Un centre de formation pour futurs experts de la filière batterie, un centre d’innovation pour développer les batteries électriques de demain et une « Gigafactory » capable de produire des batteries lithium-ion pour équiper 300 000 véhicules électriques : face à la montée des enjeux climatiques liés à l’industrie de la mobilité, l’entreprise Verkor affiche de grandes ambitions dans le domaine de l’électromobilité et répond à une ambition de l’Union Européenne de s’affranchir de la domination chinoise en la matière.

Le sujet n’est pas neutre car l’Europe possède historiquement une grande industrie automobile qui se retrouve en difficulté par rapport à la transition écologique et qui ne semble pas avoir pleinement anticipé les mutations à venir du secteur. D’ici 2030, 90 % de la demande en batteries électriques viendra de l’industrie automobile. Et pourtant, la Chine produit aujourd’hui près de 75% de toutes les batteries au lithium du monde contre seulement 6% pour le continent européen.

Un retard qui va d’ailleurs coûter cher : la Commission européenne estime que le marché européen des batteries nécessitera plus de 250 milliards d’euros d’investissement à horizon 2025. L’UE met donc les bouchées doubles pour tenter de combler son retard et les projets d’usines se multiplient sur le continent, parfois en partenariat avec des acteurs étrangers comme Tesla, et parfois avec de jeunes acteurs locaux comme c’est le cas en France avec Verkor.

Lire aussi : la voiture électrique, une vraie solution pour la mobilité de demain ?


Fondée en juillet 2020, et basée à Grenoble, cette « startup » de la mobilité électrique bénéficie du soutien de nombreux industriels pour l’accompagner dans son développement. Elle compte ainsi parmi ses investisseurs l’EIT InnoEnergy, le Groupe IDEC, Schneider Electric, Capgemini, le groupe Renault (qui détient 20% du capital), mais aussi EQT Ventures, Arkema, Tokai COBEX, Demeter ou encore les entreprises Sibanye-Stillwater et Plastic Omnium.

Des soutiens de poids pour permettre un développement rapide de l’entreprise. Ainsi, en juillet 2021, un an après sa création, Verkor avait annoncé une levée de fonds de 100M€ pour lancer la construction d’une ligne pilote de production à Grenoble. En février de cette année, elle a annoncé la construction de sa première « gigafactory » à Dunkerque. En Août, elle annonçait le lancement d’une « école de la batterie » avec 11 autres partenaires. Et en ce mois de Novembre 2022, c’est une nouvelle levée de fonds de 250M€ que le groupe annonce pour construire son centre d’innovation.

Un développement rapide, donc, qui répond aussi à une urgence puisque l’UE a réaffirmé son objectif de commercialiser 100% de véhicules zéro-émission en 2035.

Lire aussi : 2022, une année faste en Europe pour les investissements dans les startups de la mobilité

Projet de « Gigafactory » pour batteries lithium-ium développé par Verkor


Former 400 000 personnes en 10 ans

La fabrication de batteries électriques jouera un rôle indispensable pour répondre au besoin d’électrification des véhicules de demain. Mais cela nécessite une maîtrise industrielle que nous n’avons pas encore sur le territoire. C’est l’enjeu de « l’école de la batterie » portée par Verkor et 11 autres acteurs, dont l’Académie européenne de la batterie (EBA), puisque la filière estime qu’il faudra former chaque année 40 000 personnes pour assurer à la France un véritable rôle de leader dans ce domaine.

Du CAP au doctorat, plus de 70 formations initiales nouvelles ou adaptées seront proposées par ces acteurs pour former les futurs experts de la batterie lithium-ion. L’école de la batterie portée par Verkor devrait ainsi participer à la formation de 1 600 personnes chaque année aux métiers de la production, de l’ingénierie, du génie industriel, des bureaux d’études dans les champs de l’électrochimie, de la thermique, de la mécanique ou du management d’équipe.

Une brique essentielle à la réussite de l’électrification du parc automobile qui viendra compléter le centre d’innovation de l’entreprise et pour lequel elle vient de lever des fonds. Situé à Grenoble, il s’agira d’un bâtiment de 15 000 m2 comprenant un laboratoire de R&D pour la conception de batteries performantes, une ligne pilote intelligente d’une capacité de 150 MWh/an et un centre de formation pour répondre au besoin croissant de main-d’œuvre spécialisée dans le secteur des batteries.

Les équipes de Verkor se concentrent désormais sur l’obtention de financements pour construire leur première usine, avec une production ciblée de 16 GWh/an, dans le port de Dunkerque. Ce nouvel investissement sur le sol français, dont l’approbation est prévue au premier trimestre 2023, devrait avoisiner 1,5 milliard d’euros et créera environ 1 200 emplois directs.

À lire également