Les jeunes, c’est désormais acté, sont sensibles au phénomène d’éco-anxiété qui touche la société. En parallèle, selon le baromètre des représentations sociales de l’ADEME, ils et elles sont aussi les populations les plus sensibilisées à la lutte contre le changement climatique. En conséquence, la génération des 18-24 ans est l’une des premières à vouloir, plus que les autres, s’engager professionnellement dans des métiers qui ont un impact sur le climat. Mais en parallèle, tous les experts le disent : l’enseignement des enjeux climatiques est encore trop léger en France et il est urgent de former et d’éduquer davantage la population à la crise climatique.

Un enjeu pour l’enseignement qui sert à la fois à satisfaire une génération engagée et en quête de sens ; mais aussi un enjeu économique pour satisfaire des entreprises qui ont besoin de compétences sur ces sujets. Ainsi, d’après une étude du cabinet de recrutement Birdeo, 40% des managers envisagent de recruter des professionnels du développement durable ces prochains mois.

Un pivot est ainsi lancé par de nombreux établissements dans l’enseignement supérieur, qui commencent à proposer des formations centrées sur le sujet climatique. En témoigne l’ouverture cette année par l’ESSEC et Cergy Université d’une nouvelle formation Bac+3 pour conduire les transitions écologiques, citoyennes et sociétales. Baptisé ACT, la 1ère promotion ouvrira en septembre 2022 et accueillera 30 jeunes bacheliers, soucieux de contribuer activement à un modèle de société plus éthique, responsable et durable.


Un bachelor pour accompagner les jeunes vers des emplois à impact positif

“Face aux crises écologiques, citoyennes et sociétales que nous traversons, ouvrir nos yeux et notre conscience n’est plus un choix : c’est une nécessité. L’ampleur, la vitesse et la profondeur des transformations du monde sont inédites.” explique notamment dans un communiqué de presse Vincenzo Vinzi, Directeur Général du groupe ESSEC, pour expliquer les raisons de la création de ce nouveau cursus.

Et pour innover dans le contenu, cette nouvelle formation adoptera une pédagogie concrète grâce à des projets transversaux et des enseignements théoriques variés : enjeux climatiques et sociaux, gestion de projet, sciences humaines et sociales mais aussi développement personnel. “Chaque étudiant pourra faire évoluer son esprit d’initiative et sa capacité de coopération, grâce à des projets engagés en équipe et sur le terrain”, précise Aymeric Marmorat, futur directeur exécutif du Bachelor ACT et entrepreneur social à l’initiative de plusieurs associations comme La Ruche ou CivicLab.

Pour l’ESSEC, ce n’est pas une première en matière d’engagement vers une économie plus juste et plus durable puisque l’école dispense depuis plusieurs années maintenant des enseignements en la matière. L’école de Commerce possède également, avec Antropia ESSEC, de l’un des incubateurs/accélérateurs de startups à impact les plus connus du secteur, qui accompagne chaque année des dizaines d’entrepreneur.es sociaux dans leurs projets.

Des initiatives qui se multiplient en faveur de l’enseignement du climat

D’après le mouvement Pour un réveil écologique – fondé par des étudiants de grandes écoles d’ingénieur – près de 35% des établissements d’enseignement supérieur en France déclaraient ne pas encore intégrer les enjeux de la transition écologique dans leur stratégie en 2020. Et selon les chiffres du Shift Project, seules 11 % des formations de 34 établissements du supérieur abordent les « enjeux climat-énergie » de manière obligatoire. Un constat qui n’est, pour le moment, pas à la hauteur des enjeux auxquels nous faisons face.

Des initiatives sont cependant à souligner en la matière. Par exemple, 60% des établissements de l’enseignement supérieur disposent d’au moins une personne chargée des enjeux liés au Développement Durable et 35% de ces établissements ont mis en place des formations ou des dispositifs de sensibilisation pour former leurs professeurs à ces enjeux. Par ailleurs, de plus en plus de formations spécialisées se créent sur ces sujets.

À l’instar de cette formation ACT qui regroupe l’ESSEC et l’Université de Cergy, on observe aussi la multiplication de formations pluri-disciplinaires entre différentes écoles. Un pari tenté par exemple à Nantes avec le MS APTE (Acteur pour la Transition Énergétique) qui est une coopération académique entre les écoles Audencia, Centrale Nantes, l’École Nationale Supérieure d’Architecture de Nantes et l’École de Design Nantes Atlantique. Et en attendant que l’enseignement du climat progresse de manière significative dans l’éducation des français.es, le Shift Project et ses bénévoles ont conçu récemment une plateforme –  enseignerleclimat.org – à destination des enseignant.es volontaires sur cette question.

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