Les toits de la ville de Paris comptent plus de 1000 ruches. Soit 60 millions d’abeilles. Depuis quelques années, la capitale se transforme en laboratoire pour projets d’agriculture urbaine, porté par le volontarisme de la municipalité mais surtout de nombreuses jeunes entreprises ayant la volonté de ramener la nature en ville. C’est le cas de Merci Raymond, startup éco-responsable déterminée à rendre les villes plus vertes. C’est aussi le cas de la startup Happyculteur qui a vocation à promouvoir et développer l’apiculture urbaine. Il y a donc fort à parier que les ruches se multiplient à Paris dans les années à venir.

Cependant, malgré ces projets de rues fleuries qui embellissent petit à petit le bitume parisien, la réalité est cinglante : les ressources en fleurs et en nectar de Paris restent insuffisantes pour satisfaire les 60 millions d’abeilles et autres pollinisateurs de la capitale. Face à cette problématique, Merci Raymond et Happyculteur s’associent afin d’engager le plus grand nombre dans le développement et la préservation de la biodiversité.

Place de la république Paris
Il n’y a pas assez de fleurs à Paris pour nourrir les 60 millions d’abeilles qui y vivent


Un objectif : refleurir Paris pour sauver les abeilles

Du 22 avril au 22 mai, les deux startup lancent un grand appel aux dons via la plateforme de crowdfuning Miimosa. L’objectif derrière cette campagne est de sensibiliser à la sauvegarde des abeilles mais aussi de voir fleurir les rues de Paris grâce à une solution « fleurs en main ».

Ainsi, les jardiniers de Merci Raymond et les équipes d’Happyculteur ont créé des kits prêt-à- planter, « les Bee’kits ». C’est un assemblage de fleurs mellifères issues de l’agriculture biologique : des coquelicots, des bleuets, des soucis et des trèfles blancs. Elles sont composés de graines issues des Semences du Puy, et ont été choisies pour leur capacité à produire une quantité de nectar supérieure à la moyenne et ainsi faciliter la pousse. Elles pourront être plantées partout dans la capitale française, dans les rues, sur les balcons et rambardes de fenêtres.

Ce projet commun s’inscrit dans la dynamique poursuivie par la Ville de Paris qui souhaite végétaliser 100 hectares d’ici 2020 afin de promouvoir et préserver la biodiversité. Il s’inscrit également dans la mouvance de ces entreprises qui mettent l’innovation au service de la biodiversité, à l’image de ce que propose par exemple la startup Beelife.

bee'kits abeilles paris
Les Bee’kits proposés par Merci Raymond et Happyculteur


Les abeilles se sentent mieux en ville qu’à la campagne

Après la fin de la seconde guerre mondiale, la nécessité de mettre en place un système d’agriculture intensive a contribué à l’utilisation massive d’intrants chimiques. Parmi ces substances, les insecticides à base de néonicotinoïdes ont une grande responsabilité dans la dégradation de la biodiversité. En effet, ces produits sont responsables de la perte de 50 à 80 % des ruches selon une Étude de la Société Centrale d’Apiculture. Une catastrophe écologique puisque sans les insectes pollinisateurs, environ 80% des fruits et légumes que nous consommons pourraient disparaître à leur tour.

Or, les villes constituent un formidable refuge pour les abeilles. L’utilisation d’insecticides y est presque inexistante. La température est généralement plus élevée de quelques degrés. Et elles proposent généralement un vaste éventail de fleurs propices au développement des ruches. Enfin, en théorie. Et c’est bien là le problème qui se pose à Paris. « Pour nourrir les 60 millions d’abeilles que compte la capitale, il faudrait faire fleurir 62 500 Bee’kits… En attendant de pouvoir en installer autant, nous nous fixons le premier objectif de 200 préventes de Bee’kits pour nourrir 307 000 abeilles ! » précise Hugo Meunier, co-fondateur de Merci Raymond.

Cette opération menée par les deux jeunes entreprises en dit long sur la bien triste et si grande place que le béton a pris dans la capitale. Elle montre cependant que le chemin à suivre pour réinventer nos villes n’est pas si difficile à mettre en oeuvre. Il nous faut plus de verdure, plus de fleurs, plus de nature. Et le reste suivra. C’est à dire la vie.

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