Fairphone, /e/OS, TeleCoop, Your Co-op Mobile, WEtell et Commown : voici les 6 acteurs qui composent le collectif FairTec. Un collectif qui vise à proposer aux consommateurs un écosystème « smartphone » plus responsable que ce que l’on trouve aujourd’hui sur le marché.
1,4 milliards de smartphones sont en effet vendus chaque année dans le monde. Un chiffre ahurissant quand on sait que leur fabrication et leur utilisation entraînent de fortes émissions de CO2 mais surtout que leur renouvellement est faible (on estime à 15% le volume de téléphones réutilisés) et leur recyclage imparfait. D’autant que, en ce qui concerne les smartphones, les utilisateurs sont mis au pied du mur par les géants de la tech – Apple, Samsung et Google en tête – qui dominent le marché.
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Comment, dès lors, se munir d’un appareil fabriqué de manière écoresponsable ? Il existe depuis longtemps des alternatives. La plus connue s’appelle Fairphone, du nom de ce fabriquant hollandais qui propose depuis 2013 des smartphones réparables, modulaires et éco-conçus. En France, d’autres acteurs ont également émergé ces dernières années, notamment Commown, qui propose des équipements numériques en location afin d’en allonger la durée de vie ; ou encore la coopérative TeleCoop qui propose une offre alternative aux opérateurs de téléphonie classiques. Moins connu, /e/ propose un système d’exploitation pour smartphone qui respecte la vie privée des utilisateurs.
Réunis au sein du collectif FairTec, ces acteurs vont désormais mutualiser leurs avantages pour proposer aux français-es un écosystème vertueux autour de la téléphonie. Dans les faits, il sera donc possible de louer ou d’acheter un fairphone équipé du système d’exploitation /e/ et d’une carte sim Telecoop. « Nous pensons que les organisations ont la responsabilité d’offrir des solutions et des services susceptibles de limiter notre impact et d’accompagner les utilisateurs finaux à changer leurs pratiques » précisent les 4 entreprises dans leur manifeste.
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Pourquoi l’initiative FairTec est intéressante ?
Le secteur du numérique représente aujourd’hui 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Une pollution largement liée à la fabrication des équipements (ordinateurs, smartphones, etc.). La production d’une télévision, par exemple, va générer autant de CO2 qu’un aller-retour Paris-Nice en avion. Or, en France, entre 4 millions et 5 millions de télévisions sont vendues chaque année. Ensuite, l’empreinte carbone du numérique est relative à l’utilisation des équipements, au regard de la manière dont est produite l’électricité dans les différents pays du monde. L’usage d’un équipement numérique dans un pays où l’électricité est bas-carbone est bien moindre que dans un pays qui tire son électricité du charbon. Enfin, cette empreinte carbone augmente au fur et à mesure que nous renouvelons nos équipements. Un smartphone, par exemple, a une durée de vie moyenne de 3 à 4 ans aujourd’hui.
Les solutions pour réduire l’empreinte carbone du numérique résident donc dans 3 leviers : d’abord, réduire les impacts négatifs liés à la production des smartphones. Ce qui signifie de produire moins, et de produire mieux, en recourant à des matériaux renouvelables, à de l’éco-conception, à des méthodes de production éthiques et respectueuses de la nature, mais aussi de l’homme. Ensuite, il y a évidemment un travail essentiel qui concerne le mix-énergétique global qui doit s’orienter massivement sur des modes bas-carbone (tel que le nucléaire) et idéalement renouvelables. Ensuite, il y a l’allongement de la durée de vie des équipements.
Cela passe par la lutte contre l’obsolescence programmée, autant matérielle que logicielle, qui va prolonger de fait la durée de vie des appareils. Il y a ensuite le recours à la réparabilité (ce que propose Fairphone) ou au reconditionné. Le marché du reconditionné est d’ailleurs en plein essor, en témoigne le succès de la « licorne » française backmarket, mais aussi du développement d’entreprises comme Zack ou Recommerce, qui permettent d’allonger la durée de vie des smartphones et donc de lisser leur empreinte carbone dans le temps. C’est aussi ce que propose Emmaüs avec Lacollecte.tech, une plateforme pour faciliter le réemploi et le reconditionnement d’appareils numériques inutilisés.
L’initiative proposée par le collectif FairTec combine donc ces trois solutions (avec de la location à la place du reconditionné, mais le même objectif de faire durer l’appareil dans le temps) et s’apparente donc à une alternative intéressante pour améliorer notre usage écoresponsable de la téléphonie.