Lors de son dernier conseil municipal, la ville de Grenoble a voté plusieurs mesures pour améliorer la qualité de l’air sur son territoire. Un engagement dans la continuité des actions environnementales prises par la ville et la métropole ces dernières années. Grenoble avait été en 2016, par exemple, l’une des premières métropoles françaises à tester la limitation de vitesse à 30km/h. Un test évalué par le CEREMA 3 ans après et qui s’est traduit par une diminution du trafic automobile de 9% en ville, et une réduction de 20% pour le trafic de poids lourds.
Plus récemment encore, la ville a été élue Capitale verte de l’Europe pour 2022, devenant ainsi la seconde ville française à obtenir cette récompense après Nantes en 2013. Une récompense justifiée pour une ville qui a réduit de 23% ses émissions de gaz à effet de serre entre 2005 et 2018 et qui est désormais la seconde ville de France pour les déplacements domicile-travail à vélo, selon les chiffres de l’INSEE.
Les nouvelles mesures adoptées en Conseil Municipal pour lutter contre la pollution de l’air s’articulent autour de 3 grands axes : la rénovation énergétique, les zones à faible émission, le développement des mobilités douces.
Gratuité des transports en commun et pérennisation des pistes cyclables temporaires
Afin de favoriser les déplacements en transports en commun, la ville va continuer certains travaux et financements comme la mise en place d’une ligne de « Trambus », une amélioration du maillage du réseau de tramway et l’extension de certaines lignes. La Gratuité des transports en commun sera également à l’étude. D’abord dans la continuité de ce qui a déjà été testé (gratuité pour les personnes sans papiers, des foyers à faibles revenus ou pour l’accès à certains évènements). La ville va également demander à sa régie de transports d’étudier la gratuité pour toutes et tous le week-end.
Côté vélo, la ville de Grenoble souhaite s’appuyer sur les pistes cyclables temporaires mises en place après le premier confinement de 2020. Elle a donc sollicité sa Métropole afin que leur caractère « transitoire » soit rapidement conforté et sécurisé, en vue d’étudier leur pérennisation à terme par un programme d’aménagements cyclables et d’espaces publics ambitieux. La ville va également lancer un projet appelé « proxivélo » qui consiste à créer un maillage secondaire pour mieux relier les quartiers de la ville entre eux.
500 arceaux à vélo devraient également être installés pour faciliter le stationnement, ainsi que des box. L’offre de free-floating déployée en 2020, qui compte 200 places réservées, devrait également être augmenté. Des aménagements dans la continuité d’un plan de développement urbain qui fait la part belle au vélo ces dernières années. Grenoble est d’ailleurs en tête du classement des villes cyclables de France 2019 de la FUB dans la catégorie ville de 100 000 à 200 000 habitants.
Enfin, pour accélérer encore cette politique, la ville compte également sur le développement du covoiturage (expérimenté notamment en collaboration avec la startup Ecov) et de l’autopartage. D’ailleurs, d’après Gilles Namur, adjoint au maire, « à Grenoble 35% des ménages n’ont pas de voiture, et la moitié des 65% restants ne l’utilisent pas au quotidien pour aller au travail ». Signe que cette politique de rééquilibrage de l’espace public au profit des mobilités douces porte ses fruits.
Lire aussi : comment les grandes villes françaises luttent contre la pollution de l’air
Zones piétones et zones à faible émission
C’est un sujet qui devrait éclore dans de nombreuses villes françaises ces prochains mois : la piétonisation ou transformation en zones de rencontre des rues devant les écoles. Ici aussi la ville ne fait pas exception et souhaite déployer dès cette année des dispositifs d’urbanisme transitoire, en collaboration avec les habitants, dans le but de pérenniser les dispositifs par la suite.
En mai 2019, une zone à faibles émissions (ZFE) a été mise en place à Grenoble pour les poids lourds et véhicules utilitaires sur 10 communes. Elle a été élargie à 27 communes en février 2020, ce qui en faisait la plus grande ZFE de France. La ville soutien aujourd’hui le projet d’une ZFE Métropolitaine et souhaite donc qu’une ZFE véhicules particuliers ambitieuse et volontariste soit mise en place dès 2022 sur le territoire communal avec une sortie du Diesel entre 2026 et 2028 puis une sortie de l’essence à horizon 2030.
Et pour le volet social de cette mesure qui interdira donc l’accès à la ville aux particuliers équipés de véhicules personnels polluants (ce qui inclue aussi les deux-roues motorisés), la municipalité souhaite promouvoir des dispositifs de Retrofit (ce que propose par exemple la startup Noil) et participera également aux dispositifs de soutien pour les ménages modestes et très modestes en vue d’un renouvellement de véhicule.
Une contribution à la prime Air Bois de la Métropole
La combustion du bois, pour le chauffage individuel notamment, est identifiée comme la principale source d’émission de particules fines sur le territoire Grenoblois. La ville estime qu’elle compte plus de 2 000 chauffages au bois dont au moins la moitié n’est pas performant. Depuis quelques temps, la Métropole accorde une prime air-bois de 1 600 €, majorée de 400 € selon les ressources du ménage pour le remplacement des appareils d’avant 2002. Une aide cumulable avec le dispositif Ma Prim’Renov proposé par le Gouvernement.
La ville souhaite donc apporter une aide financière complémentaire aux aides de la Métropole et de l’État, indexé au revenu du ménage, dont le budget total pourrait être de 40 000€ par an. L’idée est notamment de garantir la gratuité totale du changement d’appareil pour les ménages modestes et très modestes.