En Février 2021, le collectif étudiant Pour un réveil écologique dévoilait un rapport sur l’intégration des enjeux écologiques dans l’enseignement supérieur français. Basé sur une enquête menée auprès de 7 universités, 13 écoles de commerce et 19 écoles d’ingénieur, il venait illustrer le retard pris par l’enseignement supérieur dans la prise en compte du réchauffement climatique dans leurs parcours : près de 35% des établissements interrogés déclaraient ainsi ne pas avoir encore intégré les enjeux de la transition écologique dans leurs stratégies.

Deux ans plus tôt, en 2017, le think-tank The Shift Project alertait déjà sur le retard pris par l’enseignement supérieur en matière de transition écologique avec son rapport « Mobiliser l’enseignement supérieur pour le climat » dans lequel on apprenait que « seulement 11 % des formations abordent actuellement les enjeux climat-énergie de manière obligatoire ».

Un retard préjudiciable pour le développement économique soutenable de la France car il est évident qu’il n’y a pas de décarbonation possible de notre économie possible si les professionnels et futurs professionnels ne sont pas formés à ces enjeux. Un retard d’autant plus préjudiciable que les jeunes sont inquiets pour leur avenir et mobilisés sur ces enjeux. Déjà en 2017, 81 % des étudiants ayant répondu à une enquête du REFEDD (un réseau d’associations étudiantes qui mènent des projets en lien avec les enjeux écologiques et solidaires) souhaitaient « que leur futur métier intègre les enjeux du développement durable ».

Aujourd’hui, à travers les marches du climat et d’autres actions engagées, les étudiants ont pris les choses en main. On peut citer comme exemples notoires le Manifeste étudiant pour un Réveil écologique, lancé en octobre 2018, qui a rapidement rassemblé plus de 30 000 signataires en France ; mais aussi la mobilisation des étudiants de l’école Polytechnique contre l’installation d’un centre R&D du groupe TotalÉnergies sur leur campus.

Des initiatives suivies de près par les établissements de l’enseignement supérieur, qui sont désormais nombreux à modifier leurs parcours afin de coller à ces aspirations écologiques. C’est en tout cas ce qui ressort du dernier classement ChangeNOW/Les Echos START, qui valorise la prise en compte des enjeux environnementaux et sociaux des grandes écoles françaises.

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Les écoles verdissent leurs formations

58 établissements ont participé cette année à ce classement. Un chiffre en augmentation par rapport à l’année dernière (ils étaient 47) qui est cependant à mettre en perspective avec les 250 établissements sollicités : une trop large majorité d’entre eux n’ont donc pas répondu.

Ce questionnaire comprenait 56 questions portant sur des sujets comme le pourcentage de cours intégrant les enjeux environnementaux et sociaux ; les séminaires dédiés ; les chaires d’enseignement spécialisées sur ces enjeux ; la formation des enseignants ou encore la stratégie de l’établissement. Ici, le salaire à la sortie ou les accréditations internationales ne sont donc pas prises en compte.

Du côté des écoles de commerce, le podium est dominé cette année par l’Essec Business School, Montpellier Business School et l’EM Lyon. Derrière, une douzaine d’écoles se tiennent dans un mouchoir de poche (12 points de différence sur 161 au total) parmi lesquelles on retrouve les grandes écoles traditionnelles (Toulouse, Grenoble, Rennes, Nantes, Clermont, l’Edhec) mais aussi HEC, qui figure en 12ème position à égalité avec l’ESSCA, une école post-bac. Du côté des écoles d’ingénieur, le podium est constitué de l’Engees Strasbourg, de Centrale Lyon et de l’ISAE Supaero de Toulouse. Centrale Nantes figure en 4ème position devant Centrale Supelec (6ème), l’école des Ponts ParisTech (9ème) ou encore les Mines de Paris (14ème).

Des résultats intéressants qui démontrent que les écoles font des efforts et qui prouvent que le sujet climat est désormais un critère pour recruter les futurs élèves. Néanmoins, sur ce sujet, des progrès restent à faire comme en témoigne auprès des Échos Clémence Vorreux, coordinatrice enseignement supérieur au Shift Project, qui explique que « si les rentrées climat se sont multipliées un peu partout, souvent en mode événementiel, la refonte profonde des enseignements est, elle, plus rarement engagée ».

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Le gouvernement souhaite aussi accélérer sur ce sujet

Le gouvernement s’est récemment engagé sur le sujet de la formation dans les établissements de l’enseignement supérieur par la voie de la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Sylvie Retailleau, qui annonçait le 20 octobre dernier sa feuille de route  pour la prise en compte des enjeux écologiques dans les universités françaises.

Une feuille de route qui comprend plusieurs mesures comme « une journée de formation théorique et pratique en 2023 pour les chefs d’établissement » ou encore « la mise en place d’un socle de compétence globale, transversale et pluridisciplinaire sur le sujet pour tous les étudiants au plus tard en 2025 ». Une feuille de route qui s’appuie notamment sur un rapport remis par le climatologue Jean Jouzel à sa prédécesseuse Frédérique Vidal l’année dernière, dont les contours et les modalités de mise en oeuvre restent encore assez flous.

Néanmoins, il y a du mouvement sur le sujet de l’enseignement des enjeux climats, et c’est tant mieux, car la transition écologique favorise aussi l’émergence de nouveaux métiers en entreprise et oblige certaines fonctions à se réinventer, en particulier dans les grands groupes où les fonctions supports, marketing et achat sont principalement impactées.

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