C’est quoi la phytoremédiation ?

La phytoremédiation est un ensemble de techniques qui utilisent les caractéristiques de certaines plantes pour dépolluer naturellement les sols et l’eau. Il s’agit d’une méthode directement issue de ce qu’on appelle l’agroécologie, qui étudie les interaction des écosystèmes naturels entre eux.

La phytoremédiation représente une filière d’avenir pour décontaminer les sols pollués par les métaux lourds ou encore les pesticides. Pour la réhabilitation des friches urbaines, commerciales ou industrielles, cela représente une opportunité. En outre, ces techniques permettent de mettre en place des couverts végétaux qui permettent de limiter l’érosion des sols.

Il existe plusieurs méthodes pour la phytoremédiation, dont les plus connues sont la phytoextraction, la phytostabilisation et la phytodégradation.

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Pour aller plus loin

La phytoremédiation consiste donc à « réparer » les sols et à purifier les eaux par l’utilisation naturelle (ou génétiquement modifiée) de plantes. La capacité naturelle de certaines plantes, associées à des champignons ou des algues, permet ainsi de capter ou d’éliminer les produits toxiques et polluants qui ont contaminé une terre ou une étendue d’eau.

Il s’agit d’une technique de dépollution généralement simple à mettre en œuvre. Cependant, la phytoremédiation n’est pas non plus une solution miracle qui permettrait de  « tout » nettoyer. Les vertus et la force de cette pratique ne doit donc pas nous exonérer d’une réflexion sur nos activités polluantes.

Aux origines de la phytoremédiation, on retrouve notamment un évènement majeur de ces dernières années : la terrible catastrophe nucléaire de Tchernobyl (1986 en Ukraine). Après laquelle, tout le monde était convaincu que ce territoire serait inhabitable à jamais.

Pourtant, en 2018 German Orizaola (Université d’Oviedo) et une équipe de chercheurs publiaient dans The Conversation un reportage illustrant comment le site de Tchernobyl était devenu un sanctuaire pour de nombreuses espèces animales et végétales. C’est en observant la repousse naturelle des plantes là-bas, mais aussi après des sinistres comme les incendies, que les chercheurs ont mis en évidence les caractéristiques de certaines espèces pour décontaminer des sols, à l’image du saule, par exemple.

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Différents types de phytoremédiation

La Phytoremédiation permet donc, grâce au métabolisme de la plante, d’absorber, de contenir ou dégrader les contenus toxiques présents dans le sol. Qu’il s’agisse de contaminants organiques (des pesticides) ou inorganiques (radionucléides, éléments métalliques). Il existe différentes pratiques de phytoremédiation (par les plantes) ainsi que des techniques qu’on appelle mycoremédiation (par les champignons) ou phycoremédiation (par les algues).


La phytostabilisation

La Phytostabilisation se fait par les racines. Celles d’un peuplier peuvent ainsi séquestrer des polluants (Arsenic, Nickel et Uranium) qui se seraient dispersés jusque dans les nappes phréatiques, par exemple. Cette technique permet notamment de limiter l’infiltration profonde des métaux, mais aussi de prévenir l’érosion éolienne des poussières métalliques présentes en surface grâce au couvert végétal en surface.


La phytoextraction

La phytoextraction consiste à extraire les polluants qui sont aspirés par les racines de certaines plantes, comme le Tournesol ou l’Alyssum Murale. Les métaux captés sont ensuite valorisés, soit par réaction chimique soit par un procédé très spécifique de combustion.


La phytodégradation

Les saules sont, par exemple, des plantes spécialisées en phytodégradation. Leurs molécules développent des enzymes dont l’action dégrade significativement les polluants tels que les hydrocarbures, les pesticides et même les résidus d’explosifs.


La phytovolatilisation

De même, la plante du tabac a la vertu d’absorber le trichloréthylène, le mercure ou encore le sélénium pour les restituer par transpiration en éléments volatils infiniment moins toxiques.


Limites et perspectives de la phytoremédiation

Cette technique possède évidemment de nombreux avantages qui favorisent la biodiversité, limitent l’érosion des sols et protègent les nappes phréatiques. Cela permet aussi, évidemment, de permettre de réutiliser des sols qui sinon seraient restés stériles à cause de l’activité humaine.

Cependant, la phytoremédiation est une technique qui, déjà, prend énormément de temps en l’état actuel des connaissances. À Saint-Laurent-Le-Minier, dans le Gard, il faudrait environ 50 ans pour dépolluer complètement le sol par les plantes.

Enfin, des équipes de recherche développent des plantes transgéniques pour alimenter le secteur de la Phytotechnologie spécifiquement dédiée à la dépollution des sols. Un travail qui se tourne également vers la « fabrication » de protéines génétiquement modifiées pour les rendre « compatibles » avec les métaux lourds présents dans les eaux. En codant les protéines de certaines bactéries les chercheurs arrivent à les fixer dans des petites cartouches filtrantes qui permettent de faire ressortir en fin de traitement une eau dépolluée.

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