Le gouvernement a établi un plan de bataille pour développer et faire décoller la géothermie et les nombreuses applications pouvant en découler. La géothermie est un système ingénieux pouvant être qualifié de low tech, qui vise à puiser la chaleur dans le sol, où les températures sont constantes, en direct ou via une pompe à chaleur. Et ce afin de l’utiliser comme source de chauffage des bâtiments, pour la production d’eau chaude sanitaire ou pour la production de chaleur à des fins industrielles. 

Par la même technique, la géothermie peut également produire du froid lorsque la température du sol est inférieure à celle de l’air extérieur comme en été par exemple, ou encore de l’électricité. Pour résumer, la géothermie regroupe l’ensemble des technologies qui permettent d’exploiter la chaleur de la Terre.


Une technique largement sous utilisée pourtant très vertueuse

Cela semble compliqué de faire plus local, plus renouvelable et plus disponible en continu, l’idée étant d’exploiter et de valoriser la chaleur que la Terre émet naturellement presque partout. C’est également une source d’énergie faiblement émettrice en GES. Un équipement de géothermie de surface rejette environ 45 gCO2eq par kWh de chauffage, soit 6 fois moins qu’une installation au gaz et 7 fois moins qu’une installation au fioul.

C’est donc une énergie très intéressante pour décarboner la production de chaleur notamment, qui est le premier usage énergétique et représente 45% de l’énergie finale consommée en France (jusqu’à 70% pour les ménages). Or aujourd’hui la production de chaleur est issue à 60% des énergies fossiles. De leur côté, les solutions géothermiques n’y contribuent aujourd’hui qu’à hauteur de 1%.

Le coût d’une installation est élevé – environ 20k€ chez un particulier – et peut être un vrai frein. Cependant, le retour sur investissement peut s’avérer rapide car les factures d’électricité et de chauffage seront divisées entre 2 et 4 d’après l’Ademe. 

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Un plan jugé ambitieux

C’est pourquoi dans l’optique de développer la production de chaleur et de froid renouvelables et décarbonés en France, le gouvernement, par l’intermédiaire de la ministre de l’énergie Agnès Pannier-Runacher, vient d’annoncer un Plan d’action national en faveur du développement de la géothermie. Car même si la France devrait tenir les objectifs de la PPP (5 TWh de production en 2028 pour la géothermie de surface et 5 autres TWh pour la géothermie profonde), il s’agit aussi de rattraper le retard conséquent pris dans le déploiement de cette source d’énergie vertueuse mais encore bien trop confidentielle. 

Mme Pannier-Runacher souhaite faire de la France “un leader de la géothermie en Europe, tant en termes de production d’énergies renouvelables que de filière industrielle. Ce Plan doit permettre de produire en 15 à 20 ans suffisamment de chaleur géothermale pour économiser 100 TWh/an de gaz, soit plus que les importations de gaz russe avant 2022”. C’est dit, et il faut l’admettre, c’est ambitieux.

Le premier objectif du Plan concerne la géothermie de surface et le doublement du nombre d’installations de pompes à chaleur géothermiques chez les particuliers d’ici 2025. Hormis deux pics en 2012 et 2013 avec respectivement 8 000 et 6500 installations, le nombre d’installations plafonne à 3 000 par an depuis, pour environ 200 000 en tout. 

Comme évoqué, le coût de mise en service étant le principal frein, le Gouvernement a revu son barème incitatif : l’aide pour l’installation d’une pompe à chaleur géothermique à la place d’une chaudière fioul ou gaz est portée à 5 000€ quel que soit le niveau de revenu (contre 4 000€ maximum aujourd’hui). Cette aide sera cumulable avec les autres dispositifs comme MaPrimeRenov, ce qui permet au Ministère d’assurer que “jusqu’à 90 % du coût total de l’installation pourra être pris en charge par l’Etat pour les ménages les plus modestes”. Tout en précisant que les économies réalisées chaque année seront “d’au moins 800€ en substitution d’un chauffage fioul et près de 500€ en substitution d’un chauffage gaz”.

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installation géothermie islande
Centrale géothermique de Nesjavellir en Islande


Des professionnels satisfaits mais attentifs à la suite

En ce qui concerne la géothermie profonde qui compte 78 installations sur le territoire, principalement orientée en France vers la production de chaleur pour les réseaux de chaleur urbains, l’objectif est d’augmenter de 40% le nombre de projets lancés d’ici 2030. A date, l’Association française des professionnels de la géothermie (AFPG) a identifié une trentaine de projets de ce type. Les mesures du Plan visent à accompagner les porteurs de projets avec une meilleure sécurisation des financements des projets et un meilleur accès aux aides du fonds chaleur de l’ADEME.

Concernant les deux techniques de géothermie, on retrouve dans le Plan des mesures concernant la formation et qualification aux métiers de la filière, un objectif pour donner plus de visibilité aux professionnels de filière, ainsi qu’une cartographie régionale finalisée pour la géothermie de surface, et l’amélioration de la connaissance du sous sol profond avec l’identification et la valorisation d’aquifères pour la géothermie profonde.

Globalement les professionnels de la filière se disent satisfaits des annonces faites. L’AFPG et le SER ont annoncé “se réjouir et se féliciter du Plan annoncé mais au delà des mesures, la filière appelle également le Gouvernement à traduire cette ambition renouvelée pour la géothermie dans la prochaine loi de programmation énergétique, en fixant des objectifs ambitieux de déploiement de cette source d’énergie renouvelable.”

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