Depuis le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février 2022, les pays de l’Union Européenne ont déboursé 16,7 milliards € à la Russie pour se fournir en énergies fossiles : 10,56 milliards d’euros de gaz, 434 millions d’euros de charbon et 5,72 milliards d’euros de pétrole. Des sommes colossales qui soulignent notre dépendance aux énergies fossiles et mettent en exergue notre incapacité à nous en passer, même en situation de crise.

De fait, malgré les trains de sanctions économiques qui se succèdent vis-à-vis de la Russie, l’Union Européenne ne dispose pas des capacités nécessaires pour se passer des énergies fossiles russes. Une addiction qui finance directement la guerre menée par le Kremlin et dont les retombées se font aussi sentir chez nous : avec un baril qui est au-dessus des 100$ depuis le début de l’invasion russe, le prix à la pompe explose et menace certains secteurs (les exploitants agricoles, les transporteurs) tout en créant une forte tension pour les ménages.

Dans ce contexte, l’Agence Internationale de l’Énergie (AIE) a publié le 18 mars dernier une liste de 10 propositions pour réduire rapidement notre consommation de pétrole. Si elles étaient suivies, l’AIE estime qu’elles permettraient de réduire la consommation de pétrole de 2,7 millions de barils par jour en quatre mois.

Concrètement, l’AIE propose ainsi de :

1- Réduire la vitesse maximale sur les autoroutes d’au moins 10 km/h,
2- Réinstaurer le télétravail jusqu’à trois jours par semaine partout où c’est possible,
3- Interdire la circulation des voitures en ville le dimanche,
4- Rendre l’utilisation des transports publics moins chère et encourager la micromobilité, la marche et le vélo,
5- Mettre en oeuvre une circulation alternée des véhicules en ville,
6- Inciter à l’autopartage et au covoiturage,
7- Promouvoir une conduite souple pour les camions de fret et la livraison de marchandises,
8- Avoir recours aux trains à grande vitesse et aux trains de nuit au lieu d’utiliser l’avion, dans la mesure du possible,
9- Eviter les voyages d’affaires en avion dès une option alternative existe,
10- Renforcer et inciter à l’adoption de véhicules électriques et de véhicules à faible consommation


10 mesures à prendre d’urgence pour réduire le réchauffement climatique

“L’une des conséquences de l’épouvantable agression de l’Ukraine par la Russie est que le monde pourrait bien faire face au plus grand choc pétrolier depuis des décennies, avec des implications très sérieuses pour nos économies et nos sociétés” précise ainsi Fatih Birol, directeur de l’AIE, qui présentait ce plan la semaine dernière en compagnie de Barbara Pompili, notre ministre de la Transition Écologique.

Annoncées dans le cadre d’une urgence économique et sociale liée à la guerre en Ukraine, ces 10 propositions sont néanmoins extrêmement intéressantes pour quiconque s’intéresse également à la transition écologique car elles sont très exactement le reflet des politiques qu’il faudrait mettre en place pour lutter contre le réchauffement climatique :

– réduction de l’usage de la voiture individuelle ;
– réduction de la vitesse sur les routes ;
– report modal vers les transports collectifs et les mobilités douces ;
– développement du covoiturage et des modes de propulsion bas-carbone pour les véhicules.

10 propositions qui ont cependant du mal à trouver un écho lorsqu’elles sont mises en avant dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique. Un paradoxe qui souligne la grande difficulté que nous avons à considérer la lutte contre le réchauffement climatique comme une menace aussi importante et dévastatrice que ce qu’une guerre peut être.

Pourtant, le vendredi 18 mars, pendant que Fatih Birol présentait les propositions de l’AIE, des records de chaleur historiques ont été battus en Antarctique, où un dôme de chaleur entraîne des températures de 30 à 35 °C au-dessus des normales saisonnières.

A la base de Concordia, la température maximale du 18 mars a ainsi été de -11.5°C : un record absolu de chaleur tous mois confondus (battant les -13.7°C du 17 décembre 2016), sachant que le précédent record de chaleur pour un mois de Mars a été pulvérisé de plus de 16 degrés (-27.9°C, 12 mars 2013). A la base française de Dumont-d’Urville, il a fait +4,9°C, soit un record absolu de chaleur pour un mois de Mars depuis le début des mesures en 1991.

En France, le pétrole concerne 28% de notre consommation finale d’énergie et il est primordial d’accélérer notre sortie de ce combustible fossile. Entreprises, collectivités, particuliers : les 10 propositions de l’AIE sont là pour vous aider à choisir cette voie.

À lire également sur le sujet