En France, les emballages plastiques ont encore un taux de recyclage très faible. Seulement 26,4% en 2018. Et ce, même si la plupart des produits en plastique s’affichent comme recyclables. Car évidemment, tout ce qui est recyclable n’est pas nécessairement recyclé. La faute à une collecte qui peut s’améliorer, mais aussi à des centres de tri des déchets qui ne sont pas équipés pour tout traiter.

Pourtant, en adoptant la Loi anti-gaspillage pour une économie circulaire en 2020, la France s’est fixé un objectif de 100% de plastiques recyclés à l’horizon 2025. L’objectif est ambitieux, même si les choses tendent à changer rapidement. Dans certains secteurs, en particulier dans celui de la restauration, les alternatives aux emballages à usage unique se développent d’ailleurs rapidement, notamment autour de la consigne. Une alternative bien connue et qui a aussi fait partie du débat lors de l’examen de la loi AGEC puisque la consigne est en effet très intéressante lorsqu’il s’agit de réemployer un contenant (une bouteille en verre, par exemple) mais pas aussi pertinente qu’on l’imagine lorsqu’on parle de consigne pour le recyclage. Néanmoins, le débat montre la difficulté que nous avons à trouver des alternatives au plastique. Une matière indispensable à notre quotidien, mais pourtant terrible pour l’environnement.

Un être humain ingère chaque semaine l’équivalent de 5 grammes de micro-plastiques


L’industrie du plastique est basée, rappelons-le, sur l’exploitation de pétrole, et participe donc très largement au réchauffement de la planète. D’après la Commission Européenne, le plastique est responsable, chaque année, de l’émission de 400 millions de tonnes de CO2eq. Dans un autre rapport, le CIEL (Center for International Environmental Law) estime que les rejets de GES liés au plastique pourraient compter pour 10% à 13% des émissions restantes en 2050. Enfin, on estime que 10 millions de tonnes de déchets en plastique terminent leur course dans la mer chaque année. Outre l’aspect climatique, le plastique se retrouve aussi dans nos aliments. Une récente étude de l’Université de Newcastle estime qu’un être humain ingère, toutes les semaines, 5 grammes de plastique, sous la forme de micro-plastiques.

Actuellement, le recyclage du plastique est donc très limité. Ensuite, le plastique ne se recycle pas à l’infini et, après un ou deux cycles, il termine nécessairement sa vie à l’incinérateur. Avant, donc, de penser au recyclage, il y a une urgence écologique à trouver des alternatives à l’utilisation du plastique pour les emballages, mais aussi pour d’autres objets et composants. Pour un certain nombre d’usages, le zéro-déchet fonctionne aujourd’hui très bien. C’est notamment le cas pour les produits d’hygiène, les cosmétiques ou encore les produits d’entretien. Il y a également la solution du Vrac pour l’alimentaire. Des démarches qui sont encore émergentes, mais dont le potentiel est énorme. Et en parallèle, parce qu’il faudra tout de même toujours des emballages pour un certain nombre d’usages, d’autres solutions sont à l’étude.

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Bouteilles en plastique
Environ 89 milliards bouteilles plastiques d’eau sont vendues chaque année


Le CNRS se penche sur le recyclage du plastique

Des universitaires de l’IS2M (Institut de Science des Matériaux de Mulhouse, rattaché au CNRS) et de l’ICR (Institut de Chimie Radicalaire à Marseille) rattaché à l’université Aix-Marseille et au CNRS, ont lancé récemment des recherches sur le recyclage du plastique. Pour faire simple, les scientifiques souhaitent intégrer des molécules organiques à la matière plastique qui, en réagissant à la lumière LED, vont transformer la lumière en chaleur. Un procédé qui permettra aux plastiques d’être remodelés plus facilement et à moindre coût. 

Nous avons déjà fait une vingtaine de cycles sans difficulté. Donc, ce principe est réactivable sur demande un nombre de fois assez important”, nous explique Jacques Lalevée, chercheur à l’IS2M qui participe aux recherches. Un brevet a été déposé en 2019 et le procédé est actuellement testé pour plusieurs mises en application avec le soutien du réseau SATT (Sociétés d’Accélération du Transfert de Technologies). Ce principe serait possible pour tous types de plastiques, mais plus adapté aux thermoplastiques – c’est-à-dire ceux contenant des polymères qui ramollissent à haute température. La majorité des plastiques que nous utilisons quotidiennement en font partie puisque les emballages, les bouteilles et les sacs plastiques sont des thermoplastiques. Les recherches sont aussi orientées sur les colles et pourront s’appliquer sur d’autres matériaux mous.

En 2018, 74% des emballages en plastique n’ont pas été recyclés en France


Cette solution se veut être une solution parmi d’autres et a pour objectif de s’inscrire dans la filière de recyclage actuel. « En France, il y a des filières qui marchent bien et le but ce serait de participer à ces filières-là » indique le scientifique. En parallèle de ces recherches pour améliorer le recyclage du plastique, de nombreuses startups ont innové ces dernières années pour proposer des alternatives en travaillant sur des matières biosourcées. C’est le cas par exemple d’Eranova et Algopack, qui fabriquent leurs emballages à base d’algues, et notamment des algues vertes ou des Sargasses échouées qui polluent les plages et qui constituent un danger pour la santé publique. En général, leurs bioplastiques sont 100% biosourcés, compostables et/ou biodégradables.

Nous avons un autre exemple avec Lactips, startup française qui utilise des protéines de lait pour fabriquer du plastique 100 % biosourcés. Récemment, la startup, avec l’aide de l’organisme CITEO, a commercialisé « Plastic Free Paper », un emballage en papier totalement biosourcé, recyclable et compostable à domicile. Quant à l’entreprise Carbiolice, elle commercialise déjà Evanesto® qui est un additif ajouté aux bioplastiques PLA et qui permet de les rendre biodégradable et compostable à domicile. Ce bioplastique serait désagrégé en seulement 200 jours, et surtout sans laisser de micro particules ni de substances toxiques pour le compost. Pour l’instant, elle produit des pots de yaourts et des emballages alimentaires.

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Des plastiques bio, vraiment bio ?

Évidemment, le plastique biosourcé n’est pas automatiquement biodégradable ou compostable et nécessite parfois des opérations complexes pour le dégrader correctement. Ces matières ne sont donc pas encore des matières miracles pour l’environnement. Seulement, cela signifie que ces plastiques sont fabriqués avec des composants renouvelables, tels que de l’amidon, le maïs, les huiles végétales, la cellulose ou le sucre, par exemple. Or, à une certaine échelle, il faudra s’interroger sur la production de ces matières premières. Est-il soutenable, à terme, de produire chaque année des milliards d’emballages basés sur du sucre et de l’amidon ?

Par ailleurs, un plastique biosourcé n’est pas toujours composé à 100% de matières renouvelables. En France, les plastiques biosourcés les plus répandus sont les PLA, ou Acide Polylactique, qui sont compostables mais souvent non biodégradables. De plus, ils ont besoin d’être traités par compostage industriel. Un procédé pour lequel la France manque cruellement d’infrastructures. Autrement dit, choisir d’avoir recours à un plastique biosourcé réellement respectueux de l’environnement relève encore d’un casse-tête.

Néanmoins, le marché est en expansion. En 2019, selon l’étude de Ceresana, environ 2,6 milliards de dollars de revenus étaient générés par ce nouveau marché. Pour l’instant, le marché est principalement développé en Asie puisque 55% de la production s’y trouve, l’Europe est juste derrière avec 19%.

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Aliments en vrac
La vente en vrac permet d’éviter l’usage de plastique unique dans l’alimentation


Et si simplement, on évitait l’usage unique et de recourir au plastique ?

Le plus simple pour se débarrasser du plastique à usage unique, … c’est de ne pas y recourir. Avec le mouvement du Zéro Déchet, de nombreux citoyens et de nombreuses citoyennes le font déjà. Environ 45% des français.es essaient d’acheter des produits avec moins d’emballages. Pour les produits alimentaires, ils peuvent acheter en vrac par exemple ou utiliser des emballages réutilisables. Par exemple, la startup Beewrap produit un emballage réutilisable à base de cire d’abeille, de résine de pin, de coton Bio et d’huile de jojoba pour remplacer le cellophane.

Le plastique biosourcé, biodégradable et/ou compostable devrait rester la dernière solution envisagée. Les productions restent polluantes et la fin de vie encore plus, surtout en France où les infrastructures de recyclage sont quasi-absentes. La non-utilisation de plastique à usage unique, la limite de l’éphémère et le réemploi sont une bien meilleure alternative. Néanmoins, pour certains secteurs, éviter l’usage unique peut être difficile voire contreproductif, à l’instar du secteur médical. C’est en particulier pour ces secteurs que les solutions de plastiques biosourcés et biodégradables/compostables peuvent constituer une avancée. Dans tous les cas, le recours au bioplastique ne doit pas nous empêcher de remettre en question notre manière de consommer. La sobriété reste le meilleur moyen de réussir une transition écologique et sociale simplement.

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