Responsable de 41% des émissions de CO2 à travers le monde, la production d’électricité doit se détacher des combustibles fossiles et se tourner vers des modes de production bas-carbone ou renouvelables. C’est notamment le cas du solaire photovoltaïque qui, en France, va devoir être largement déployé sur le territoire. D’après les scénarios établis par RTE dans son rapport « Futurs Énergétiques 2050 », la part de solaire photovoltaïque en France va devoir être multipliée à minima par 7 et sinon par 22 dans les 30 ans qui viennent.

Cependant, l’emprise au sol du photovoltaïque est assez conséquente. Aussi, beaucoup de collectivités font face au même dilemme : comment concilier un besoin d’espace important pour installer les panneaux tout en luttant contre l’artificialisation des sols ? Il existe évidemment plusieurs solutions à ce sujet. Les bâtiments tels que les centres commerciaux sont un élément de réponse, tout comme l’utilisation du potentiel agricole dans le cas de l’agrivoltaïsme. Une autre piste consiste à utiliser des surfaces déjà artificialisées comme les parkings.

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Une solution encouragée par la loi climat et résilience

Installer des parcs de panneaux solaires photovoltaïques nécessite de l’espace. Beaucoup d’espace. S’il est primordial de verdir le mix-électrique mondial à l’aide d’énergies renouvelables, cette mutation ne peut pas se faire au détriment d’espaces déjà menacés : terres agricoles, terres nécessaires à la construction d’habitations, terres préservées pour la biodiversité. 

C’est ici que les parkings entrent en jeu et offrent une perspective intéressante. Espaces déjà artificialisés, ces grandes étendues bétonnées n’apportent pas de grande plus-value en dehors de leur capacité à accueillir des véhicules. Ils sont même vecteurs d’externalités plutôt négatives : augmentation des risques d’inondations au vu de leur imperméabilité et augmentation des ilôts de chaleurs urbains. D’ailleurs, en été, un parking à l’ombre est un véritable luxe que peu de collectivités peuvent réellement offrir. C’est donc une piste intéressante que de les équiper de panneaux photovoltaïques afin de changer la donne.  

En surplombant ces surfaces de béton, les panneaux solaires permettent de rafraîchir les voitures, le sol et donc les environs en captant la lumière du soleil pour la transformer en électricité afin d’alimenter le réseau de la ville où les entreprises privées dans le cas de parkings d’entreprises. De plus, alors que le futur de la voiture passera vraisemblablement par l’électrique, il est cohérent de produire de l’électricité à l’endroit où les bornes de recharges seront installées. Enfin, ils peuvent aussi servir à mieux capter et réorienter les eaux de pluie dans certains cas.

Cette utilisation des parkings pour déployer le photovoltaïque fait d’ailleurs partie dela Loi Climat et Résilience, promulguée en août 2021, qui renforce « les obligations d’installation de panneaux photovoltaïques ou de toitures végétalisées sur les entrepôts, les hangars et les parkings afin de mobiliser pleinement les énergies renouvelables sans consommer d’espace ». Tous les parkings de plus de 500 m2 sont concernés.

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Projet d’ombrières photovoltaïques sur le parking de Disneyland Paris


1 million de m2 de parkings bientôt équipés par la SNCF

Cependant, il n’a pas fallu attendre le soutien du gouvernement pour voir germer des initiatives de parkings équipés d’ombrières photovoltaïques. La SNCF, qui consomme à elle seule 1.7% de l’électricité française (9 TWh de consommation sur 537 TWh produits annuellement) a récemment annoncé l’installation de 8 000 m2 de panneaux solaires photovoltaïques sur le parking de la gare de Nîmes Pont-du-Gard. Considérée comme le prototype de gare éco-responsable de la compagnie des chemins de fer français, elle devrait prochainement proposer une production électrique de 1 950 000 kWh par an soit 4 fois la consommation annuelle de la gare. 

D’après la SNCF, une partie de cette électricité servira à recharger les véhicules électriques stationnés sur le parking. Le reste de cette production sera injecté au réseau et participera à verdir le mix-électrique français. Cette capacité de production pourrait s’avérer très intéressante à terme pour l’établissement public qui gère 3 000 gares françaises et qui pourra donc répliquer le dispositif. Gare & Connexions, filiale de la SNCF, entend couvrir de panneaux solaires une superficie de 1.1 millions de m2 à terme, contre 15 000 m2 aujourd’hui.

Ces chiffres devraient permettre aux gares françaises d’être autonomes en électricité d’ici 10 à 15 ans. La SNCF mise pour cela sur des panneaux solaires installés sur les parkings, mais aussi autour des bâtiments industriels, comme c’est le cas à Hellemmes, avec 6 500 m2 de panneaux en toiture, ou encore via la construction de fermes solaires en propre ou via des mécanismes d’achat à long-terme. La SNCF permet ainsi la construction de champs photovoltaïques en s’engageant à acheter leur future production sur le très long terme (20-25 ans).

Les ombrières de la gare de Nîmes – Crédit photo : SNCF


Des procédures allégées pour installer des ombrières sur les parkings

La SNCF n’est pas la seule entreprise à avoir compris l’intérêt des ombrières photovoltaïques. Disneyland Paris, par exemple, compte construire l’une des plus grandes centrales de ce type en Europe. On parle de 12 000 panneaux solaires devant permettre de produire 31 GWh par an. Les grandes surfaces sont également très intéressées par la démarche, Carrefour a notamment prévu d’équiper d’ombrières photovoltaïques 36 de ses parkings pour commencer.

Les collectivités territoriales ont bien compris, elles aussi, les bénéfices des parkings équipés d’ombrières. À Corbas, au sud de Lyon, la commune s’est dotée du plus grand parking de ce type en France. C’est l’entreprise Neoen qui s’est chargé d’équiper en panneaux solaires le parking grand de 12.5 hectares. Les ombrières recouvrent 4 600 places de stationnement. Cette installation produit 20 000 MWh d’électricité, un chiffre qui devrait permettre d’alimenter 80% des 11 000 habitants de la commune. Autre chiffre intéressant : ce recours au photovoltaïque devrait permettre à la ville d’économiser 5.7 tonnes de CO2 par an. On retrouve des projets du même type dans plusieurs villes françaises, à Avignon, Béziers ou encore Le Mans.

Le 03 novembre dernier, la Ministre de l’Environnement, Barbara Pompili, a annoncé dix mesures pour développer le solaire photovoltaïque sur le territoire, avec l’objectif de déployer 1 000 projets photovoltaïques sur des terrains publics d’ici 2025. Le bouquet de mesures proposé promet notamment un allégement des procédures pour les petits projets, qui permettra notamment de ne plus faire d’étude environnementale ni de déposer de permis de construire pour l’installation d’ombrières sur des parkings.

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