La mode est souvent pointée du doigt comme étant l’une des industries les plus polluantes au monde. Et pour cause, en 2019, l’industrie de la mode était responsable de 10% des émissions de CO2 et de l’utilisation de 4% des réserves d’eau mondiales.

Face à ce constat, certains consommateurs se tournent désormais vers la mode de seconde main pour ne plus contribuer à la destruction de l’environnement opérée par cette industrie. Cependant, si s’inscrire dans une démarche circulaire suppose bien évidemment de revoir nos mode de consommation, une véritable circularité n’est possible que si les entreprises revoient elles aussi leurs modes de production.

C’est pour s’inscrire dans cette démarche que Laure Babin a crée en 2020 la marque Zèta, une marque de chaussures fabriquées à partir de résidus viticoles, produites en circuit-court et pouvant être recyclées en fin de vie.

Des baskets qui valorisent les déchets viticoles, mais pas que

Pour s’inscrire dans une démarche d’économie circulaire, Laure Badin a fait le choix de réutiliser des matériaux en fin de vie afin de ne pas avoir à générer de déchets supplémentaires. En favorisant le local, cette bordelaise de 23 ans s’est donc tournée vers naturellement vers la production viticole. En effet, lors des vendanges, le jus du raisin est extrait pour procéder à la vinification. La peau, les pépins et autres résidus ne sont donc pas valorisés dans cette production.

Ainsi, chaque année se sont 850 millions de tonnes de marc de raisin qui sont produits lors des vendanges. Zèta a donc fait le choix de récupérer une partie de ce marc de raisin pour en faire des chaussures grâce à un procédé particulier qui permet de créer un faux cuir végan.

Pour le reste, la startup utilise aussi d’autres déchets comme matière première : les semelles sont faites à partir de bouchons de liège recyclés alors que les lacets et la doublure intérieure sont composés à partir de bouteilles en plastiques repêchées dans la mer Méditerranée, à l’image de ce que proposent de plus en plus de marques, comme par exemple la pépite nantaise Ankore.

Les pré-commandes des chaussures Zèta, amorcées via une campagne Ulule en 2020, ont déjà permis de recycler 8 049 kg de déchets.

Limiter au maximum l’impact écologique de la marque

Chaque année, ce sont 23 milliards de paires de chaussures qui sont fabriquées en France. Or, moins de 20% de nos chaussures et vêtements sont recyclés alors que l’industrie textile française produit chaque année 600 000 tonnes de déchets textiles.

Ainsi, puisqu’utiliser des déchets pour en produire d’autres n’a pas de sens, Zèta propose aussi de recycler gratuitement ses paires de chaussures en fin de vie grâce à son partenaire, Gebetex, qui transforme ces dernières en combustible. Elle supprime aussi de son modèle les œillets et étiquettes pour proposer des baskets 100% zéro déchet.

De plus, aujourd’hui, 95% de la production mondiale de baskets est réalisée en Asie, pays où les normes anti-pollution sont parfois floues et où le transport des chaussures une fois conçues vers la France génère de lourdes émissions CO2. Pour prendre le contre-pied de ce modèle, Zèta met en place une production en circuit court afin d’avoir l’impact environnemental le plus faible possible.

Ainsi, les chaussures sont dessinées à Bordeaux puis assemblées à la main dans la région de Porto. Après avoir crée le buzz cet été en annonçant son projet et en réussissant une belle campagne de pré-ventes sur Ulule, la jeune marque vient de mettre en ligne son site e-commerce avec comme objectif de s’inscrire durablement dans le paysage de ces jeunes marques françaises engagées dans une mode responsable. La prochaine étape sera désormais d’utiliser des éléments issus des vignobles bordelais pour concevoir un prochain modèle de baskets.

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