La France est actuellement le 3ème producteur européen d’emballages derrière l’Allemagne et l’Italie, avec environ 13% du volume produit en Europe. Un secteur d’activité dont le chiffre d’affaires était de 18,3 milliards d’euros en 2019, selon l’INSEE. Et au sein de ce secteur, ce sont les emballages en plastiques qui représentent la filière la plus rémunératrice (38% des ventes) devant les emballages en papier-carton et les emballages en verre. On estime ainsi que 58% des emballages utilisés en France sont réalisés à partir de matières plastiques.

Face à la pollution liée au plastique – de l’extraction du pétrole à leur fin de vie – l’urgence écologique appelle donc à repenser la manière dont nous concevons nos emballages. À titre d’exemple, selon Citeo, sur les 1,1 million de tonnes d’emballages en plastique mises sur le marché chaque année en France, seuls 29% sont recyclés. Le reste termine donc sa course dans la nature ou à l’incinération. À l’échelle mondiale, le constat est encore plus sidérant : on estime que l’équivalent d’un camion-poubelle rempli de plastique se retrouve chaque minute dans les océans, avec des conséquences néfastes majeures sur la biodiversité.

En France, la loi AGEC prévoit la fin de la mise sur le marché des emballages en plastique à usage unique d’ici 2040 avec un calendrier progressif. Par exemple, depuis le 1er janvier 2022, il n’est logiquement plus possible de commercialiser des fruits et légumes frais et non transformés sous emballages plastiques. Derrière, de nombreux acteurs travaillent activement sur des solutions innovantes pour créer les emballages de demain ou pour améliorer la conception et la fin de vie plastiques existants. Un contexte dans lequel s’intègre désormais l’école AgroParisTech avec le lancement de la chaire CoPack, dédiée à « la co-construction des emballages responsables ».

Lire aussi : Bibak, pour favoriser réemploi des emballages de la restauration en entreprise


Fédérer les acteurs de la filière des emballages alimentaires

A la recherche d’alternatives communes pour la consommation de demain, cette chaire de recherche se focalise sur la thématique de l’emballage alimentaire et de son cycle de vie afin d’imaginer et de porter des solutions pour des emballages responsables. Lancée pour 5 années, elle entend travailler sur 3 grands axes : des solutions d’emballages alimentaires à moindre empreinte environnementale ; des solutions techniques permettant de s’adapter aux nouveaux modes de distribution et de consommation sans externalités négatives sur la qualité et l’intégrité des aliments ; et enfin sur le développement d’outils communs pour permettre aux acteurs de la filière d’interagir.

Alimentée par une dynamique de partage d’expertises et de travaux collaboratifs, CoPack cherche ainsi à mobiliser tous les acteurs de la filière de l’emballage alimentaire allant des fabricants de matières premières aux consommateurs, en passant par les divers services publics. Au-delà de son partenaire académique, AgroParisTech, elle s’appuie également sur des partenaires et mécènes tels que le Club Bio-plastiques, le Sytcom, l’Ania, l’éco-organisme Léko, mais aussi Véolia ou encore l’ONG Le Gret et le Labo de l’ESS.

Depuis octobre 2021, 4 projets opérationnels ont été officiellement sélectionnés. Ils concernent les différents modes de recyclage notamment le recyclage organique par compostage ou méthanisation ; l’optimisation du réemploi dans le cadre des circuits logistiques ; l’éco-conception d’alternatives aux emballages non-recyclables et enfin l’optimisation du tri des biodéchets et des déchets d’emballages.

Lire aussi : ces entreprises qui améliorent le tri et le recyclage


Entre technologie et sobriété, l’économie circulaire cherche sa voie

L’économie circulaire est un terreau fertile, en France, pour l’innovation et compte déjà de très nombreux acteurs qui travaillent sur des alternatives aux emballages plastiques, à l’amélioration du tri et du recyclage ou encore à l’éco-conception des emballages. C’est par exemple le cas de Lactips, une startup prometteuse qui travaille à l’élaboration d’un plastique biosourcé et hydrosoluble à base de caséine de lait. C’est aussi le cas des startups Eranova et Algopack qui se concentrent sur des emballages fabriquées à base d’algues.

Côté recyclage chimique, la France possède également une initiative intéressante développée par Carbios, qui travaille sur une enzyme capable de « dévorer » le PET, l’une des matières les plus difficiles à recycler aujourd’hui. D’autres initiatives existent également en faveur du réemploi des emballages, mais aussi sur la création de technologies qui permettent d’améliorer le tri et le recyclage, à l’image de ce que propose la jeune startup Lixo.

Néanmoins, toutes ces avancées restent encore imparfaites et nécessitent parfois des opérations complexes pour assurer leur efficacité. Il est donc primordial, en parallèle, de se concentrer aussi sur notre manière de consommer et sur une réduction drastique de notre utilisation d’emballages. Il y a aussi de multiples initiatives à ce sujet, comme les systèmes de consigne pour réemploi ou encore le développement de la vente en vrac, une tendance qui, d’après le réseau vrac, est désormais « entré dans les habitudes régulières de 5,4 millions de foyers français« .

À lire également sur le sujet