Fondée en 2014 par plusieurs actionnaires de pays différents, dont Cécile Dekeuwer, Jörg Schaff et Sébastien Faust, WeCo est une startup française qui conçoit des toilettes publiques autonomes et écologiques. Comment ? La startup a développé un système breveté qui permet de recycler sur place les eaux usées grâce à un double traitement bactériologique et électrochimique. Un procédé qui permettrait d’économiser 97% d’eau par rapport à des toilettes habituelles.
Concrètement, ces toilettes écologiques fonctionnent donc comme une mini-centrale de traitement des eaux. Les matières solides, après traitement bactériologique, sont décomposées dans une cuve spécifique tandis que les liquides sont retraitées par électrolyse afin d’obtenir de l’eau qui sera utilisée pour remplir la chasse. Ces toilettes peuvent donc fonctionner sans être raccordées au réseau d’eau puisqu’elles sont autonomes grâce aux urines retraitées des usagers. Le surplus d’eau peut même, le cas échéant, être réutilisé directement pour d’autres usages (arroser les plantes, laver les sols, etc.).
D’après l’entreprise, ces toilettes ont une autonomie d’environ 15 jours entre deux vidanges et, dans l’idéal, les boues peuvent même être revalorisées par la suite comme cela se fait dans certaines STEP. Équipés de panneaux solaires, ces toilettes autonomes en eau pourraient aussi être autonomes en électricité. Une expérimentation en ce sens devrait être réalisée au Sénégal, cette année.
Grâce à ce fonctionnement en circuit-fermé et parce qu’elles n’ont pas besoin d’être raccordées à un réseau, ces toilettes s’adressent notamment aux pays en développement ou aux zones d’urgences humanitaires. Mais l’entreprise travaille également à optimiser sa solution pour qu’elle corresponde à d’autres usages. WeCo a d’ores et déjà noué un partenariat avec Alstom pour développer des toilettes écologiques dans les trains de demain et elle réfléchit également à miniaturiser son système afin qu’il puisse équiper, par exemple, des chantiers ou des bateaux. En France, des collectivités locales ont déjà testé ce système pour leurs toilettes publiques ou pour équiper des écoles, comme à Rennes ou dans plusieurs communes d’Île-de-France.
Cette innovation a été reconnue par de nombreux prix de l’innovation dans le monde : prix de la Fondation Gates, Sceau d’Excellence de la Commission Européenne, prix de l’innovation de WaterEurope, prix de l’European innovation Center Climate KIC, Projet d’Investissement d’Avenir (PIA) du Secrétariat Général à l’Investissement français opéré par l’ADEME.
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En France, les toilettes utilisent 3 000 litres d’eau par seconde
Aujourd’hui, moins de la moitié des habitants de la planète disposent d’un lieu décent pour ses besoins. L’ONU estime que 3,6 milliards de personnes sont concernées et que près d’un milliard de personnes sont contraintes de se soulager en plein air. Un véritable problème environnemental et sanitaire car nos excréments peuvent ensuite se répandre dans les cours d’eau puis les sols, ruisselant et contaminant ainsi les eaux souterraines avec, pour conséquence, que près de 300 000 enfants de moins de cinq ans meurent chaque année après avoir bu de l’eau contaminée.
À l’inverse, dans les pays développés, la ressource en eau – qu’on a longtemps cru inépuisable – est gaspillée dans des proportions dantesques. 7 milliards de m3 d’eau potable sont gaspillés pour les chasses d’eau chaque année. En France, le volume d’eau utilisé dans nos chasses d’eau est considérable : environ 3 000 litres chaque seconde.
Alors que la situation hydrique de l’hexagone – mais plus globalement de l’Europe de l’Ouest – est critique en ce début d’année 2023 en raison d’une sécheresse qui perdure, le système développé par WeCo permet de mieux visualiser le potentiel de la réutilisation des eaux usées et ouvre une véritable question sur le sujet des toilettes occidentales. Pour franchir un cap dans son développement, la startup a récemment annoncé qu’elle travaillait actuellement à une levée de fonds « pour faire certifier la technologie, l’industrialiser et développer notre société à l’international, d’abord en Suisse, puis Hollande, Allemagne, pour ensuite aborder l’Afrique, l’Inde et la chine », précisait récemment Cécile Dekeuwer chez nos confrères de BFM TV.