Selon les études scientifiques menées sur le sujet, durant les jours de forte chaleur, la consommation électrique d’un foyer peut doubler en raison de l’usage d’une climatisation. D’autant que cette dernière a pour caractéristique d’alimenter un cercle vicieux. En effet, la climatisation rejette l’air chaud à l’extérieur des maisons ou des bâtiments, ce qui contribue à l’augmentation de la température en ville et donc à la création d’îlots de chaleur. En outre, la consommation électrique nécessaire pour alimenter les mécanismes des climatiseurs est aussi particulièrement énergivore. On est donc face à un double problème soulevé par l’utilisation de climatiseurs.
Les fortes chaleurs sont des problématiques que l’on retrouve particulièrement en ville : en milieu urbain, la température peut en effet être jusqu’à 9 degrés plus élevée que dans les espaces ruraux. Cette différence frappante est majoritairement due à l’absence de végétation en ville, l’utilisation de matériaux qui absorbent la chaleur comme le béton et l’asphalte – et qui la rejette la nuit tombée -, ou encore la chaleur émise par les véhicules. L’utilisation grandissante de climatiseurs chez les particuliers et dans les bureaux contribue donc mécaniquement à accentuer l’augmentation des températures en milieu urbain.
L’utilisation des climatiseurs mène à une autre interrogation : celle d’une hausse de la consommation électrique, en particulier les jours de fortes chaleurs, ce qui peut entraîner une surconsommation et une possible tension supplémentaire sur le réseau. Ce qui n’est pas vraiment souhaitable ni anticipé dans certaines situations, à l’image de celle que nous sommes en train de traverser – à savoir la moitié du parc nucléaire à l’arrêt pour diverses raisons.
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Rénovation énergétique et bioclimatisme
Afin de lutter contre la consommation énergétique des bâtiments, des réglementations environnementales ont vu le jour. C’est le cas de la RE2020, introduite par la loi Évolution du logement, de l’aménagement et du numérique (ELAN). Elle rappelle que le secteur du bâtiment représente le secteur le plus consommateur d’énergie en France, et qu’il s’agit par conséquent d’un enjeu central dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre. La RE2020 souligne la nécessité de poursuivre l’amélioration de la performance énergétique et la baisse de la consommation des bâtiments neufs, en insistant notamment sur l’isolation.
Pour agir en général sur la consommation énergétique des bâtiments, et en particulier sur l’utilisation de la climatisation, plusieurs alternatives peuvent être avancées. La rénovation énergétique des logements, et notamment l’isolation constitue un impératif pour réduire les ponts énergétiques intérieur/extérieur et donc réduire le besoin d’utiliser la climatisation en cas de fortes chaleurs. Les passoires thermiques sont évidemment les plus concernées par ce besoin.
Du coté du neuf, les maisons dites passives, à la consommation énergétique très basse, permettent d’obtenir un gain de performance énergétique de 15 à 20%. En effet, ces habitations reposent sur un principe, le bioclimatisme, qui consiste à profiter au maximum des ressources et du milieu naturel entourant une habitation. Comme le fait par exemple de jouer sur l’orientation de la maison : le maximum de fenêtres orientées sud, et les murs contre les vents dominants. Ce qui permet de récupérer la chaleur du soleil en hiver et de s’isoler au mieux des vents. Ou encore le fait de maximiser l’étanchéité de la maison, afin d’empêcher l’air chaud de rentrer en été. A cela s’ajoute le choix des matériaux, avec des performances d’isolation qui ne sont pas nécessairement instinctives, les matériaux bio sourcés par exemple, comme le liège ou la paille se défendant très bien.
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Des techniques anciennes remises au goût du jour
Il existe certains procédés qui permettent de remplacer l’utilisation des climatiseurs. Le puit canadien ou puit provençal est une sorte de climatiseur et de chauffage naturel en un seul système. Il permet d’alimenter la maison avec de l’air puisé à l’extérieur qui arrive dans le bâtiment grâce à un conduit implanté dans le sol, le puit va également permettre l’extraction de l’air intérieur vers l’extérieur. Basé sur la géothermie, en hiver l’air arrivant dans le bâtiment se réchauffe au cours de son parcours souterrain le sol étant plus chaud que l’air, et en été, l’air extérieur profite de la fraîcheur du sol pour se refroidir. Couplé à une ventilation double flux, obtient ainsi une régulation thermique optimale du bâtiment.
De la même manière, peindre en blanc les murs et les toits des bâtiments peut également jouer un grand rôle dans le rafraîchissement de l’intérieur des maisons et bureaux, selon la technique du « cool roofing ». En effet, la lumière blanche réfléchissant la lumière du soleil, cela permet de réduire la température à l’intérieur des bâtiments en cas de fortes chaleurs, et donc d’éviter le recours à la climatisation. Cette technique est en de plus en plus utilisée dans les grandes métropoles à travers le monde.
Installer un mur végétalisé sur son habitation peut être une autre astuce de rafraîchissement, dans la mesure où celui-ci résiste aux fortes températures et est capable de diminuer la température de plusieurs degrés. L’isolation thermique par végétalisation peut ainsi être mise en place grâce à des plantes grimpantes, comme des vignes par exemple, qui empêchent la chaleur d’être stockée dans les murs. Cette isolation prend sa source dans le phénomène d’évapotranspiration des plantes, qui leur permet de réguler leur propre température et de rafraîchir l’air ambiant. Cette technique est également utilisée pour diminuer l’impact des îlots de chaleur urbains, et a déjà largement démontré son efficacité.
Au delà de ces techniques qui peuvent être coûteuses ou compliquées à l’installation, ou tout simplement impossibles à mettre en ouvre dans certains cas (le puit canadien ne concerne que le bâti neuf, pas la rénovation), des petits gestes peuvent jouer un rôle dans le rafraîchissement d’une maison et diminuer le besoin de recourir à la climatisation. Ainsi, fermer les volets en journée, ou bien installer un système de brise-soleil peuvent réduire la sensation de chaud en obstruant la chaleur. En outre, le fait de mettre en veille certains appareils électroménagers, ou bien de les remplacer par des appareils plus efficaces d’un point de vue énergétique, peut contribuer à réduire la chaleur au sein d’une habitation.
Et des innovations intéressantes
Le monde de la R&D n’est pas en reste et de nouvelles techniques permettant l’amélioration des performances de matériaux ou de mécanismes voient le jour. L’entreprise Immoblade propose ainsi des vitrages passifs capables de rejeter ou de laisser passer les rayons du soleil en fonction des saisons. Les fenêtres sont conçues pour pouvoir s’adapter à la trajectoire du soleil, qui diffère selon les saisons, afin de bloquer les rayons du soleil l’été et les laisser passer en hiver.
La climatisation solaire, elle, se base sur le recours à des panneaux photovoltaïques pour alimenter le système de climatisation d’une habitation. En consommant beaucoup moins d’énergie qu’un climatiseur classique, cette technique représente l’alternative la plus performante, et permet de réduire la température d’un bâtiment de 3 à 4 degrés environ.
De façon générale, le recours à des climatiseurs traditionnels est un non sens écologique à terme. Les alternatives existent mais sont malheureusement soient trop peu accessibles pour des questions de couts soit pour des questions de main d’oeuvres qualifiés, ou encore trop peu connues. Le développement de ces alternatives ne se fera de manière accélérée qu’au prix d’une volonté politique plus forte sur les sujets d’isolation (neuf et rénovation), ainsi que par de moyens plus conséquents mis sur le développement de ces fameuses solutions alternatives.