Les enjeux liés à la hausse du prix du carburant et à la transition écologique n’ont jamais été aussi présents en France qu’à l’heure actuelle. Et si les véhicules électriques représentent une solution de plus en plus envisagée pour décarboner le secteur des transports – près d’un français sur deux affirme être prêt à passer à l’électrique – certains freins empêchent encore une partie d’entre eux de franchir le pas.
Le coût du véhicule, l’autonomie de la batterie, le temps de recharge ou encore le manque de points de charge représentent ces principaux freins. Créée début 2021, Electra a fait de ces deux dernières problématiques son fer de lance. La startup s’est ainsi spécialisée sur un créneau particulier : la recharge ultra-rapide en ville.
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Des bornes ultra-rapides qui divisent le temps de charge
À l’origine de ce projet, la volonté des 3 co-fondateurs de s’attaquer au segment urbain de l’électrification. « Les gens hésitent beaucoup à passer à l’électrique, car c’est compliqué de se charger. Ceux ont des maisons peuvent se charger la nuit, mais pour les autres c’est beaucoup plus complexe. Nous constations également que les professionnels, comme les VTC ou les chauffeurs de taxi, étaient désireux de passer à l’électrique, mais qu’en revanche ils hésitaient en raison d’infrastructures insuffisantes. Nous nous sommes dit que le secteur pouvait être intéressant à creuser, et qu’on pouvait y apporter une valeur grâce à la technologie » précise ainsi Julien Belliato, l’un des co-fondateurs de l’entreprise.
Electra conçoit donc des stations de charge pour les véhicules électriques (les hybrides rechargeables ne sont pas éligibles) qui misent, d’après les fondateurs, sur une charge d’une durée de 25 à 30 min. Un temps de recharge rapide qui est permis notamment grâce à l’apport de briques technologiques et d’un parcours utilisateur optimisé. La startup propose ainsi plusieurs features comme la possibilité de réserver sa borne à l’avance pour être sûr d’avoir de la place.
Elle assure également une optimisation de la charge en fonction des véhicules grâce à un processus appelé Load-Balancing qui permet de distribuer une puissance de charge optimisée pour chaque véhicule. Concrètement, une Renault Zoé et une Peugeot 208, par exemple, n’ont pas la même puissance de charge (50 kW pour l’une et 100 kW pour l’autre). La borne Electra, qui peut délivrer 150 kW, va donc orienter 2/3 de sa puissance vers la 208 et le tiers restant vers la Renault Zoé au lieu de diviser la charge en 2.
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Un développement rapide qui cible aussi les professionnels
Les stations de recharge sont ouvertes 24h/24, et sont utilisables via l’application Electra. Julien Belliato précise que « le positionnement urbain d’Electra fait que les stations seront avant tout utilisées par les personnes qui se déplacent en ville et qui n’ont pas de solutions de recharge à la maison, ainsi que par les professionnels« . La startup vise ainsi les VTC et taxis en s’appuyant sur des changements déjà à l’oeuvre dans la profession. Uber, par exemple, prévoit la fin des véhicules diesel sur son application d’ici 2024.
Pour le moment, la startup a ouvert deux stations au public, l’une à Aubervillliers et l’autre à Beaune, et compte en installer une douzaine d’autres avant l’été, et une cinquantaine avant la fin de l’année 2022. Les fondateurs ambitionnent de faire d’Electra « un pure player champion de la recharge en Europe, en ayant 150 stations d’ouvertes en 2023, puis 1 500 ouvertes au niveau européen en 2030« .
Pour accélérer le déploiement de ses stations, Electra s’appuie sur une levée de fonds de 15 millions d’euros réalisée en juin 2021 ainsi que sur une seconde levée record de 160 millions d’euros réalisées en juin 2022, rejoignant les nombreuses levées des startups françaises de la mobilité. Ces fonds permettront notamment à l’entreprise de continuer à mettre en place des conventions d’occupation des territoires, afin de construire des stations, mais également à les entretenir, puisqu’ouvrir une station de charge coûte à l’entreprise entre 300 000 et 600 000 euros. Son objectif ? Objectif : Déployer 300 points de charge disponibles à fin 2022, 600 à fin 2023 et plus de 8 000 à horizon 2030.
Pour cette raison, l’équipe d’Electra cherche à investir dans des stations dont l’emplacement est stratégique. Elle s’adresse notamment aux CHR, aux centres commerciaux, aux hôpitaux et centres de santé ainsi qu’aux promoteurs immobiliers afin de leur proposer d’héberger leurs bornes de recharge en échange d’un loyer. Une manière pour ces professionnels de se mettre en conformité avec la LOM et d’accélérer le développement de l’électromobilité en France. La startup annonce notamment des partenariats avec AccorInvest, Altarea Commerce, Indigo, Louvre Hotels Group, Primonial REIM France ou encore le Groupe Chopard.
Au 31 décembre 2021, la France comptait 53 667 points de charge de véhicules électriques ouverts au public et 612 000 bornes installées dans des parcs privés. L’objectif fixé par le gouvernement est d’atteindre les 100 000 bornes accessibles au public le plus rapidement possible.