cultures en maintenant la diversité du biotope).

    À ces pratiques s’ajoutent les produits phytopharmaceutiques de biocontrôle qui sont composés de micro-organismes, de substances chimiques ou naturelles. Ces dérivés doivent faire la preuve de leur conformité aux normes européennes de protection de la santé, comme de l’environnement. Bénéficiant alors d’une Autorisation de Mise sur le Marché (AMM), ces produits sont répertoriés depuis le 12 Mars 2020 sur le site du ministère.

    En France, on compte de plus en plus d’acteurs engagés dans ces pratiques, à l’image des startups Axioma, Inoculum Plus ou encore de la startup Mycophyto. Ces entreprises développent ainsi des produits qui peuvent permettre de réduire notre dépendance aux intrants de synthèse, voire, demain, s’y substituer pleinement.

    siège axioma
    La startup Axioma est l’un des leaders du biocontrôle en France


    Vers une agriculture indépendante des produits chimiques ?

    Défini par les Ministères de l’Agriculture, de la Transition écologique, de la Santé et de l’Enseignement Supérieur, en avril 2018, le plan d’actions sur les produits phytopharmaceutiques pour une agriculture moins dépendante aux pesticides se décline en 4 axes :

  • Diminuer rapidement l’utilisation des substances les plus préoccupantes pour la santé et l’environnement,
  • Mieux connaître les impacts pour mieux informer, protéger la population et professionnels et préserver l’environnement,
  • Amplifier la Recherche-Développement d’alternatives et la mise en œuvre de ces solutions par les agriculteurs,
  • Renforcer/améliorer la Gouvernance et le fonctionnement du Plan ECOPHYTO 2
  • Un ambitieux plan ECOPHYTO 2 qui prévoit de réduire les usages de produits phytopharmaceutiques de 50% d’ici 2025 et de sortir du glyphosate d’ici fin 2020 pour les principaux usages et au plus tard d’ici 2022 pour l’ensemble des usages.

    Ce qui nécessite, pour que la production alimentaire française garde sa compétitivité, de substituer les intrants chimiques par des techniques naturelles. D’où le recours à l’agroécologie, l’agriculture de précision, l’agriculture urbaine ou encore l’agriculture biologique. À noter que ces modèles ne sont pas opposés mais complémentaires et qu’il convient, pour réussir la transition agricole et alimentaire, de les faire travailler ensemble.


    Le Plan Ambition Bio 2022

    Parmi les réponses aux problèmes liés à l’usage de produits phytosanitaires, ce plan prévoit notamment de parvenir à 15% de la surface agricole utile française conduite en agriculture biologique en 2022. Il s’agit de promouvoir des modes de production respectueux de l’environnement, garantir le bien-être animal et préserver la biodiversité afin de répondre à une demande croissante des consommateurs qui formulent ainsi de nouvelles attentes sociétales. Et le bio fait partie de ces attentes.

    Car cette transition vers une agriculture biologique ou vers les autres pratiques (notamment l’agroécologie) est synonyme d’innovations, du maintien de l’emploi à l’échelle locale, de livraisons en circuits courts qui génèrent moins de GES, et enfin et surtout du respect de la biodiversité.

    Pour aider les professionnels de l’agriculture à franchir ce pas décisif, le Ministère a développé ÉcophytoPIC : un portail web pour tout savoir sur la protection intégrée des cultures.

    ÉcophytoPIC accompagne ainsi les producteurs dans leurs efforts pour concilier la rentabilité de leurs exploitations et la protection de l’environnement. Le site donne accès à des informations, à des ressources pour chaque grande filière, afin de réussir la protection intégrée des cultures qui encourage les mécanismes naturels de lutte contre le développement d’organismes nuisibles en limitant le plus possible l’utilisation de produits phytopharmaceutiques pour réduire les risques sur l’environnement et la santé humaine. Et donc en respectant le bon usage du biocontrôle.

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