Le programme de Développement Durable de l’ONU répond à un ensemble d’enjeux sociaux et environnementaux qui, via l’atteinte de 17 objectifs, doit nous permettre de dessiner le monde de demain. Ces Objectifs de Développement Durable – ou ODD – ont pour but d’offrir les perspectives d’un avenir viable autant pour la population mondiale que pour l’environnement.
L’un des objectifs représentatifs de ce double enjeu est l’Objectif 11 : « Faire en sorte que les villes et les établissements humains soient ouverts à tous, sûrs, résilients et durables ». En d’autres termes, transformer les milieux urbains de manière durable pour préserver les ressources naturelles, limiter leur impact environnemental et garantir une qualité de vie convenable à toutes et à tous.
Accompagner la croissance urbaine des pays en développement
Si certaines villes occidentales ont déjà amorcées leur transition vers ce concept de ville durable, la plus grande partie du travail se situe dans d’autres régions du monde. L’ONU estime en effet que 95% de la croissance de la population urbaine se fera dans les pays en développement.
Or, dans la plupart de ces pays, par manque de moyens, cet exode rural massif est difficile à prendre en charge. Ce qui crée des répercussions sociales et environnementales comme la multiplication des taudis et bidonvilles, l’augmentation des déplacements, de la pollution urbaine, ou encore des difficultés dans la gestion des déchets ou dans l’accès à l’eau potable.
Le 11e ODD, consacré au développement des villes durables, tente alors de répondre à ces problématiques par différents points d’actions qui sont, d’ici 2030 :
Les villes sont responsables de 70% des émissions de GES mondiales
Les zones urbaines augmentent les possibilités en matière d’accès au logement, au travail, à la santé, à l’éducation…. Pour cette raison, vivre en ville donne souvent l’idée d’une certaine amélioration de la qualité de vie pour les populations rurales.
Cependant, l’urbanisation croissante de nos sociétés ne se fait pas sans créer des inégalités sociales et des externalités négatives – notamment environnementales – impressionnantes. Ces quelques chiffres permette de rappeler l’importance de cet objectif.
Pourtant, pour permettre la transition de nos modèles urbains vers des modèles de villes vertes, durables et intelligentes, un certain nombre de métropoles s’engagent depuis quelques années dans des travaux qui concernent en particulier les transports, le logement ou encore la gestion des déchets. Il existe même un réseau mondial, le C40 – dont la maire de Paris, Anne Hidalgo, a été présidente l’année dernière – qui fédère les travaux de plusieurs dizaines de villes à ce sujet.
Quelles mesures pour réussir sa transition en ville durable ?
Il est évident que l’ensemble des zones urbaines n’ont pas accès aux mêmes ressources, ni n’ont le même niveau d’avancement pour tendre vers un modèle environnemental durable. Cependant, les plus avancées en la matière montrent la voie sur certains aménagements, en particulier en matière de transport et de développement des mobilités douces.
Repenser la mobilité en milieu urbain
Le trafic routier est responsable de la majeure partie des émissions polluantes en milieu urbain. L’usage des voitures individuelles en est la principale cause. Pour aider à lutter contre la détérioration de l’air, l’ONU propose notamment le déploiement des transports en commun une solution efficace en terme d’accessibilité et de gestion du trafic. Il y a d’ailleurs, notamment en Europe, de plus en plus d’expériences au sujet de la gratuité des transports en commun.
Cependant, certaines villes ont fait des choix supplémentaires pour réduire leurs émissions polluantes : réduction du trafic par l’instauration de zones à faibles émissions, suppression des places de parking en voirie, développement massif de pistes cyclables pour favoriser la pratique du vélo ou des micromobilités. C’est par exemple le cas de Pontevedra, en Espagne, qui fait le pari d’une ville sans voiture grâce à des actions de ce type. De manière plus audacieuse, on peut citer également le cas de la ville de Gand, en Belgique, qui a repensé l’intégralité de son plan de circulation pour réduire l’usage de la voiture individuelle.
Des réflexions sur l’éco-construction, la gestion des déchets et la végétalisation
Pour assurer l’accès à un logement à une population urbaine de plus en plus nombreuse, il est nécessaire de repenser nos politiques en matière d’habitat. D’une part, il y a une nécessité à aller vers une construction bas-carbone et qui fait usage de matières locales, naturelles et durables. Mais aussi être capable d’améliorer notre bâti actuel pour lutter contre les phénomènes de passoires thermiques.
La végétalisation des villes et des espaces urbains est également l’un des grands chantiers à mettre en place pour améliorer le quotidien des citadins, améliorer la qualité de l’air, ou encore lutter contre les îlots de chaleur urbain. Une végétalisation qui passe par le design végétal, l’agriculture urbaine, des bâtiments végétalisés ou encore des canopées urbaines.
Enfin, la gestion des déchets représente un problème environnemental majeur, notamment dans les pays en développement. Signe de l’urgence à mettre en place des politiques locales de gestion des déchets, on estime que seulement 10 cours d’eau situés en Asie et Amérique du Sud, sont responsables de 90% de la pollution plastique qu’on retrouve dans les océans.
Dans 30 ans, ce sera près de 75% de la population mondiale qui vivra en ville – si les comportements restent les mêmes qu’aujourd’hui… Il faudra donc être plus que jamais capable de créer des écosystèmes urbains résilients capables d’absorber une telle augmentation de manière durable sans rogner également sur le lien social. C’est notamment le point de départ d’un certain nombre de réflexions sur la densification des villes, à l’image du concept de « ville du partage » que nous pourrions voir émerger dans les prochaines années.