La production de chaleur représente 45% de l’énergie finale consommée en France. Avec presque la moitié de notre consommation d’énergie, c’est évidemment le premier usage énergétique du pays. Elle est pourtant assurée à 60% par des énergies fossiles (40% de gaz naturel fossile, 20% de pétrole et de charbon) et le sujet de sa décarbonation est une priorité. La crise énergétique qui touche actuellement l’Europe, avec une envolée du prix du gaz, nous rappelle d’ailleurs qu’il s’agit là d’un enjeu environnemental, mais aussi économique et géopolitique.

L’objectif affiché par la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE) fixe à 38% la part de chaleur renouvelable à atteindre en 2030. En 2020, nous étions à 23%, avec une progression de 8% entre 2016 et 2020. Et pour accélérer sur ce sujet, il existe 2 grands leviers. Agir sur la consommation, avec les notions de sobriété et d’efficacité énergétique, et agir sur la production avec le développement de l’électrification et des énergies renouvelables.

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Développer la production de chaleur renouvelable

C’est principalement la combustion de biomasse qui représente aujourd’hui la majeure partie de notre chaleur renouvelable, alors que d’autres sources (géothermie, solaire thermique, biométhane ou hydrogène) commencent à se développer et que le bois-énergie n’est pas exempt de critiques. Pour atteindre nos objectifs, c’est notamment sur cette diversification que se concentrent les regards.

En effet, la production de chaleur en France est répartie de la manière suivante : 50% pour le résidentiel, 30% pour l’industrie et 20% pour le tertiaire. Or, chaque usage nécessite différents types de chaleur. Pour le résidentiel et le tertiaire, on se trouve sur ce qu’on appelle des « chaleurs de basse température ». D’après une étude du cabinet de conseil Carbone4, ces besoins représentent 75 % des besoins en chaleur dans le pays et sont plutôt adaptés à de la production de chaleur qui ne nécessite pas de combustion, au contraire des usages dans l’industrie.

Pour les usages résidentiels et tertiaires, les auteurs de l’étude suggèrent donc de se pencher sur des alternatives comme la géothermie (qui représente aujourd’hui 5% de la production de chaleur renouvelable) et le solaire thermique. Sur ce dernier point, ils précisent également que « le solaire thermique est pourtant adapté à la production de gros volumes d’eau chaude à moyenne / basse température applicables dans des secteurs comme l’agroalimentaire ou les industries de lavage ». Le biométhane pourrait aussi servir à ce type d’usage car il est compatible avec les réseaux de gaz déjà existants

En parallèle, l’électrification de la production de chaleur, soit directement soit par l’hydrogène, représente également une solution à étudier tout comme le déploiement sur le territoire des réseaux de chaleurs. Pour les acteurs de la filière « chaleur renouvelable », ce sont 1 500 réseaux de chaleurs qui sont à installer sur le territoire.

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Sobriété et efficacité énergétique

« Pour atteindre l’objectif fixé par la LTECV, la croissance du taux de chaleur renouvelable devrait atteindre 1,5 points par an, soit un rythme quasiment deux fois plus soutenu que celui observé sur la période 2015-2020 (…) cette hausse résulte à la fois d’une augmentation de la production de chaleur par des sources renouvelables et d’une baisse de la consommation finale de chaleur » ajoutent les auteurs de l’étude qui, ce faisant, soulèvent aussi la question de la sobriété et de l’efficacité énergétique : deux conditions essentielles à l’atteinte de nos objectifs.

Enfin, il est à noter que le développement de la chaleur renouvelable en France nécessite un soutien financier à hauteur de ce que représente le sujet : à savoir 60% de la consommation finale d’énergie. Pourtant, les aides financières à la filière restent faibles, et passent principalement par des appels à projets et des aides à l’investissement via le fonds chaleur de l’ADEME.

Or, ce fonds chaleur a une dotation en 2022 de 370 millions d’euros (relevée à 520 millions au
printemps dans le contexte de la crise ukrainienne) « qui paraît faible devant les 24Mds d’euros dépensés dans le bouclier tarifaire français sur le pétrole, l’électricité et le gaz pour l’année 2022 qui ne soutiennent aucune transformation du système énergétique ». Un paradoxe qui révèle une faille courante dans notre manière d’aborder la transition écologique : oui, la transition coûte cher… Mais le coût de l’inaction est encore plus important.

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