Le collectif étudiant Pour un réveil écologique signe un rapport sur l’intégration des enjeux écologiques dans l’enseignement supérieur français. Leur rapport se base sur les réponses apportées par 7 universités, 13 écoles de commerce et 19 écoles d’ingénieur à une enquête réalisée entre Mars et Juillet 2020.

Il en ressort que l’enseignement de la transition écologique dans les universités et grandes écoles françaises n’en n’est qu’à ses débuts et que de larges progrès restent à faire pour sensibiliser les futurs professionnels à ces enjeux. Ainsi, d’après le collectif, seuls 15 % des établissements déclarent, aujourd’hui, vouloir former 100% de leurs étudiant.es aux enjeux de transition écologique.

Plus préoccupant, en 2020, près de 35% des établissements déclarent ne pas encore intégrer les enjeux de la transition écologique dans leur stratégie actuelle.

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Des avancées pourtant encourageantes

Bien que partiels, ces résultats permettent de dégager une tendance en ce qui concerne l’enseignement de l’écologie en France dans les établissements qui forment les futurs professionnels. Ils permettent notamment de dégager 4 grandes tendances encourageantes pour l’enseignement supérieur français :

  • L’écologie est de plus en plus présente dans les formations

60% des établissements disposent d’au moins une personne chargée des enjeux liés au Développement Durable en équivalent temps plein ; 64% déclarent intégrer les enjeux écologiques dans leurs stratégies de recherche et 35% des établissements mettent en place des formations ou des dispositifs de sensibilisation pour former leurs professeurs à ces enjeux. Début 2023, c’est par exemple Sciences Po qui a inauguré un cours obligatoire de « culture écologique ».

  • Elle n’est cependant pas encore intégrée de manière globale dans la stratégie des établissements (cours, recherche académique, formation professionnelle, etc)

Pourtant, les questions écologiques sont souvent traitées dans des options ou cursus spécialisés, et ne touchent ainsi qu’une partie des étudiant.es. L’enseignement de l’écologie semble également décorrélé d’une approche globale qui mêle enseignement, recherche et formation.

  • Les moyens humains et financiers accordés au sujet par les écoles ne semblent pas adaptés

À l’évidence, les transformations nécessaires pour intégrer l’enseignement de l’écologie à toutes les strates d’un établissement nécessitent des moyens et financiers importants puisqu’ils touchent : à la stratégie et la gouvernance des établissements, à la formation et la recherche, à la mise en place de pratiques durables sur les campus et pour réguler la vie associative.

Les écoles de commerce et d’ingénieurs regrettent également que les initiatives mises en place sur cette question de l’écologie ne soit pas intégrée dans les fameux classements qui leur permettent d’attirer des élèves, ce qui ne les incite donc pas suffisamment à allouer des moyens à ce sujet.

  • Un besoin de coordination au niveau national

28% des écoles sont labellisées DD&RS, un label développé par la Conférence des grandes écoles. Un signe qui prouve qu’une coordination au niveau national par les écoles et par le Ministère de l’enseignement supérieur pourrait aider à mobiliser davantage les écoles et universités dans leur démarche. Que ce soit au niveau de la mise en place des enseignements que sur des référentiels d’auto-évaluation ou de mesure d’impact.

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Des avancées inégales en fonction des écoles ?

Le rapport du collectif amène aussi quelques informations sur les différentes approches en fonction du type de cursus. Par exemple, si seulement 7 universités ont accepté de répondre à l’enquête, une seule parmi elles déclare avoir mis en place un cours obligatoire pour l’ensemble des étudiant.es sur les crises écologiques, contre 73% des écoles d’ingénieurs et 76% des écoles de commerce.

Ce sont aussi les écoles de commerce dans lesquelles le collectif retrouve le plus d’initiatives liées à la durabilité des campus là où les écoles d’ingénieurs se distinguent par une meilleure prise en compte des enjeux écologiques dans les formations et les projets de recherche.

Evidemment, cette première étude mérite d’être approfondie, notamment vis à vis des universités, trop peu nombreuses à répondre. On regrette également qu’il n’y ait pas une granularité plus fine afin d’intégrer des cursus en design, urbanisme et architecture, par exemple. Elle a cependant le mérite de pointer certaines tendances et les efforts qui peuvent être faits pour améliorer la formation des futurs professionnels aux enjeux de demain.

Le collectif Pour un réveil écologique est à l’origine du Manifeste éponyme lancé en septembre 2018 par des étudiant.e.s de grandes écoles et signé par plus de 30 000 étudiant.es de plus de 400 établissements de l’enseignement supérieur.

 

Le collectif met à disposition des étudiant.es et des jeunes diplômés des outils pour :

● travailler pour des employeurs dont la stratégie environnementale est à la hauteur de l’urgence écologique ;

● coordonner et soutenir les efforts des étudiants qui encouragent l’intégration des enjeux écologiques dans leur formation.