Le World Resources Institute prévoit un écart de 60% entre l’offre et la demande de protéines à l’horizon 2050. Or, aujourd’hui, l’essentiel de nos protéines viennent de la viande ou des légumineuses. Pour combler cet écart entre ressources et population, il est donc nécessaire de produire davantage. Mais dans le même temps, il s’avère que l’élevage et l’agriculture représentent environ un quart de nos émissions de gaz à effet de serre.
Il y a donc un dilemme à résoudre : produire davantage pourrait augmenter les problématiques liées au réchauffement du climat – sans parler des besoins en eau et en terres agricoles qui sont des ressources finies. Ne pas produire davantage augmentera les cas de carences alimentaires voire de famine. Une partie de la solution consiste alors à produire différemment. Et à ce sujet, il y a des alternatives qui font beaucoup parler. C’est le cas de la consommation d’insectes.
Une culture plus respectueuse de l’environnement
Consommer des insectes, c’est une pratique à la fois innovante et très ancienne. En occident, on a perdu le goût pour les grillons, mais dans d’autres endroits du monde, les insectes sont consommés régulièrement. Ils étaient probablement à la base de l’alimentation de nos ancêtres primitifs. Et on trouve des récits provenant de l’antiquité – grecque ou romaine – qui font mention de la présence d’insectes dans les moeurs culinaires de l’époque. Alors, pourquoi ne pas la remettre au goût du jour ?
D’autant que la culture d’insectes – qu’on appelle aussi entomoculture – présente des avantages d’un point de vue environnemental qui ne sont pas sans intérêt.
D’abord, les émissions de gaz à effet de serre liées à l’élevage d’insectes sont considérées comme étant 100 fois moins importantes que celles des autres animaux d’élevage. D’autre part, les déchets organiques de l’élevage entraînent une pollution de l’eau et des sols (nitrification et acidification des sols). Or, les insectes peuvent être élevés sur du compost ou du lisier. Cela permet de réduire la contamination environnementale ainsi que de valoriser ces résidus d’élevage. Pratiquer l’entomoculture en parallèle de l’élevage crée donc un cercle vertueux propre à l’économie circulaire.
Ensuite, la demande croissante en eau menace la biodiversité et les besoins humains vitaux. L’eau douce est une ressource rare et malheureusement finie. Aujourd’hui cependant, l’agriculture représente près de 70 % de la consommation d’eau douce mondiale. Pour une même quantité de protéine, l’élevage d’insecte requiert 1 500 fois moins d’eau que l’élevage bovin.
Enfin, contrairement à d’autres élevages animaux, produire des insectes ne nécessite pas d’occuper de larges espaces. Ce qui permet à cette culture de s’inscrire facilement dans des démarches d’agriculture urbaine par exemple.
Ces start-up françaises qui investissent le marché des protéines à base d’insectes
Ynsect, un futur leader mondial ?
Ÿnsect c’est le leader français, européen et peut-être bientôt le leader mondial des protéines à base d’insectes. La pépite française a levé près de 300 millions d’euros depuis 2019 pour construire ses fermes de vers Molitor et se développer à l’international. Elle souhaite produire 100 000 tonnes de protéines chaque année à partir de 2022.
Notre article sur Ynsect
NextProtein, spécialiste des larves de mouches
Créée en 2015, NextProtein est spécialisée dans l’élevage des larves de mouches “soldat noir”, qui se reproduisent grâce à la valorisation de déchets organiques. Elle a déjà produit 500 tonnes cette année et vient de lever 10 millions d’euros pour créer un second site de production. Elle aussi vise une production symbolique de 100 000 tonnes de protéines et pense atteindre cet objectif en 2025.
Notre article sur NextProtein
Micronutris, des aliments transformés à base de farine d’insectes
Micronutris élève deux types d’insectes : des grillons et des ténébrions. Ces deux espèces comestibles sont transformées dans le but de proposer une gamme de produits variés : crackers, barres protéinées ou pâtes.
Notre article sur Micronutris
Jimini’s, des produits apéros et produits d’épicerie
Fondée en 2012, par Clément Scellier et Bastien Rabastens, Jimini’s commercialise un ensemble de produits allant des insectes entiers aux produits d’épicerie avec pour objectif de démocratiser la consommation de ces nouvelles protéines.
Notre article sur Jimini’s
Minus Farm, une micro-ferme urbaine pour élever des insectes
Minus Farm est une micro-Ferme urbaine d’insectes comestibles installée près de Lille et qui produit également des aliments transformés grâce à de la farine d’insectes. Elle élève principalement des criquets, des grillons et des larves de ténébrion.
Notre article sur Minus Farm
Reglo, des insectes dans l’alimentation animale
Reglo élabore des croquettes pour chiens à base d’insectes et de produits végétaux. Les insectes apportent les mêmes nutriments que la viande et évitent les allergies et les problèmes digestifs notamment causés par la volaille. La startup prévoit de commercialiser ce même type d’alimentation pour les chats.
Cycle Farms, un élevage d’insectes en Afrique
Cycle Farms produit de l’alimentation animale à base d’insectes. Après des mois de R&D en France, la startup a monté une usine de production au Ghana. Les produits alimentaires sont principalement destinés aux poissons et à la volaille.