Pilier du développement de l’agriculture urbaine en France, le collectif Merci Raymond souhaite accélérer la croissance de ce mouvement dans les villes françaises. Ramener de la verdure à la place du béton, cela a notamment comme avantage de réduire les effets d’ilots de chaleur urbain. Mais pas que. Car c’est aussi une manière de ramener de la biodiversité, de favoriser l’essor des circuits-courts, de pouvoir approvisionner en fruits et légumes frais les citadins. Surtout, c’est un vecteur de lien social, de partage et de solidarité, comme on en trouve peu dans d’autres secteurs.
Aujourd’hui, l’agriculture urbaine prend plusieurs formes. Des potagers sur les toits, des cultures d’endives dans des caves ou des parkings, des cultures de fraises dans des containers, la création de ruches ou encore la végétalisation des trottoirs. En vérité, tout espace peut être cultivé. À condition d’en avoir la possibilité. Sur ce sujet, ce sont surtout les municipalités et les citadins qui ont le pouvoir de favoriser ou non l’essor de cette pratique.
C’est afin de les encourager dans cette voie que la startup publie « Tous acteurs de la révolution verte ». Un livre qui explique la raison d’être de l’agriculture urbaine, et qui livre des conseils pratiques pour la mettre en oeuvre.
Une vision verte des villes de demain
Le constat que l’on peut faire aujourd’hui, c’est que les villes ont besoin de se reconnecter à la nature. C’est d’ailleurs ce qui fait la particularité des Smart City en plein essor en Europe actuellement. On pense par exemple à Essen, en Allemagne. Une ancienne place forte du charbon qui a été élue capitale verte européenne en 2017 grâce à une gestion remarquable de l’urbanisme : aucun de ses 600 000 habitants ne se situe à plus de 500 mètres d’un espace vert. Une vision qu’on retrouve également en Espagne, à Vitoria-Gasteiz, où aucun habitant ne vit à plus de 300 mètres d’un espace vert.
D’autant que la végétalisation des villes n’a pas pour seule conséquence de réduire leur empreinte carbone et d’améliorer le confort de vie des citoyens. C’est aussi un moyen de se reconnecter à la biodiversité et de donner du sens à l’alimentation. Sur ce point, le collectif insiste sur une vision des villes de demain qui inclue pleinement l’agriculture urbaine dans ses plans d’urbanisme.
« Aujourd’hui, il y a énormément de travail de R&D que font les cabinets d’architectes et les bureaux d’études sur ces sujets. Par exemple, comment est-ce qu’une serre installée dans un bâtiment permet de l’aérer, d’en assainir l’air intérieur, et d’être en même temps un lieu de connexion pour les habitants ? Mais il faut aussi réfléchir à une manière de rendre durable ces bâtiments verts » précise Hugo Meunier, co-fondateur de Merci Raymond. Ainsi, l’enjeu des villes de demain sera sans doute de créer des bâtiments fertiles, mais également de fédérer citoyens et entreprises autour de projets d’agriculture urbaine et péri-urbaine.
Fédérer et faciliter la mise en réseau des acteurs
Les projets immobiliers de demain seront certainement des bâtiments verts et fertiles. À l’image de ce que propose par exemple la start-up Topager, et de ce qu’a fait Merci Raymond avec le projet de bâtiment fertile mise en place à l’Antenne, où chaque étage est entièrement végétalisé, avec un toit pour la production de fruits et légumes et des cultures de micropousses au sous-sol afin d’alimenter le restaurant.
Une manière de repenser l’alimentation autour du local et de l’économie circulaire afin de résoudre un paradoxe. « Aujourd’hui, la majorité des produits agricoles consommés est importée et provient de zones éloignées, tandis que les produits agricoles locaux, c’est-à-dire ceux cultivés dans les zones agricoles périphériques, sont en majorité exportés vers d’autres territoires« . Pour résoudre ce paradoxe, les villes devront s’appuyer sur des bâtiments fertiles mais aussi sur la mise en réseau des producteurs locaux.
Il existe aujourd’hui de nombreux acteurs qui permettent de regrouper les producteurs locaux pour favoriser les circuits-courts. D’autant qu’il existe des acteurs qui permettent de créer des liens utiles entre ces acteurs. On peut prendre l’exemple de la start-up Les Alchimistes qui récupère les déchets organiques des restaurants pour en faire du compost qui est revendu aux agriculteurs. Les villes de demain devront également intégrer ce système circulaire à la mobilité, la gestion des déchets, de l’eau ou encore de l’énergie. La raison d’être des villes vertes doit être de tendre vers le zéro déchet.
Propositions à l’attention des pouvoir publics
Mais pour arriver à ce niveau de développement, la priorité doit être donnée à fédérer les acteurs publics, privés et les citoyens autour de ces problématiques écologiques et sociales. D’un point de vue citoyen, les collectifs et associations ne cessent de croître sur ces sujets. Et c’est désormais aux municipalités de leur donner les bons outils pour qu’ils continuent de mener à bien cette transformation.
Merci Raymond et les acteurs de la révolution verte qui ont contribué à la rédaction de ce livre font ainsi un ensemble de propositions pour les collectivités, notamment dans le but de sensibiliser un maximum sur ces sujets alors que les élections municipales se tiendront l’année prochaine.
Parmi ces propositions, le collectif appelle les pouvoirs publics à investir dans la consitution d’espaces verts, notamment de privilégier la création de jardins partagés ou de parcs sur les friches urbaines ; de promouvoir la formation et la sensibilisation aux nouveaux métiers portés par l’émergence de l’agriculture urbaine ; mais aussi d’investir davantage dans l’éducation aux bienfaits de la nature en ville, dès le plus jeune âge, et jusque dans les programmes des grandes écoles.
L’ensemble de leurs propositions et de fiches pratiques à l’attention des citoyens qui veulent participer à la végétalisation des villes sont accessibles via le livre : Tous acteurs de la révolution verte.
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Guillaume Joly. @guitjoly