La production d’électricité via le solaire photovoltaïque au sol a considérablement progressé, en France, à partir de 2009. En 2020, avec près de 10GW de puissance installée, nous produisions 13,6 TWh grâce au photovoltaïque, ce qui en fait notre 3ème source d’électricité renouvelable (derrière l’hydroélectrique et l’éolien) et notre 4ème source d’électricité si l’on rajoute le nucléaire.
Mais dans son scénario pour atteindre la neutralité carbone en 2050, RTE a esquissé de nombreuses hypothèses quant au futur énergétique de la France, qui se basent sur un mix-énergétique assuré à minima par 50% d’énergies renouvelables. Et pour cela, il va falloir augmenter considérablement nos capacités dans les 10 ans à venir. Concernant le photovoltaïque, cela passe par multiplier nos capacités par 7 ou par 22 en fonction du scénario retenu.
Pour cela, l’un des enjeux majeurs des années à venir consiste à trouver le potentiel adéquat au niveau des bâtiments existants, mais en cherchant aussi d’autres solutions. Les parkings, par exemple, sont des surfaces particulièrement adaptées au déploiement du solaire photovoltaïque. Et pour Jean-Louis Bal, président du Syndicat des Énergies Renouvelables (SER), « il faudra aussi se poser la réflexion de l’accès aux terres agricoles, en veillant à ne pas pénaliser les agriculteurs, mais à leur apporter des revenus complémentaires pour pérenniser leurs installations ». Un sujet sur lequel travaille le syndicat depuis quelques années, et qui ouvre notamment des possibilités pour les éleveurs. En particulier pour les éleveurs de moutons.
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Quels avantages pour les éleveurs ?
Entre 1960 et 2015, la France a perdu 25% de sa superficie agricole par artificialisation des sols, c’est-à-dire via l’étalement urbain et la construction de zones d’activités ou de zones commerciales. Un chiffre énorme alors qu’il nous faut absolument relocaliser notre production alimentaire pour faire face au défi démographique et environnemental. De fait, lier la production d’électricité photovoltaïque avec l’agriculture ne va pas forcément de soi de prime abord.
Néanmoins, pour les éleveurs, et certains types d’élevages en particulier, la mise en place de panneaux solaires photovoltaïques dans les prairies peut apporter de nombreux bénéfices. Le premier, évidemment, sera la production d’électricité que l’exploitant peut revendre directement s’il est propriétaire des panneaux. Un autre montage consiste à permettre aux agriculteurs de louer leur terrain à un exploitant de panneaux solaires. En parallèle, les panneaux solaires ont un autre avantage : de par leur envergure et l’ombre qu’ils créent, le couvert végétal est plus abondant sous les panneaux solaires lors de la saison estivale. Un atout qui permet aux éleveurs de réduire leurs achats de fourrages.
Des exemples qui couplent élevage et photovoltaïque existent aujourd’hui. C’est le cas, par exemple, du parc solaire de Chalmoux en Saône et Loire, dont la construction sur un domaine agricole inexploité de 86 hectares a permis la remise en exploitation agricole de 58 hectares qui servent à de l’élevage, ainsi qu’au développement d’une zone de biodiversité sur 7 hectares maintenue à l’état de friche. En parallèle, 33 000 panneaux solaires ont été installés sur les 22 hectares restants.
On retrouve d’autres exemples de cette alliance sur différentes surfaces, comme à la centrale solaire photovoltaïque de Toul, Rosières, Avrainvilles et Villers en Haye, en Meurthe et Moselle, où 500 brebis paissent sous 60 hectares de panneaux photovoltaïques et 150 hectares de prairie naturelle. Sur des surfaces plus modestes, il y a l’exemple de la centrale de Canadel Brignoles, dans le Var, où 300 moutons vivent leur vie de mouton sous un parc solaire de 14 hectares.
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Travailler en collaboration étroite avec les éleveurs
Cependant, la mise en place d’un parc solaire photovoltaïque en parallèle d’une activité d’élevage ne se fait pas n’importe comment et nécessite un travail en étroite collaboration avec l’exploitant, voire avec un botaniste, car lorsqu’elles intègrent une fonction agricole, les centrales solaires sont adaptées et diffèrent d’une centrale traditionnelle. « L’emplacement, l’orientation et l’espacement des rangées de panneaux doivent répondre aux besoins de l’exploitation. Les espaces entre les panneaux sont prévus pour permettre un écoulement des eaux de pluie afin de maintenir un couvert végétal » résume le syndicat des énergies renouvelables dans une note sur le sujet établie fin 2020.
Cette mise en oeuvre implique en effet de surélever les panneaux solaires afin de laisser l’eau et les animaux se déplacer, mais aussi pour assurer une couverture végétale maximale malgré la production d’électricité. Sans quoi, l’intérêt pour les éleveurs n’est pas le même. Autre avantage, « les panneaux solaires peuvent constituer un abri pour un cheptel en cas de fort ensoleillement et de fortes chaleurs ou lors d’épisodes de pluie » ajoute le syndicat. Enfin, ce procédé nécessite également de travailler les abords du parc afin de les clôturer et de permettre des passages pour gérer le cheptel en toute sécurité.
À l’avenir, ce type de parc représente l’un des leviers à disposition des agriculteurs, mais aussi des collectivités et des exploitants de parcs photovoltaïques, pour trouver un compromis permettant de déployer davantage de panneaux solaires sur le territoire. La France compte un cheptel ovin d’environ 7 millions de têtes, principalement localisé dans les régions du sud : Occitanie et Nouvelle-Aquitaine en tête, suivies par les régions PACA et AURA.
On note cependant qu’il existe de nombreuses utilisations possibles du photovoltaïque en agriculture, avec la mise en place de panneaux solaires sur les bâtiments agricoles et les hangars, via des serres photovoltaïques ou encore via des ombrières intelligentes, à l’image de ce que proposent les startups françaises Ombrea et Sun’Agri.